Cette chimère est si convaincante que même des libéraux comme Hayek y ont prêté une oreille complaisante. Il est vrai que que ce serait une simplification du maquis de privilèges actuels (à condition que ça ne vienne pas en plus de ce qui existe), et son universalité la rendrait « juste ».
Mais.
Il n’est pas seulement question de la survie à laquelle l’esprit d’entraide humain accorde tant d’importance, mais bien d’assurer des conditions « dignes » de vie. Ah.... digne... le même mot que dans « s’indigner ». Bref le nez du Bien. Coucou.
Et là, c’est pousser mémère dans les orties.
Je laisse la parole au camarade Proudhon.
« Qui ne voit d’abord que le droit à l’assistance, garanti par le gouvernement à
défaut de travail, est la même que le droit au travail, travesti sous une
formule d’égoïsme ? C’est EN HAINE du droit au travail qu’a été accordé le droit à
l’assistance, c’est comme rachat de la rente, comme rançon de la propriété, que le
Gouvernement s’est obligé à réorganiser la charité publique. Or, pour tout homme
qui a le sens de la logique et du droit, qui connaît la manière dont s’exécutent les
obligations entre les hommes, il est évident que le droit à l’assistance, également
odieux à ceux qui en jouissent et à ceux qui l’acquittent, ne peut entrer, au moins en
cette forme, dans les institutions d’une société, par conséquent, qu’il ne peut faire
l’objet d’un mandat du Peuple souverain au gouvernement (
... ) qui fera les fonds de l’assistance ? les propriétaires ? 200 millions n y suffiront pas .. il faudra donc créer de nouveaux impôts, écraser la propriété pour fournir une subvention au proléta-
riat. Organisera-t-on un système de retenue sur les salaires ? Alors, ce n’est plus l’Etat, ce ne sont plus les propriétaires et les capitalistes qui assistent .. ce sont les
travailleurs qui s’assistent les uns les autres : l’ouvrier qui travaille paye pour celui
qui ne travaille pas, le bon pour le mauvais, l’économe pour le prodigue et le
débauché. Dans tous les cas, l’assistance devient une retraite pour l’inconduite, une prime à la paresse : c’est le contrefort de la mendicité, la providence de la misère. Le paupérisme devient ainsi chose constitutionnelle .. c’est une fonction sociale, un
métier consacré par la loi, payé, encouragé, multiplié. La taxe des pauvres est un
argument au désordre, contre les caisses d’épargne, caisses de retraites, tontines, etc.
Pendant que vous moralisez. le peuple par vos institutions de prévoyance et de crédit,
vous le démoralisez. par l’assistance. »
Proudhon, Les Confessions d’un révolutionnaire, 1853, pp. 224/5
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