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Fabien 09 Crazy Horse 7 janvier 2011 15:22

Je m’intéresse de près au projet Venus et tes critiques sont les bienvenues.

Je voudrais réagir sur le passage où tu évoques la civilisation comme cause des déséquilibres et où tu cites Mr. Smith dans Matrix.

Je ne partage pas cette vision du bon sauvage et de l’animal sage qui contribuent à l’équilibre de leur environnement, car mes lectures me poussent à avoir une autre vision de la nature - que je ne chéris pas moins pour autant.

Le monde animal - et que dire du monde végétal - est un monde impitoyable gouverné par l’individualisme, l’égoïsme et l’ignorance. Les espèces sont en lutte permanente les unes contre les autres pour posséder les territoires et leurs ressources. Lorsqu’une espèce a un avantage majeur sur les autres, elle prend le dessus et cela peut aller jusqu’à l’élimination pure et simple des autres espèces. Croyez-vous, par exemple, qu’une lionne se contenterait d’un bébé buffle arraché au troupeau au prix d’efforts énormes si elle avait les moyens d’abattre tout le troupeau à coup de fusil et de stocker la viande dans un congélateur ?

Concernant la démographie, on distingue deux stratégies : la première concerne les prédateurs et consiste en une régulation des naissances proportionnelle aux ressources - proies - disponibles. On pourrait voir une forme de sagesse dans une telle stratégie, puisqu’elle est basée sur une estimation des ressources disponibles. Mais la réalité, c’est que ce sont les conditions naturelles qui contraignent les prédateurs à adopter cette stratégie. D’ailleurs on observe un phénomène très intéressants chez les chats et dans certaines régions avec les loups : ces prédateurs, grâce à l’abondance qu’amènent les activités humaines, se mettent à se multiplier dans des proportions inédites. Pourquoi ? Simplement parce que tout à coup, il y a plein de bouffe facile à consommer, soit que les grands-mères gagas soient particulièrement généreuses, soit que les éleveurs aient oublier comment protéger leurs bêtes des animaux sauvages.

Une autre stratégie de reproduction est celle qu’adoptent la plupart des herbivores. Elle consiste à faire le plus de petits possible quelle que soit l’état des ressources. Une façon pertinente de garantir la survie de son espèce lorsqu’on est tout en bas ou presque de la chaîne alimentaire. C’est cette stratégie reproductive naturelle qui permet la pullulation de certaines espèces lorsqu’un prédateur disparait, par exemple. L’expérience prouve que ça n’est pas parce que tout d’un coup la pression de l’environnement se fait moins forte que ces espèces ont la « sagesse » de ralentir leur croissance. Tout se passe comme si au contraire elles en profitaient pour « envahir » l’espace, et surexploiter les ressources, quitte à provoquer leur propre disparition.

Je crois donc que l’accumulation, la propriété, le vol, le meurtre... découlent directement de la condition animale. On ne peut en vouloir aux animaux pour cela, et on peut continuer à s’émerveiller devant la nature sans remords. Les animaux ne se prennent pas la tête avec des considérations éthiques, avec des questions existentielles complexes, ni avec des calculs compliqués destinés à anticiper l’avenir. Leur intelligence est une intelligence pragmatique de situation, une vision à court terme. Ils n’ont pas les moyens de faire autrement, c’est la nature qui les a faits ainsi.

J’ai fait ces petits détours qui demanderaient à être développés pour en venir à cette hypothèse : et si, loin d’être civilisé, l’homme moderne était au contraire toujours mu par son animalité ? Et si c’était justement cela qui en faisait une sorte de virus ? L’homme est au sommet de la chaîne alimentaire, il bénéficie d’avantages incommensurables sur toutes les autres espèces, grâce au langage et aux capacités d’abstraction qui en découlent et qui l’amènent à créer des outils toujours plus perfectionnés pour maîtriser son environnement, pour le dominer, et ce au prix de moins en moins d’efforts - grâce à la maîtrise de l’énergie.

Je crois que le problème n’est pas la technologie « en soi », ni l’agriculture, ni la sédentarité et ses villes. Je crois que le problème c’est que l’Homme ne s’est toujours pas élevé « au-dessus » de sa condition animale, et qu’il se comporte comme le ferait n’importe quel autre animal à sa place.

Ainsi je pense que c’est la civilisation - dans l’idéal - qui est censée permettre aux êtres-humains d’élever leur niveau de conscience au-delà des limitations de la chair - sans la négliger pour autant - afin de devenir véritablement « les gardiens de la Terre », ou quelque chose comme ça...


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