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digya (---.---.126.229) 8 avril 2006 09:41

qui veut noyer son chien l’accuse de la rage. mais d’abord il faut lui limer les dents et les griffes, l’affamer et l’empêcher d’exercer son métier. c’est plus sûr : on pourra se plaindre qu’il est mauvais chien.

1- depuis cinq ans, en même temps qu’on claironnait des plans de résorption du chômage, l’Etat a supprimé pratiquement tous les moyens d’intervention à la main des conseillers ANPE : stages sur mesure comme les SIFE individuels et collectifs/individuels, SAE, j’en passe. Bien sûr ils étaient sous-utilisés : les enveloppes n’avaient jamais été réévaluées et les prix d’intervention étaient devenus ridiculement bas, de plus leur mise en oeuvre nécessite un peu de temps, que les conseillers n’ont plus : la RTT s’est opérée à effectif constant, et on sous-évalue systématique les temps de traitement et les besoins en renforts à chaque nouvelle tâche empilée sur les autres.

2- vive le libéralisme ! l’ANPE vit de l’argent du contribuable, certes. Mais les agences de placement privées, qui les rémunère ? Le contribuable aussi, et le cotisant ASSEDIC, donc vous. Le suivi d’un chômeur coûte 14 à 20 fois plus à l’UNEDIC s’il est réalisé par une agence privée : l’UNEDIC débourse 237,26 euros par chômeur suivi par l’ANPE et 3600 à 5000 euros pour un suivi par un sous-traitant. Et pour un résultat que les études réalisées avouent guère plus probant. Tiens, une différence : un patron paie des impôts sur ses revenus mais c’est son entreprise, pas lui personnellement, qui paie des cotisations ASSEDIC. Serait-ce la raison pour laquelle les patrons préfèrent financer l’aide au placement sur les fonds ASSEDIC plutôt que par l’impôt ?

3- IL MANQUE DES MILLIONS D’EMPLOIS EN FRANCE. Une réalité que les politiques veulent ignorer mais qui s’impose. Au lieu de ça, on tam-tame sur le thème des « offres d’emploi non pourvues » qui seraient entre 200 000 et 500 000. Sachant que 5 à 6 millions de personnes sont sans emploi ou en situation de sous-emploi, à supposer que l’on trouve le moyen miraculeux de satisfaire ces supposées 500 000 offres ET QU’ELLES SOIENT TOUTES DES CDI A PLEIN TEMPS, il resterait encore 4,5 millions de DEMANDES D’EMPLOI NON SATISFAITES. L’ANPE est-elle en mesure de créer des emplois ? Poser la question c’est y répondre. Les cabinets privés non plus, mais ils ont l’avantage de permettre à des chefs d’entreprise de générer du profit. Alors qu’un service public, lui, ne fabrique pas de bénéfice et n’est pas coté en Bourse. Tare majeure !

4- et j’en finirai ici, je suis surprise qu’on veuille toujours que les salariés « s’adaptent » au marché du travail (formation, flexibilité, mobilité) et qu’on exonère les entreprises de toute prise en compte des réalités dudit marché. Aujourd’hui les entreprises veulent toutes des salariés qualifiés, expérimentés, performants, de bonne humeur, physiquement agréables et PAS CHERS. C’est la raison pour laquelle sont exclus du marché du travail les jeunes (considérés comme pas expérimentés, pas immédiatement opérationnels), les femmes (pas disponibles parce qu’elles font des enfants et s’en occupent), les quinquas (trop chers et moins souples parce qu’ils ont roulé leur bosse) et tant d’autres. Tout se passe comme si les entreprises cherchaient le « candidat charmant » comme une jeune fille le « prince charmant » et, faute de le trouver, préfèrent accuser le monde environnant plutôt que de revoir leurs idéaux à la baisse. Quand une PME -exemple vécu- recherche un soudeur qualifié et expérimenté pour un CDD de trois mois rémunéré au SMIC « et plus si affinités », ELLE NE LE TROUVE PAS parce qu’on ne forme plus assez de soudeurs et que ceux qui correspondent au profil trouvent des CDI avec une rémunération digne de ce nom. L’ANPE va tenter de proposer des gens moins qualifiés, que l’entreprise pourrait former et faire monter en qualification. Non : l’incapable en l’espèce, c’est l’ANPE (et au passage les chômeurs qui « ne veulent pas travailler », c’est bien connu), incapable de trouver un mouton à sept pattes parmi les « trois millions de chômeurs grassement entretenus » (rappelons que plus de la moitié des chômeurs ne sont pas indemnisés), etc.

Bien sûr il y a des conseillers qui font mal leur boulot. Vous en connaissez, vous, des collectifs de travail, des entreprises, où TOUT LE MONDE bosse TOUJOURS TRES BIEN ? J’ai bossé dans le privé et j’y ai trouvé aussi des incapables et des glandeurs. Mais l’immense majorité des conseillers s’efforcent de faire leur boulot correctement ou très bien. Parfois en enfreignant les consignes. En quatorze ans, je n’ai jamais radié sur demande de ma hiérarchie. J’ai proposé des radiations, oui : il y a aussi des chômeurs qui abusent. Autant que de patrons qui abusent, ou de conseillers ANPE, ou de facteurs, de curés, de boulangers, etc.

Vous avez compris que je suis conseillère à l’ANPE, pas flic (si j’avais voulu être flic j’aurais passé le concours de flic, pas celui de l’ANPE) mais pas non plus mouton. Je suis syndicaliste, pas à Sud comme Fabienne Brutus mais syndicaliste. Et je suis navrée de voir les principales victimes d’une société qui tourne de travers, prôner des recettes qui sont précisément faites pour les broyer !

Ne vous en faites pas pour moi, si l’ANPE ferme, je retrouverai un job... peut-être dans un cabinet privé, où je serai bien mieux payée. Toujours avec votre argent, via l’UNEDIC. Mais beaucoup plus cher.


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