M. Rajwiya si on commence à s’envoyer des dictionnaires à la figure pour rectifier l’orthographe de mots d’un usage rarissime, on n’en a pas fini. Surtout quand on écrit dans la foulée « correctemen » en omettant le « t » final, comme vous l’avez fait... Bien sûr il serait stupide de faire remonter la notion d’assassinat à la secte ismaélienne du Vieux de la Montagne. Mais il ne serait pas vain de réfléchir à la méthodologie terroriste qu’il a mise en place pour lutter contre un pouvoir musulman qu’il jugeait indécent (pouvoir citadin contre pouvoir rural, semblable à l’opposition Kharijide (excusez l’orthographe...) qui a secoué le Maghreb aux premiers siècles de la pénétration de l’islam dans ces territoires). Il serait sans doute tout aussi intéressant de s’interroger sur la fascination qu’ont éprouvée ses télamides pour des récompenses éternelles qui, de nos jours, continuent d’inspirer certains cerveaux fragiles qui veulent y goûter un peu plus vite que les autres.
Vous dites : « RESTE LES ATTENTATS DE LONDRES ET DE MADRID ». Alors là, je tombe carrément des nues. Et Casablanca ? Il ne s’est donc rien passé pour vous à Casablanca ? Pas plus qu’à Asni, quelques mois plus tôt. Auriez-vous le terrorisme sélectif ? Et après ça, vous allez donner à l’Occident des leçons de juste équilibre ? Vous ne vous foutez pas un peu de notre gueule ? Vous admettez un « double langage des musulmans et du tiers-monde » pour aussitôt en reporter la faute sur le monde occidental qui, c’est le moins que l’on puisse dire, vous permet de vous exprimer dans des conditions de liberté que peu de musulmans connaissent. Ne serait-ce pas plutôt cette situation d’intolérance intestine qui oblige certains d’entre eux à ce double langage ? Quand donc répondrez-vous à la question de savoir si la situation que connaît la Palestine depuis 50 ans du fait d’une occupation criminelle, justifie la pose de bombes dans le métro londonien ou madrilène, dans les restaurants de Casa ou aux terrasses de café de Tel Aviv ? Le terrorisme, on a beau tourner la question dans tous les sens, c’est avant tout la mort des innocents. Regardez un instant la gueule d’ange du dernier volontaire qui s’est fait exploser en Israël. Quelle justification trouvez-vous à son geste ? Et le portrait des victimes, est-ce que vous pourriez le regarder en face en vous disant « ils l’ont bien cherché ».
Vous dites que « les musulmans subissent l’injustice occidentale quotidiennement et dans tous les domaines ». Est-ce pour le prix du gaz algérien que la France a accepté de payer pendant longtemps à un cours supérieur à celui du marché ? Est-ce pour avoir sauvé Arafat des bombes, quand tous les chefs d’Etat arabes priaient Allah pour sa disparition ? Est-ce pour le soutien apporté par l’ancienne puissance coloniale à la plupart des manifestations culturelles qui se déroulent au Maghreb, et ce en prenant grand soin d’éviter tous les sujets qui fâchent ? Est-ce pour les expositions (on ne les comptent plus) qui, dans l’Hexagone, magnifient la culture musulmane ? Est-ce pour la place de plus en plus importante que prend la musique arabe dans la consommation culturelle du Gaulois-moyen et plus ou moins de souche ?
Il y a peu l’Occident pouvait s’enorgueillir d’avoir formé une cohorte d’orientalistes réputés (dont J. Berque et L. Massignon comptent parmi les meilleurs représentants) mais il semble qu’on doive déplorer aujourd’hui une désaffection des étudiants de nos campus pour de telles recherches. Allons-nous faire comme vous et dire que c’est la faute des autres, de tous ces fanatiques qui salissent leur histoire et leur culture et qui, de ce fait, maintiennent l’étranger hors de leur zone d’influence ? On peut trouver quelques arguments à le faire, tant il est vrai qu’aujourd’hui ceux qui s’intéressent au monde arabe risquent d’être rapidement happé par les aspect totalitaires et coercitifs de son idéologie quand elle est mal digérée. Alors inversons le problème et posons nous la question de savoir pourquoi, au lieu de nous envoyer M. Ramadam, le moratoirien, l’Orient ne formerait-il pas quelques Occidentalistes de bon ton qui donneraient à nos étudiants l’envie d’aller musarder à nouveau dans les jardins parfumés de l’islam.
Quant à votre interrogation faussement ingénue de savoir « si une seule nation musulmane eût été en mesure militairement de s’opposer au militarisme occidental, l’islamisme ne serait jamais apparu », je me permets de vous rafraîchir la mémoire sur les origines du wahhabisme. C’est au milieu du XVIIIème que l’on peut situer son apparition dans une Arabie pas encore Saoudite. Son fondateur, Mohamed Eben Andelwahhah (excusez l’orthographe...), tenait à ce que ses adeptes se fassent appeler « Partisans de l’Unité de Dieu », terme déjà utilisé par Ibn Toumert, idéologue maghrébin qui, en son temps, avait été à l’origine du renversement plutôt sanglant de la dynastie Almoravide, au profit des gens de la vallée de Tinmel, dans le Haut Atlas marocain (peut-être déjà une histoire de Fou de la Montagne). Concernant l’idéologie mise en place par ce subtil « réformateur » de la péninsule arabique, je cite Robert Montagne parlant à juste titre de « théocratie bédouine » : « Abdelwahhab le théologien, soutenu par les Al Séoud, prêchait la destruction des arbres sacrés et de toutes les idoles du même genre, l’abandon des excitants et du tabac, l’interdiction du port de vêtements de luxe et des bijoux d’or, la démolition des tombes des saints et une guerre impitoyable contre ceux qui n’accepteraient pas ce programme de lutte contre les hérétiques ».
Tous ces braves gens n’ont donc pas attendu l’arrivée des méchants Occidentaux pour devenir « islamistes », au sens où nous l’entendons aujourd’hui. A l’époque Abdelwahhab eut plutôt à lutter contre les Turcs... Bien sûr, la destruction du premier empire wahhabite doit quelque peu à la présence d’instructeurs français de l’empire napoléonien venus aider l’Egypto-turc Mehemet Ali et son fils adoptif Ibrahim Pacha à chasser les wahhabites de Médine puis de La Mecque. Mais est-ce une raison suffisante pour continuer de nous en vouloir aussi radicalement, deux cents ans plus tard ? Patrick Adam
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