Chanoine SUITE chez Ben Oille IT
Je veux évoquer parmi vous ce soir la figure du cardinal Jean-Marie
LUSTIGER qui nous a quittés cet été. Je veux dire que son rayonnement et
son influence ont eux aussi
très largement dépassé les frontières de la
France. J’ai tenu à participer à ses obsèques car aucun Français, je
l’affirme, n’est resté indifférent au
témoignage de sa vie, à la force de ses écrits,
et permettez-moi de le dire, au mystère de sa conversion. Pour moi et
pour tous les catholiques, sa disparition a
représenté une grande peine. Debout à côté de
son cercueil, j’ai vu défiler ses frères dans l’épiscopat et les
nombreux prêtres de son diocèse, et j’ai été
touché par l’émotion qui se lisait sur le visage
de chacun.
Cette profondeur de l’inscription du
christianisme dans notre histoire et dans notre culture se manifeste ici
à Rome par la présence jamais interrompue de Français au
sein de la Curie et aux responsabilités les plus
éminentes. Je veux saluer ce soir le cardinal ETCHEGARAY, le cardinal
POUPARD, le cardinal TAURAN, Monseigneur MAMBERTI,
dont l’action, je n’hésite pas à le dire, honore
la France.
Les racines chrétiennes de la France sont aussi
visibles dans ces symboles que sont les Pieux établissements, la messe
annuelle de la Sainte-Lucie et celle de la chapelle
Sainte-Pétronille. Et il y a, bien sûr, cette
tradition qui fait du Président de la République française le chanoine
d’honneur de Saint-Jean de Latran.
Saint-Jean-de-Latran, ce n’est pas rien, tout de
même : c’est la cathédrale du pape, c’est la « tête et la mère de
toutes les églises de Rome et du monde », c’est une
église chère au cœur des Romains. Que la France
soit liée à l’Église catholique par ce titre symbolique, c’est la trace
de cette histoire commune où le
christianisme a beaucoup compté pour la France
et la France beaucoup compté pour le christianisme ; et c’est donc tout
naturellement, comme le général DE GAULLE, comme Valéry GISCARD d’ESTAING, comme Jacques CHIRAC, que je suis venu m’inscrire avec bonheur dans cette tradition.
Tout autant que le baptême de CLOVIS, la laïcité
est également un fait incontournable dans notre pays. Je sais les
souffrances que sa mise en œuvre a provoquées en
France chez les catholiques, chez les prêtres,
dans les congrégations, avant comme après 1905. Je sais que
l’interprétation de la loi de 1905 comme un texte de liberté,
de tolérance, de neutralité est en partie,
reconnaissons-le, cher Max GALLO, une reconstruction rétrospective du
passé. C’est surtout par leur sacrifice dans les
tranchées de la Grande Guerre, par le partage de
leurs souffrances, que les prêtres et les religieux de France ont
désarmé l’anticléricalisme ; et c’est leur intelligence
commune qui a permis à la France et au
Saint-Siège de dépasser leurs querelles et de rétablir leurs relations.
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération