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easy easy 9 mars 2011 11:39


Ici, on parle des TPE.
Un sondage auprès des grands patrons donnerait très probablement Sarkozy en tête.

L’écart de mentalité, de moyens, d’objectifs, est très grand entre un patron de PME et un grand patron. Le cynisme est consubstantiel de la grande entreprise, elle est conçue pour être cynique alors qu’il n’apparaît dans les PME que si son patron l’est.

Puisqu’en la journée de la femme il est question de sa discrimination au travail, je vais livrer ma propre expérience d’ex patron de TPE où l’on comprendra bien que le cynisme systématique de Sarko ne peut pas plaire.



En tant que patron de TPE (menuiserie, ergonomie, CHR, rénovation, décoration), j’ai toujours pratiqué l’égalité des salaires sans même y penser. Toutes les annonces que je passais dans les journaux étaient ouvertes à tous et à toutes.

Pour conclure un montant de salaire, il y avait deux cas. Soit le montant était proposé par moi et le candidat acceptait ou non, soit c’est lui qui énonçait son prix. Et c’est au moment de cet énoncé que ressortait le fait que les hommes sont vindicatifs, utilisons le mot prétentieux, pendant que les femmes, même quand elles demandent un prix élevé, prennent un ton plus humble.

Les emplois n’étant de toutes manières pas prestigieux, les salaires n’étant de toutes manières pas mirobolants, je n’en voyais que mieux le fait que les candidats, surtout quand ils étaient souchiens, jouaient, lors de l’entretien d’embauche, une partition versant dans la boxe alors que les candidates jouaient le plus souvent d’une partition versant dans la compassion (elles venaient très vite à exposer leurs difficultés matérielles, ce qu’un homme ne fait que rarement). D’emblée elles culpabilisent (mais on peut poser que je sois très vulnérable à la culpabilisation). Certes, elles étaient face à un patron mais je crois que même face à une patronne, les candidates y vont surtout du trémolo. Ce que jamais au grand jamais elle n’avoueront.




Face de plusieurs candidatures pour un même poste, toutes exprimant une misère, explicitement chez les femmes ou implicitement chez les hommes (Rejet de l’immigré, illettrisme, fichage judiciaire, HIV positifs, homosexualité, etc), je sélectionnais, on peut utiliser le mot « discriminais » avec lequel il peut se confondre, selon différents paramètres. D’abord le permis de conduire et l’aptitude à sauver. Dans une petite entreprise, s’il se produit un accident, son issue tragique ou non dépend de l’aptitude d’une poignée de personnes à réagir efficacement. Ma femme étant plus capable que moi de remonter un corps de 30 m de profondeur en apnée (épreuve du brevet de plongée) j’ai toujours intégré le fait qu’une femme peut, sur le terrain du sauvetage, être très efficace (on a vu des hommes être pétrifiés devant un accident). Il y avait aussi l’entregent ; l’urbanité. Je préférais les salariés capables de répondre au téléphone en mon absence et de s’exprimer au nom de l’entreprise en la représentant ou en me représentant bien. Il fallait donc des salariés capables d’aimer mon entreprise, aussi bien en tant que salariés qu’en tant que clients putatifs. Dans ce paramètre de l’urbanité, le physique comptait, je parle à la fois de la forme physique et de la beauté (pour les deux sexes et même pour un poste de plongeur). Il y avait aussi l’expérience des candidats qui comptait. Je vérifiais celle qu’ils annonçaient par un test d’un quart d’heure. Le paramètre de la femme enceinte avec son congé maternité était certes dans un recoin de ma tête (en pesant alors négativement pour le choix d’une femme) mais je me faisais un devoir d’en accepter le risque. Je dis bien le risque. Mot qui choque automatiquement quand on est du côté du futur père ou de la future mère. Il y a donc le risque du congé maternité quand on embauche une femme, mais il y a le risque bien plus courant et grave de l’ivrogneries quand on embauche un homme. Alors que je n’ai jamais eu d’employée enceinte, j’ai eu à faire face à bien des comportements dégradés de la part des hommes. 

Au bilan, les femmes avaient finalement plus de chances que les hommes d’être retenues mais il y a toujours eu plus de candidats que de candidates.

Les femmes sont très sélectives quand elles examinent les annonces. Il ne leur vient pas à l’idée de bosser dans une menuiserie et elles préfèrent les grandes entreprises. Elles vont bien plus volontiers vers un emploi de Blanche Neige chez Disney que vers un emploi de commerciale chez un artisan.

Plus une entreprise est grande, plus elle se sait convoitée par les salariés, plus elle discrimine de manière automatique, rationnelle, froide, efficace. Pour une grande entreprise, les considérations éthiques ou morales ne sont plus portées par un patron mais par une Personne Morale qui échappe toujours à la condamnation morale. Quand une condamnation morale semble frapper une grande entreprise, un ou deux fusibles sautent et l’entreprise reste blanche comme neige. Par le biais de la personne morale qu’est une entreprise, son chef peut jouer d’un double discours. Dans les beaux moments, le PDG exprime ses propres sentiments (Cf. Tapie, Messier...) et dans les moments plus tendus, il se présente en porte-parole de la personne morale qu’est l’entreprise « l’entreprise est là pour faire des profits » « L’entreprise n’a pas d’a priori ».


Intervient le fait que si le patron d’une TPE est bien son unique propriétaire et décideur, le PDG d’une grande entreprise peu n’en être pas du tout propriétaire, et n’en être qu’un super salarié couvert d’or.

Nonobstant qu’il soit ou non propriétaire de la grande entreprise, son PDG va parfois à faire accroire qu’elle tient complètement de lui, qu’elle est une autre forme de lui et parfois à dire que l’entreprise a ses besoins propres, ses désirs propres, et que lui, pauvre patron, n’est là que pour essayer de la servir au mieux.

Ce double jeu se produit aussi en politique. 

Ce double jeu correspond à une réalité car le patron a réellement ces deux visions ou préoccupations en lui. Mais la manipulation se produit dans le fait que face disons aux autres, il choisit opportunément d’exposer exclusivement une casquette plutôt qu’une autre. A l’heure des lauriers le MOI est surexposé, à l’heure des réclamations c’est le ELLE qui est surexposé. 
 

Le patron d’une TPE ne peut pas jouer de cette double casquette et ne peut donc apprécier ni le double jeu des grands patrons, ni le double jeu des politiques et certainement pas le double jeu de Sarkozy.

Tous les politiques, c’est lié à un choix psy profond, tiennent à pouvoir double jouer. Mais de tous les politiques, s’il y en a un qui balance constamment et aussi violemment du MOI JE au MOI PRESIDENT, c’est qui vous savez.


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