On entre bien dans l’étrange complexité de l’humain, easy. Rien n’est plus juste qu’autre chose, sauf l’intention consciente que l’on y met. Je dis bien l’intention consciente, pas le discours qui lui peut cacher une intention très consciente mais peu « morale » et donc cachée au yeux des autres.
Depuis le discours sur l’inconscient je crois que l’on a technicisé la culpabilité. Avant on avait clairement la bible : On ne sert pas dieu et mamon (l’argent). On savait à quoi s’en tenir. Avec l’inconscient tout devient suspect, même l’intention que l’on aurait mais que l’on ne voit pas. « Quand je dis je t’aime, est-ce bien toi que j’aime ? » - exemple qui mérite le détour ne serait-ce que par gout d’une certaine esthétique de la pensée, mais qui met en doute les ancrages sur lesquels nous sommes construits.
Donc (j’y viens...) si l’archangisme cache une cupidité (ce qui était une hypothèse parmi d’autres, pas un absolu à mes yeux), il faut avoir développé une bonne dose de cynisme aujourd’hui pour gouverner et tenir deux langage : celui de la cupidité et celui de l’archange. (Le cynisme étant l’antidote contre l’irréalisme archangélique. Donc étant une médecine.) « Je te sauve parce qu’il y a un business à faire avec ça ».
Et pourquoi pas ? Après tout, le commerce a toujours été synonyme de liberté parce qu’il suppose fondamentalement un contrat, donc deux parties qui peuvent se dire oui ou non. La politique est trop idéologique pour être libératrice. La politique ne respecte pas l’autre. Soit elle domine à 100%, soit elle accepte le clivage démocratique qui explique pourquoi elle ne domine pas à 100%. La démocratie est la frustration permanente des politiciens. Mais le commerce, ou sa forme « donnant-donnant », est un élément de liberté. De tous temps les grandes foires commerciales, ou la route des épices et de la soie, ont été facteurs d’échanges entre civilisations. Donc si un gouvernant archange va sauver la Libye avec une intention cupide cachée, il ne fait plus de politique mais il fait du commerce. Et là il oeuvre pour la liberté.
Il n’y a pas de liberté dans la morale, dans l’idéalisme, dans les bons sentiments, dans l’archange. Il n’y a que contrainte éthique. La liberté réside dans la possibilité d’agir pour une autre raison que la morale. Ce qui est bien dans le commerce est qu’il n’est pas moral : il est contractuel. Donc il permet l’altérité, là où la morale englobe le dominant et le dominé dans un semblant d’unité perverse.
On veut tellement tout moraliser qu’on est en route pour créer un monde de cauchemar. Admettons que les dirigeants ne sont pas meilleurs que nous, mais s’ils sont dirigeants c’est parce qu’ils ne se limitent pas aux contraintes morales. Admettons d’avoir des gouvernants à notre image : menteurs, lâches, cupides, comme nous pouvons l’être individuellement à notre petite mesure. Arrêtons de jouer aux spectateurs du monde et à tirer des fléchettes sur les dirigeants. Remercions-les de ne pas être parfaits. Ouf, sauvés ! Car l’archangisme poussé à l’extrême on sait où cela mène.
Je retiens comme majeure votre phrase, easy :
« (Au fond, il n’y a, en Occident, que les discours exposant un profit personnel qui sont impossibles à tenir) ».
Cette phrase devrait être à la une de tous les médias. Vous l’avez mise entre parenthèse... parenthèse pourtant ô combien signifiante.
Je pense aux chinois que je connais, et aux africains : Très direct concernant leurs profits personnels, sans aucun état d’âme ni pudeur. Il y a à apprendre d’eux. J’en ai fait l’expérience personnelle.
Les discours exposant un profit personnel qui sont impossibles à tenir...
Et si justement c’est ce qui nous manquait ? Si nous les tenions avec plus de liberté, sans nous emblerificoter dans une morale qui nous apprends à nous mentir à nous-mêmes ? Car je pense que l’archangisme, même s’il peut avoir une intention mythique et altruiste, sert aussi à nous nourrir de quelque chose. On gagne toujours quelque chose dans ce qu’on fait : de la valeur, de la considération, une estime de soi, ou une place dans la société, ou de l’argent. On gagne toujours. La vie est échange et entrées + sorties. la vie est un compte (ou un conte) d’exploitation. Même Mère Théresa y gagnait son ciel !
Au fond, et si le discours de gauche, culpabilisant sur l’argent, était ce qui nous empêche d’être libres et d’être tous gagnants ? S’il contribuait à développer au pire une hypocrisie, au mieux un noeud inconscient ?
Et si nous devions enfin accepter le capitalisme, sereinement, pleinement, comme un facteur de liberté parce que gestion de l’argent et de contractualisation des relations ?
Je vais encore me faire vilipender d’écrire cela mais ça n’est pas grave. J’aime penser à l’envers, et puis il faut peut-être bien se donner le droit de penser librement, quelles que soient les conclusions qui en sortiront, et qui ne seront pas forcément intégrables dans le clivage permanent de la pensée franco-européenne.
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