L’écologie, c’est surtout de la lucidité, c’est convenir que les douches à jets ça ne peut pas durer. C’est surtout la fin de la fête.
Or un homme politique, jusque là en tous cas, et dans notre pays, c’est élu pour faire fantasmer ou perdurer le fantasme (Cf Travailler plus pour gagner plus, alors que le mot gagner est infiniment plus constitué de fantasmatique que de réalité absolue)
Alors, sauf dans les pays où le peuple se serait pris une grosse baffe pour avoir trop fantasmé positivement et où il serait alors plus ouvert à la pénitence, un écologiste ne peut pas être élu.
Dans quelques décennies, quand nous en auront vraiment bavé de toutes sortes de fukushimades, oui, nous accepterons un programme frugal.
En attendant, c’est inacceptable et nous n’élirons pas un écologiste.
Alors pourquoi y a-t-il tout le temps des candidats forcément perdants à ces présidentielles ? Parce que c’est notre part du feu, notre obole, notre piécette au moindre.
Il se trouve que chaque électeur n’a droit qu’à un seul bulletin, non sécable. Mais si nous disposions chacun de 100 jetons à placer dans l’urne, nul doute que chacun de nous partagerait ses pièces et en jetterait quelques unes aux candidats mendiants.
Il est d’ailleurs regrettable que dans les élections actuelles, chacun de nous ne puisse pas encore effectuer ce partage (qui équivaudrait, après dépouillement, n’en doutons pas, au résultat partagé actuel). Si chacun de nous effectuait lui-même ce partage, chacun de nous saurait mieux entendre les arguments divers sans se sentir obligé de se positionner de manière radicale et manichéenne en POUR ou en CONTRE.
Au marché, nous n’avons qu’un kilo de raisin à acheter mais il nous plaît d’avoir le choix entre 20 variétés et 40 prix. Pour les élections c’est pareil, nous aimons qu’il y ait 20 candidats. En jeter 19 est plus munificent que de n’en rejeter qu’un seul voire aucun.
Et les candidats forcément perdants savent très bien qu’ils jouent la part du feu, le sacrifice, l’offrande, la pièce au nocher et ce rôle, d’autant qu’il permet plus sûrement de pantoufler, n’est pas sans bénéfices.
Et comme le théâtre de l’homme est très élaboré, fouillé dans ses moindres détails, il nous convient de faire grands débats sur la sélection de ces candidats qui ne seront pourtant jamais élus.
Même la place de dame pipi doit être âprement disputée. Même elle a droit à son napperon de dentelle blanche.
Mais puisque le papier porte sur Nicolas Hulot :
Autant ce serait le meilleur gestionnaire d’un naufrage technique de type Titanic ou Fukushima tant il est polyvalent et de sang froid, autant il a été un des plus grands incitateurs à consommer de la Planète par un des biais les plus superflus qui soient.
Alors que nous en étions à ronger la Planète pour nous alimenter et pour construire notre maison, il nous a incités à la ronger par l’aventurisme mécaniste.
Il y avait certes le Club Med avant lui mais on y allait en charter et une fois sur place, on glandait dans tous les sens du terme, rien de plus. A partir de Hulot, chacun a eu envie de monter son expédition. Là encore, il y avait bien eu le très motorisé Paris Dakar et le Camel trophy avant Ushuaïa mais dès que Nicolas Hulot s’est montré en train de piloter toutes sortes d’engins, il a fait exploser les ventes d’ULM, de gyrocoptères, d’hydroglisseurs, il a relancé la vente des motoneiges et tous les engins permettant de considérer la Planète comme un mégadisneyworld.
Jean Louis Etienne allait plutôt à montrer, comme Alain Bombard, comment par la volonté on pouvait survivre à de difficiles conditions sans moyens, Nicolas Hulot allait plutôt à inciter à l’implantation d’aérodromes et de bases de plongée partout. Sans aucun autre bénéfice que la distraction, la sensation de vivre plus intensément. Il a fabriqué la transcendance « Jouissance soliste de la Planète en tant que piste de surf géante » ce qui n’allait pas de soi.
Avant lui c’était Interville où les jeux étaient hyper franchouillards. Dès Ushuaïa, on a eu l’idée de faire Fort Boyard, qui envoie soudain à des horizons lointains, quoique se tournant encore ici. Et à la suite, on nous a servi les Survivor et Koh Lanta.
La question suivante s’était posée en filigrane de ses émissions : Est-ce que le fait de réclamer de pouvoir surfer partout et de mille manières sur la Planète va plutôt à la sauver ou plutôt à l’utiliser d’une nouvelle manière de plus ?
En fait, cette question avait déjà été posée avant concernant les deux secteurs que sont le littoral et la montagne de France.
Dans les deux cas, les promoteurs des nouvelles transcendances plage/ski, argumentaient que grâce à leurs exigences sur l’esthétique des sites, ils écartaient les méchantes industrialisations.
Et le résultat a été catastrophique. Aussi bien en mer qu’en montagne, notre sens de la beauté a été progressivement obligé de s’accoutumer à une esthétique artificielle.
Comme j’ai bossé un peu pour le cinéma, j’ai eu l’occasion d’observer que les cadreurs et les repéreurs étaient de plus en plus à la peine pour trouver un paysage naturel.
Je me souviens encore que lors de la première année d’existence des Arcs, Carole Godino n’avait aucune peine à photographier le très photogénique Robert Blanc sur fond de montagne vierge. En 2010, pour faire leur plaquette, ils doivent bricoler avec des décors photoshopés.
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