Bon, avec le témoignage de Deli en plus, on se retrouve devant des hommes qui ont perdu un testicule disons à 30 ans.
30 ans après s’étre senti entier et fier de sa paire.
Choc bien entendu.
Autre est le cas de garçons qui grandissent avec une anomalie testiculaire. Dans leur cas, il peut n’y avoir aucune menace mortelle, pas de choc violent mais quelle douleur permanente de devoir grandir, devenir un homme en n’étant pas dans la norme !
Dans la langue française, il y a le singulier et le pluriel.
Il y a le genre qui sépare tout en masculin et féminin
Et puis il y a les conjugaisons des verbes selon les temps et modes.
En France, tous ceux à qui il manque un bras, une jambe, une oreille...se retrouvent face à des expressions comme « gare à tes couilles » « haut-les-mains » « les yeux dans les yeux »
La langue, qui exprime notre profond normalisme, blesse et piège constamment tous ceux qui ne collent pas à ces expressions.
Une culture normaliste ne se voit pas que dans sa langue. Ca se voit partout. Par exemple dans l’art statuaire ou pictural.
Ici, nous serons allés très très loin dans la représentation des corps, des superbes corps, exécutés de manière semblant réaliste. Nus ces corps, complètement nus. Et nous sommes allés jusqu’à représenter des parties de corps. Des têtes, des bustes, des troncs, des phallus
Et bien entendu les images pub...
Très standard le corps puisque les mesures de longueur étaient basées dessus.
Ce doit être très dur de vivre dans une telle société quand on ne colle pas de naissance, ou plus adulte, à ces standards. Ce doit être pénible de chausser du 52, d’être indécis du point de vue de sa sexualité.
Au Vietnam, il n’y a pas de singulier/pluriel, pas de conjugaison et les genres séparent le règne animal du règne végétal et minéral
Avant la colonisation, il n’y avait aucune sorte de représentation de nus et encore moins de partie de corps isolée et certainement pas de sexe détaché. Aucun trophée animal, pas de cuir, pas de parties animales portées sur soi, aucun maquillage, tatouage..
Au Vietnam, on peut écrire un livre entier sur Kim sans que jamais on ne sache s’il s’agit d’un garçon ou d’une fille. Et cela sans prendre aucune précaution particulière. (Une jeune auteure française s’était fait remarquer en réussissant le tour de force d’écrire un livre en JE sans jamais dévoiler son sexe. Que de précautions elle a dû prendre !)
Au Vietnam, on pourrait n’avoir qu’un testicule, qu’un sein, on ne se retrouverait jamais piégé par la langue aussi bien écrite que parlée.
Et puis de toutes manières, avant l’arrivée des Jésuites et des colons, il ne venait à l’esprit de personne de considérer les gens isolément, de séparer des choses que la nature ne sépare pas. Même l’âme des ancêtres, leur présence, est constamment avec les gens, dans leur maison. Là-bas, on ne se sépare ni des morts, ni des infirmes, ni des idiots.
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