Comme Beregovoy, comme des centaines d’autres « petits »... arrivistes qui veulent jouer dans la cour des « grands »... Joly donne l’exemple :
"Comment une fille d’ouvrier née à Oslo est-elle parvenue à s’imposer dans un univers aussi élitiste et snob que la société parisienne ? Cette performance reste une énigme aux yeux des Norvégiens. "Hormis le compositeur Grieg, le peintre Munch, les champions olympiques de biathlon, ou encore le groupe A-ha, rares sont nos compatriotes à s’être fait un nom sur la scène internationale", note la journaliste politique Marie Simonsen. Mais la médaille a un revers. Celle qui a quitté Oslo à 18 ans a acquis des défauts bien français : une certaine arrogance, une tendance à se prendre pour le sel de la terre, au point d’en attendre un traitement dû à son « rang ». Péchés capitaux dans un pays passionné d’égalitarisme.
Affaire Elf
Pourtant, dès sa prise de fonctions, la Franco-Norvégienne accumule les impairs. A quatre reprises, l’ex-magistrate de l’affaire Elf sort de son obligation de réserve et, dans les médias, commente différentes affaires en cours d’instruction. Par deux fois, son ministre de tutelle est contraint de venir s’expliquer en personne devant la presse afin de couvrir la nouvelle recrue. Du jamais-vu. En privé, Odd Einar Dorum rappelle à l’expatriée certains codes sociaux norvégiens qu’elle semble avoir oubliés. "Ici, quelle que soit votre position, il ne faut jamais vous comporter comme si vous étiez au-dessus des autres. Faute de quoi, les concitoyens finissent par ne plus vous respecter", explique aujourd’hui l’ex-ministre. De son côté, le ministre de la Coopération Erik Solheim, pour lequel elle a également travaillé, plaide sa cause : "Elle parle sans prendre de gants parce qu’elle est davantage une politique qu’une bureaucrate. Et c’est pour ça que les gens l’apprécient."
Dès le début, le pays a été sommé de croire qu’elle était un personnage exceptionnel
Puissant patron d’un groupe de presse économique et financier, Trygve Hegnar n’est guère admiratif de la prestation d’Eva Joly. "Dès le début, le pays a été sommé de croire qu’elle était un personnage exceptionnel. Ce qu’elle a accompli dans l’affaire Elf, très bien. Mais ici, elle n’a fait ni mieux ni moins bien que n’importe quel autre fonctionnaire. Hormis l’organisation de séminaires et l’envoi de recommandations au gouvernement, elle n’a rien réalisé de concret. Pas même un document de travail consultable."
A la fin de l’été 2005, la mission d’Eva Joly s’achève. Elle reste cependant conseillère spéciale, mais auprès du ministre de la Coopération. Jusqu’en février 2009, elle dirige, toujours en électron libre, une petite équipe qui organise des tables rondes d’experts internationaux et, parallèlement, accomplit des missions de coopération axées sur la transparence et la bonne gouvernance auprès de différents Etats africains, notamment le Nigeria, l’Ouganda, le Kenya, ou encore Madagascar. De Lagos à Nairobi, elle fustige le népotisme. Mais, à Oslo, la presse découvre qu’Eva Joly a recruté la fille de sa plus proche collaboratrice au sein de son équipe. Sans lancer d’appel à candidature, alors que l’usage l’exige dans la fonction publique.
Un pourboire de 245 euros sur l’argent du contribuable
Toujours en 2005, l’ex-magistrate du pôle financier de Paris tombe carrément de son piédestal lorsque le magazine à scandales Se og hordénonce son train de vie à la Une. Il révèle notamment une information qui la ridiculise. En 2004, la « conseillère spéciale » avait organisé un déjeuner de travail avec une quinzaine de collaborateurs. Aux 10 000 couronnes (1 230 euros) de l’addition, elle avait royalement ajouté un pourboire de 2 000 couronnes (245 euros). Et réglé le tout avec la carte de crédit du ministère. Quand ils découvrent la facture, les comptables du ministère de la Justice la bloquent en raison du montant du pourboire, extravagant au regard des us et coutumes locales. A Eva Joly de trouver une solution. Au lieu de rembourser la somme sur ses propres deniers, elle entreprend des démarches écrites auprès du restaurant pour récupérer les 245 euros. Sans se soucier du manque à gagner qui en découlerait pour les serveurs. Le gérant de l’établissement refuse net. Avec cet argument en béton : donner, c’est donner ; reprendre... Auprès de son employeur, le ministère de la Justice, Eva Joly se justifie par écrit : "Lorsqu’on m’a présenté l’addition, j’ai laissé un pourboire comparable à ce qu’on donne à Paris ou à New York." Ce microscandale prend toute sa saveur lorsque les lecteurs apprennent le montant du salaire de base perçu par Eva Joly : environ 10 000 euros mensuels.
« La Norvège, c’est vraiment la mare aux canards »
Un an et demi après avoir quitté la Norvège, l’élue des Verts au Parlement européen fait toujours parler d’elle. En septembre dernier, la presse révèle que trois ministres de l’actuel gouvernement ont omis de déclarer des cadeaux, d’une valeur approximative de 2 000 euros chacun, reçus dans l’exercice de leurs fonctions. Nouvelle tempête médiatique. Interrogée par téléphone, Eva Joly prend les choses de haut : "Franchement, cela prête à sourire. Lorsque j’instruisais l’affaire Elf, j’écartais toutes les factures qui n’atteignaient pas 1 million de francs. La Norvège, c’est vraiment la mare aux canards." L’arrogance française, toujours."
http://www.lexpress.fr/actualite/politique/eva-joly-pas-si-reine-en-norvege_941790.html
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