L’analyse de Virgile est sans aucun doute la bonne, et l’avenir de l’UDF passe de toute façon largement par celui de son président actuel.
Historiquement tout d’abord, les partis se créent, notamment à droite et au centre d’ailleurs, par des responsables politiques forts, qui agglomèrent autour de leur personnalité différents courants d’idées. Jaurès, De Gaulle, Chirac ou Giscard par exemple. Cependant, l’UDF a surtout pris corps autour de l’idéal européen, Giscard n’ayant pas la même personnalité charismatique que les autres leaders, et l’électorat centriste au sens large étant plutôt composé d’intellectuels séduits par des idées plutôt que par des hommes.
La personnalité atypique de Bayrou dans le paysage politique actuel pourrait néanmoins servir de révélateur pour nombre d’électeurs sociaux démocrates pro-européens insatisfaits.
Il faut aussi se souvenir que Bayrou et l’UDF sont des survivants. Avoir survécu à l’OPA manquée de l’UMP en 2002, alors que le parti unique était dans les tuyaux, et que l’absence de duel droite-gauche privait Bayrou et l’UDF de toute monnaie d’échange électorale représente un véritable exploit, quand on peut imaginer les pressions qui ont du peser sur les candidats UDF... Les élus UDF survivants sont donc largement vaccinés, et les résultats des élections régionales et européennes de 2004 leurs ont donné raison, avec un score autour de 12% dans un paysage éclaté où UMP et PS ne dépassaient guère les 20%.
A l’heure où le PS doit tenir un discours de gauche marqué pour conserver son électorat de base, et où l’UMP de Sarkozy mords sur les plates-bandes de l’extrême droite, l’UDF conserve un fort attrait pour une part non négligeable de l’électorat modéré. Cet UDF correspond en effet à une attente et à un électorat qui ne se reconnaît pas dans les grands partis ennemis UMP-PS.
La fusion RPR-ex-UDF a en effet échouée, la composante centriste s’étant diluée dans un mouvement qui est d’abord fondé sur l’admiration pour un chef (De Gaulle, Chirac puis Sarkozy) sans pour autant l’influencer (seul Borloo continue d’émerger) tandis que l’UDF rassemblait surtout sur ses idées des sympathisants qui n’ont pas suivits les élus transfuges. Quant au PS, il n’a pas réussi sa transformation en parti social-démocrate que prônait Rocard, Delors ou Kouchner.
La question de la survie de l’UDF aurait pu se poser si les élections législatives s’étaient déroulées avant les présidentielles, avec une forte pression de l’UMP sur les candidats UDF (il faut néanmoins noter les bons scores UDF dans un certain nombre de législatives partielles).
Avec la présidentielle arrivant en premier, tout va dépendre du score de son leader : au dessus de 10% et l’UDF restera incontournable, et pourrait même se renforcer considérablement si le duel UMP-PS est serré et que l’image d’indépendance honnête de Bayrou continue de fédérer des français lassés des petites querelles entre amis. Moins de 7-8 % et, effectivement, l’avenir sera sombre, avec un grand vide pour un bon tiers d’électeurs français privé d’offre politique satisfaisante.
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