« »« »« »« » Ceux que j’appellent ici « les bourgeois modernes » sont les spéculateurs, détenteurs de produits boursiers, qui souhaitent gagner davantage en plaçant leur argent, dans la bourse ! Qu’ils soient ouvriers, cadres moyens ou supérieurs, chef d’entreprise ou agriculteurs, médecin ou boucher, artistes ou chanteurs, et etc. ou avocats, ils sont les artisans de la bourse !
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Oui, il y a effectivement de toutes les catégories de population parmi les spéculateurs. Même des RMIstes, même des personnes fauchées et n’ayant jamais travaillé (Il faut dire que le sens du verbe travailler s’est beaucoup élastifié depuis un siècle).
Oui, tout le monde, comme au sujet du Loto, plus largement qu’au sujet du Loto
Mais après avoir réalisé cette grande vérité, il est indispensable d’en réaliser une autre.
Dans un pays où l’on pratique par exemple le combat de coq, celui qui met le doigt dedans, en un éclair ne voit plus que le jeu et l’excitattion qu’il procure. Idem pour le poker, la course de lévriers, le casino, pour absolument tous les jeux.
De sorte que les problèmes éthiques ou moraux que pourraient soulever ceux qui sont hors jeu, sont ignorés et si rappelés, repoussés.
Par exemple, à une époque où il existait un jeu excitant consistant à porter des manteaux de fourrure extraordinaires, les réserves que soulevaient les hors jeu étaient très largement oubliées ou repoussées. Et BB a galéré pour se faire un peu entendre (pendant un moment seulement)
Il est très difficile, une fois qu’on a été happé par un jeu quelconque (dont celui des relations sexuelles en queue leu leu) de rejoindre le regard critique de ceux qui sont en dehors de ce jeu.
Concernant donc le jeu, il y a deux aspects principaux à considérer : Son aspect addictif (dont on peut démontrer les aspects négatifs mais également positifs puisqu’après tout, ils canalisent une énergie). Et ses conséquences sur le support de ce jeu.
Le support d’un jeu est par exemple un ensemble de 52 cartes de carton coloré ou un ensemble de boules numérotées. Les conséquences sur ce genre de supports, tout le monde s’en fout.
Le support peut être le joueur lui-même quand il prend des risques pour escalader à mains nues un gratte-ciel. Les conséquences sur ce support ne regardent alors quasiment que lui, sa famille, les actuaires de sa compagnies d’assurance et les comptables de la sécurité sociale
Le support peut être des chevaux, des lévriers (qui ont à courir à se blesser), des coqs, des chiens ou poissons (qui ont à combattre entre eux) , des boxeurs, des cyclistes, des pilotes de course, des actions d’entreprises par le biais de la bourse.
Les conséquences sur ce genre de supports sensibilisent alors beaucoup de personnes qui sont hors jeu et parfois même victimes involontaires de ce jeu. Ce qui est clairement la cas si on est salarié d’une entreprise dont les actions servent de support à un jeu. On peut perdre son emploi si l’entreprise est jetée ou bradée par ceux qui en détiennent les titres.
La bourse existe depuis longtemps. Il y a toujours eu, chez les intervenants de la bourse, des visions froides non excitantes, tristes même, et des visions plus excitantes, joyeuses. Un marinier pouvait ressentir une constante tristesse quand il opérait sur la bourse des péniches du quai d’Austerlitz pour décrocher chacun de ses contrats de transport pendant qu’un autre opérateur pouvait ressentir une excitation joyeuse en ayant fait un bon coup sur un contrat future, toujours dans cette même bourse.
Les intervenants de la bourse sont donc de natures et de motivations fort diverses. Certains subissent, d’autres en jouissent. Et la roue tourne.
Puis, au fur et à mesure que l’ouvrier ou paysan d’avant la Guerre a eu le sentiment devenir riche pendant les Trente glorieuses, de s’embourgeoiser en parvenant à s’acheter une maison Phénix ou un logement clapier, il s’est mis à rêver de plus.
Le »toujours plus« a alors commencé et le Club Med + le Concorde en étaient des accomplissements ou paradigmes.
Chacun a alors cherché à avoir plus, beaucoup plus. La voie du jeu à gros lots a démarré. Il y avait toujours eu des loteries mais à la fin des 30 Glorieuses, pile en 1976, au moment où soudain l’espoir de devenir plus riche par le travail s’estompait en raison d’un début de crise, on a proposé le Loto qui était une super loterie où l’on pouvait devenir très riche.
Et en parallèle à ce jeu vraiment trop hasardeux, s’est ouverte en grand la voie de la bourse (avec les épisodes de nationalisation-dénationalisation) où le moindre clampin pouvait se prendre pour le baron Empain ou Rothschild.
Avec l’arrivée de l’informatique, l’explosion des médias, de la société du spectacle, tout cela a fait que toutes sortes de gens se sont mis à jouer sur la valeur, sur le capital, sur la réputation des entreprises qui cocufiaient (on peut utiliser les mots spéculer ou investir selon qu’on voudra péjorer ou non).
En effet, les entreprises cocufiaient de plus en plus clairement leurs salariés et aussi les consommateurs à qui elles livraient de plus en plus d’erzats. On n’était plus dans l’entreprise paternaliste à la Menier ou Cognac-Jay. On passait au cynisme et donc à l’interchangeabilité avouée des salariés devenus bétail à tout point de vue
Les joueurs-parieurs-investisseurs-spéculateurs de la bourse pouvaient adopter tous les discours depuis le plus sérieux et responsable du genre »Moi je ne suis pas un rigolo, j’investis sur du long terme et je suis fidèle« au plus cynique du genre »Moi j’achète une entreprise la matin, je la revends à midi et je rachète sa concurrente le soir« en manière Tapie.
Par dessus le marché, est arrivé Internet où strictement n’importe qui peut jouer sur ce support que constitue le capital des entreprises.
Les entreprises auraient très bien pu exiger de sortir de ce jeu à haute volatilité donc à hauts risques car très sensible aux rumeurs.
Très peu ont décidé d’en sortir. La plupart ont estimé qu’elles y trouveraient tout de même plus d’avantages que d’inconvénient. Car c’était avec une incroyable facilité que les introduction en bourse levaient des capitaux.
Même Hermès, dont on se dit qu’elle aurait pu s’abstenir de s’exposer en bourse, a fait le choix d’y entrer afin de multiplier plus vite son développement. Afin d’implanter des magasins partout dans le Monde.
La valeur de cette entreprise a centuplé depuis son introduction en bourse en 1993.
Si sa valeur venait à être divisée par cent dans les années qui viennent, est-ce que ce sera encore une autre folie ou la fin de la folle valorisation actuelle ?
A mon sens, si l’on ne s’est pas plaint d’avoir fait coef 100 en 20 ans, on ne doit pas se plaindre de faire coef 0,01 ensuite.
Et ça vaut pour tout le monde, actionnaire familial, actionnaire au long cours, spéculateur de court terme, day trader (qui s’en fout totalement que ça monte ou que ça baisse) , employés, clients, vendeurs, épicier du coin, tout le monde. Tout le monde a profité de la bulle, tout le monde doit assumer son éclatement quand elle se produit.
Et c’est à l’intérieur de cette histoire que se situent les chômeurs cocus des entreprises ou les chômeurs-consommateurs cocus du système qui ont renoncé à travailler et qui boursicotent depuis leur litière.
»Tu te rends compte, être RMIste et pour autant acheter Sony le matin et le jeter comme un kleenex le soir, quelle sensation de puissance ! " Voilà en gros comment les échoués ou laissés pour compte du système se consolent.
Et bien entendu, entre ces joueurs très pauvres et les joueurs très riches de type Buffet, il y a toute la gamme des cas intermédiaires.
On peut donc tout dire et tour faire dire des gens qui jouent sur le capital des entreprises. Mais globalement, quand ils perdent, les parieurs prennent un ton sérieux, responsable et très sévère à l’encontre de tiers. Quand ils gagnent, ils deviennent au contraire des gamins devant une voiture de pompier et hurlent partout qu’ils sont été les plus malins ou inspirés du monde.
Ca c’est la bourse ou le jeu sur les actions des entreprises.
Or, il existe des tas et des tas de paris sur des tas de choses qui se pratiquent avec les mêmes outils (informatique+ Net+com)
Sur les vaches laitières, sur les monnaies, sur les guerres, sur les matières premières, sur les naufrages, sur les divorces, sur les mariages, sur les procès...
Des gens peuvent parier par exemple sur l’incendie de votre maison sans que vous vous en doutiez.
Ou sur l’issue du cancer d’un acteur, sans qu’il s’en doute
A mon sens, parce que le jeu est nécessaire pour canaliser les frustrations sinon c’est la guerre civile, on pourrait conserver le jeu de la bourse mais sur un support corellé aux valeurs des entreprises sans les toucher réellement
Un peu comme si entre dix potes, on pariait sur la valeur future de Total sans jouer en bourse. On met chacun 100 balles sur la table et celui qui aura vu le plus juste emportera la mise. Aucun achat, aucune vente d’action. On les regarde, on les suit mais on n’y touche pas. (Seuls les spéculateurs au long cours pouvant réellement acheter ou vendre les actions)
Tout le monde sait que cette sorte de bourse virtuelle est possible. Mais les entreprises aiment trop profiter de l’argent que procure le boursicotage et ne désirent pas s’en isoler (ou seulement à la baisse, ce qui est pour le moins puéril).
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