@ Krokodilo,
"Etant donné que l’apprentissage de la lecture se fera sans trop de difficultés pour 90% (environ ) des enfants, pourquoi leur imposer à tous des répétitions de phonologie ?"
Ne croyez pas que lire s’apprend en une seule journée ni même en une seule année. Pour certains élèves, ce sera sans doute le cas. Ils représentent une minorité, moins de 10% (qui, bien souvent a appris à lire dans sa famille ou en grande section maternelle.)
Pour la majorité, il sera bon, chaque jour, de revoir, pendant une dizaine de minutes, un son déjà étudié. Ce n’est pas là le seul travail de lecture effectué en un jour : il est indispensable d’étudier des textes, de les lire, de les comprendre. Toutes les autres disciplines nécessitent également une maîtrise de la lecture.
"N’est-ce pas plus logique de sous-traiter aux orthophonistes ?"
S’il y avait un maître spécialisé dans chaque école, pourquoi pas ? Ce n’est malheureusement pas le cas et ces enfants perdent parfois une demi-journée par semaine pour soigner un mal, qui, bien souvent n’existe pas (ou n’aurait pas dû exister.)
On se plaint actuellement du faible niveau en français des élèves entrant en 6°. J’ai des enfants qui enseignent en collège et lycée et il m’arrive de voir des copies. Je vois bien souvent où l’erreur a été commise, et, en orthographe (c’est une catastrophe malgré les orthophonistes) , il est évident qu’il y a à l’origine un "survol" de certaines notions de lecture à l’école primaire. Trouvez-vous normal qu’un élève de 4° écrive "un bigou" pour "un bijou" ? Voilà le genre de fautes que je peux voir, et il n’y a nul besoin d’un orthophoniste pour corriger le tir, précocement.
Quant aux accords des mots ou des verbes, à la structure de la phrase, il vaut mieux ne pas en parler du tout. Peut-on s’étonner qu’un enfant ait du mal à apprendre une langue étrangère quand il ne connaît pas la sienne ? Comment lui expliquer ce qu’est un accusatif s’il n’a jamais entendu parler du C.O.D. ? Ce n’est pas le travail des gens du secondaire. Les profs de collège et lycée sont nettement en faveur du retour aux fondamentaux (ce qui n’est pas l’avis des profs des écoles.)
Ceci nous mène un peu trop loin dans la réforme qui devrait être menée à l’école primaire et déborde largement du cadre de votre réflexion, mais je crois que la mode qui consiste à préférer des compétences aux connaissances a ses limites. Et les enfants n’en seront pas reconnaissants à leurs maîtres de ne rien leur apprendre. Contrairement à ce que pensent les parents, une difficulté, lorsqu’elle nécessite un effort bien dosé, n’effraie absolument pas les élèves : ils sont plutôt contents de surmonter des problèmes. Aussi, je me permets de vous citer cet exemple très parlant : une mère d’élève de CE2 (8-9 ans) demande à sa fille combien de parts elle aura si elle coupe un gâteau en deux. Réponse de la fillette : quatre ! C’est là :
http://www.rtl.fr/fiche/80191/de-nouveaux-programmes-pour-l-ecole-primaire.html
(écouter le "Reportage à la sortie de quelques écoles parisiennes".)
On ne demande plus aucun effort à l’enfant. Le résultat est là. Ce n’est pas la faute des instits : on leur a dit de procéder de cette façon. On a le résultat escompté. Et je regrette de dire que les connaissances (même apprises par coeur, comme les tables de multiplication), c’est du temps libéré, économisé au profit de l’acquisition des compétences. Mais les syndicats enseignants et les parents craignent les explosions cérébrales. Alors, continuons dans cette voie.
P.S. Je ne suis plus concerné par la réforme, ayant depuis un certain temps atteint la "limite d’âge".
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