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Anthony Meilland 2 novembre 2006 14:29
Anthony Meilland

Si le nucléaire est en repli, ce n’est pas parce qu’il n’est pas efficace et relativement propre, mais parce que les anti-nucléaires, aidés par la catastrophe de Tchernobyl (dont toutes les études sérieuses tendent à prouver que le bilan est bien plus faible que ce que les rumeurs prétendent) et par le souvenir des deux bombes, ont réussit a donner à cette source d’énergie une image déplorable.

Mais rien n’empêche un retournement de situation. On peut très bien miser sur une très forte augmentation de la part de cette énergie dans la production totale.

Cet article, bien que très partisan et intellectuellement très malhonnête, pose deux questions intéressantes et partiellement corrélées : comment éviter la catastrophe climatique et donc comment diminuer la production de CO2 ? Et comment imaginer une société de l’après pétrole ?

En ce qui concerne la diminution de l’émission des gaz à effet de serre et en particulier du CO2, toutes les énergies ne produisant pas des gaz à effet de serres doivent être considérées et étudiées en fonction de leur efficacité, leur souplesse, et leur prix.

Les énergies sans émission de CO2 sont : le nucléaire (fission en mode classique ou en surgénération, en électricité ou en chauffage direct, et dans le futur, la fusion), l’éolien, l’hydroélectrique (barrages, marrées), le solaire (photovoltaïque ou chauffage), le géothermique (en chauffage principalement, mais aussi de manière plus limitée en électricité).

Or toutes ces sources d’énergie n’ont pas les mêmes avantages et inconvénients.

- Nucléaire. Indépendant des conditions climatiques (sauf ces de très grosses chaleurs). Nécessite du temps pour « activer un réacteur » et ne peut donc pas répondre à des fluctuations de consommation rapides.

- Hydroélectricité. Souplesse d’utilisation (« ouverture de vannes »). Parfait pour les variations de consommation rapides. Limitation des constructions de barrages. Difficulté d’augmenter la part des cette source en France à part construction de mini barrages

- Eolien. On ne manque pas de place et de vent. Néanmoins dépendant des conditions climatiques et besoin de le coupler avec une énergie souple et indépendante des conditions climatiques (par exemple hydroélectricité ou gaz)

- Solaire. Même faiblesse et force que pour l’éolien.

- Géothermie. Intéressant pour le chauffage directe des maisons, mais peu de « champs » en France pour des usines électriques géothermiques à grandes échelles.

Voilà donc le problème. Les énergies renouvelables se classent donc dans deux groupes : le premier regroupe les énergies dépendantes des conditions climatique (éolien et solaire) qui doivent obligatoirement être couplée avec des énergies plus « fiables » pour permettrent un approvisionnement en électricité convenable. Le deuxième groupe comprend l’hydroélectricité et la géothermie qui sont bien plus fiable mais dont le développement actuel en France et peu probable (à moins d’inonder de grandes zones habitables comme la vallée du Rhône par exemple smiley)

Le système de production actuelle d’électricité en France est assez simple et fiable : Nucléaire pour la grande majorité de la production et hydroélectricité pour les fluctuations rapides. Avec encore quelques centrales polluantes à gaz, à charbon (je ne suis pas sur), et à pétrole.

A consommation stable, construire un système de production d’électricité avec 0% de CO2 sans le nucléaire est donc impossible. En effet, même si on construit suffisamment d’éoliennes et de panneaux solaires, on aura besoin d’une énergie indépendante des conditions météo pour réguler tout cela. Or puisque qu’on ne peut pas augmenter la production hydroélectrique de manière conséquente, et puisque la géothermie semble aussi inadaptée à la géologie française, cela est impossible. D’ailleurs la plupart des scénarii pour sortir du nucléaire prévoient la construction de centrales à gaz émettant du CO2 !!!

De plus ce scénario de consommation stable semble peu probable et cela m’amène à la deuxième question : que faire après le pétrole ? En effet, il faudra trouver une source d’énergie (et une forme d’énergie) pour remplacer le pétrole où accepter des changement important dans notre mode de vie. Si en ce qui concerne le chauffage les solutions solaires, géothermie et isolation thermique sont tout à fait envisageables, en matière de transport une seul source d’énergie semble pouvoir remplir cette tache : l’électricité (batterie, pile à hydrogène ou air comprimés pour le stockage d’énergie). Donc malgré les nombreuses économies d’énergie futures (isolation, lumières basse consommation, moins de pertes lors du transport...), la consommation globale d’électricité va augmenter. Et cela pose donc un nouveau problème : comment produire plus d’électricité ?

Autre solution : changer drastiquement notre mode de vie. Limiter nos déplacements (vacances à la maison !), notre consommation de produits exotiques (fini les bananes et les kiwi), augmentation du coût de production de tous les biens courants, (électroménager, hifi, informatique...). C’est ce que proposent certains écologistes extrémistes. Il y a donc un choix à faire !

Il y a 3 questions auxquelles il faut répondre :

- Faut-il éviter le réchauffement climatique à tous prix ?

- Faut-il sortir du nucléaire à tout prix ?

- Faut-il préserver au maximum notre mode de vie ?

On ne peut pas répondre oui aux 3 questions !

Si vous répondez oui aux deux premières questions, alors vous devez répondre non à la troisième et accepter un certain retour en arrière (paragraphe précédent) !!

Si vous répondez oui à la 1ère et oui à la 3ème, alors il faut répondre non à la 2ème (d’après moi la position la plus pragmatique).

Enfin, si vous répondez oui à la 2ème et oui à la 3ème, il vous faut répondre, comme certains extrémistes anti-nucléaire, répondre non à la 1ère et accepter les conséquences du réchauffement climatique !

Pour finir, seule note d’espoir dans ce paysage : ITER qui sera peut-être, l’énergie de demain (après demain plutôt). Peut-être pour nos enfants, l’énergie à (pro)fusion et abordable. Et n’oublions jamais, que énergie et qualité de vie sont intimement liés.



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