@ LEON
Je ne plaide pas pour la burqa..
..mais j’ai été confronté une fois avec ce une (ex) porteuse de voile intégral et j’ai pu voir des effets indirects du port de ce type de vêtement sur une femme, habituée à le porter depuis toujours et qui s’est distanciée de cette pratique.
Au début des années quatre vingt dix, j’ai travaillé un temps à donner des cours de français pour des demandeurs d’asile. J’intervenais alors sur des groupes de Kurdes syriens et turcs..
Je croisais régulièrement dans les locaux le midi une femme noire, comorienne, qui toujours restait à l’écart et ne parlait à personne, adoptant une attitude à la limite de la prostration.
Je mangeais pas loin d’elle, tous les jours et n’avais aucun moyen de communication avec ce qui m’apparaissait quasiment comme une sorte de spectre, ce qui me dérangeais..
Je connaissais juste son prénom : Maryam. Alors, au moment de manger, s’était institué une sorte de rituel :
J’apportais un goblet un plastique et lui demandais :
« Tu veux du coca, Maryam ? »
(Je pratiquais à l’époque le tutoiement systématique avec tout le monde. L’âge venant, je pratique maintenant l’inverse.. c’est ainsi).
La jeune femme hochait la tête et formulait physiquement une sorte d’aquiescement..
Cela a duré ainsi quasiment deux bons mois. Puis vint un jour où tout bascula.
Je m’approchais d’elle avec à la main ma bouteille de boisson « impérialiste et universelle » et elle m’adressa la parole :
« Assied-toi là et regarde »
Elle déballa tout un tas de photos personnelles qu’elle se mit à commenter, dans un français parfaitement compréhensible.. alors qu’elle avait été classée rétive à tout apprentissage linguistique..
Sur nombre de photographies, on la voyait couverte d’un voile intégral, à la mode wahhabite.. Je lui en ai parlé et elle m’a dit qu’elle n’en mettait plus depuis qu’elle était arrivée en France, seule, laissant làbas un époux décédé dont elle avait été la deuxième épouse.
Je me suis mis à penser que, habituée depuis toute jeune à être couverte ainsi, transplantée dans un monde où elle n’avait pas de famille proche et peu de repères..
Peut-être avait-elle l’impression sans ce qui avait du devenir comme une sorte de protection, constamment nue..
Qu’est-elle devenue ? Aucune idée.. Je ne l’ai plus revue deux semaines après et on m’a dit qu’elle était partie sur Paris.. Mais, durant cette dernière période, nous avons eu l’occasion de converser ensemble une heure chaque jour.
Echanges passionnants avec une personnalité pour moi complexe, mélange de candeur et de force : elle me semblait par moment totalement immature quand elle décrivait sur les photos des aspects de sa vie puis terriblement forte quand elle se mettait à parler de son terrible président qui coupait les mains de ses opposants..
Aucun élément pour moi dans cette histoire à transposer au présent débat : ce type de pratiques étant « intégré » dans le contexte d’origine de Maryam et totalement d’introduction récente dans le nôtre.. mais c’est ma seule approche concrète avec une de ces femmes.
gAZi bORAt
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