Tout à fait COVADONGA722
Il y a une trentaine d’années, un représentant du congrès américain écrivait au sujet de la révolution biologique : « le plus dangereux, ce n’est pas que nous ayons découvert l’Arbre de la connaissance mais que nous l’ayons vendu à Wall Street ».
L’homme réduit à la machine ? L’homme réduit à la chose ? L’homme réduit à ses organes ?
Derrière des propos de certains scientifiques, on voit apparaître des logiques sélectives, des remises en cause du principe d’humanité, des frénésies scientistes qui renouent avec l’eugénisme du passé. C’est à dire avec la volonté d’appliquer à l’espèce humaine des techniques de sélection, d’élimination, ou de manipulations biologiques que les éleveurs appliquent traditionnellement aux espèces animals.
On peut citer à titre d’exemple, la remarque incroyable faite en 1962 par le prix Nobel Francis Crick, codécouvreur avec Jim Watson de la structure hélicoïdale de l’Adn : « Aucun enfant nouveau-né ne devrait être reconnu humain avant d’avoir passé un certain nombre de tests portant sur la dotation génétique (...) S’il ne réussit pas ces tests, il perd son droit à la vie » (1)
Jim Watson n’était pas en reste en matière d’inhumanisme, si l’on en croit les confidences faites par lui au généticien Axel Khan. Participant à un colloque scientifique, Watson souffla à son collègue : « J’ai entendu que l’on parlait ici des droits de l’homme, mais je ne vois pas pourquoi l’homme aurait des droits particuliers. Si l’homme a des droits, pourquoi la petite souris, le nématode et le poulet n’auraient-ils pas de droits ? (...) Si l’homme a des droits, ce sont ceux liés à sa puissance ». (2)
Et ils ne sont pas les seuls à parler ainsi. Jacques Testart a rapporté que lors d’un symposium réunissant en mars 1998 des sommités de la génétique, fut très sérieusement envisagée l’hypothèse d’une thérapie génétique germinale, c’est à dire, de la « modification de l’embryon dès le stade de fécondation ». Une telle modification que l’on justifie -comme dans le passé- par le louable souci de limiter la souffrance, correspond au projet « d’améliorer l’espèce humaine », qui fut à l’origine au coeur de la démarche eugéniste. Le régime nazi lui-même justifiait son programme eugéniste en affimant qu’il était « acte d’amour du prochain et de prévoyance pour les générations futures ».
Or, comme le note Jacques Testart, cette « amélioration de la qualité de l’homme » avait été très officiellement présentée comme une « mission nécessaire » en 1950 par la Société américaine de fertilité, lors de la création de la revue Fertility and Sterility. (3)
En Chine, une loi de 1995 dite « loi sur la santé matenelle et infantile » sacrifie à la logique de la sélection humaine. Elle interdit le mariage à certains sujets atteints de supposées maladies et impose à d’autres une stérilisation définitive. La sélection par le sexe, cad avortement programmé...
Dans les Emirats arabes unis et en Arabie Saoudite, des centres de family balancing (équilibre familial) ont été créés. Ils sont spécialisés dan le diagnostic pré-implantatoire permettant de déterminer le sexe de l’embryon et donc de favoriser l’implantation d’embryons mâles. « Dans l’islam, l’avortement n’est pas toléré, cette technique est donc bienvenue (...) pour permettre à des familles d’avoir la certitude d’assurer une descendance mâle ».
(1) cité par Daniel J.Kevles, Au nom de l’eugénisme, Puf 1995 (2) cité par Axel Khan, Société et Révolution biologique. Pour une éthique de la responsabilité. (3) cité par Caroline Glorion, La course folle. Des généticiens parlent.
A lire : Le principe d’humanité de Jean-Claude Guillebaud.
Humanité assiégée, modernité régressive, figures anciennes de la barbarie se faufilant au milieu des fracas modernistes : nous percevons peut-être mieux, à ce stade, la gravité des éboulements qui menacent. Et surtout leur profondeur.
Agoravox utilise les technologies du logiciel libre : SPIP, Apache, Ubuntu, PHP, MySQL, CKEditor.
Site hébergé par la Fondation Agoravox
A propos / Contact / Mentions légales / Cookies et données personnelles / Charte de modération