« Pourrait-il faire en sorte que, de même que pour le primaire, nos étudiants en facultés de droit, de sciences ou autres, poursuivent l’étude de l’anglais en même temps que celle de leurs matières de référence ? » Et ils seront forcément moins compétents que leurs homologues anglo-saxons.
"Il y a presque 35 ans, la plupart des facultés de sciences aux Etats-Unis supprimaient leur « Ph.D. foreign language requirement ». Jusque là, tout futur doctorant américain dans une discipline scientifique devait obligatoirement prouver qu’il maîtrisait au moins UNE des grandes langues scientifiques autres que l’anglais, et cela suffisamment pour pouvoir comprendre sans difficulté toute publication dans sa spécialité rédigée dans cette langue.
Aujourd’hui, à quelques rares exceptions près, ce « Ph.D. foreign language requirement » n’existe plus dans les disciplines scientifiques. Depuis sa suppression, des pressions directes et indirectes ont été exercées sur les congrès scientifiques internationaux - autrefois multilingues - pour qu’ils deviennent progressivement unilingues, et la même tendance s’est appliquée aux revues et journaux présentant les résultats des recherches fondamentales, dans les pays anglophones comme ailleurs. La disparition progressive des langues autres que l’anglais du domaine de la communication scientifique internationale suivait en fait les directives énoncées dans l’« Anglo-American Conference Report 1961 ». Ce document de nature confidentielle était destiné au British Council dont l’actuel président Tony Andrews déclare d’ailleurs sans complexe que « l’anglais devrait devenir la seule langue officielle de l’Union européenne » (rapporté par le Frankfurter Allgemeine Zeitung du 27 janvier 2002).
L’actuel quasi monopole du savoir technico-scientifique moderne détenu par les Anglo-américains - que certains refusent d’admettre - n’est pas lié aux seuls mérites de leurs chercheurs et de leurs ingénieurs. Dans une large part, il est la conséquence directe de l’adoption de la langue anglaise comme langue internationale en science et en technologie, démultipliant ainsi la visibilité du monde anglo-saxon dans ces secteurs au détriment de celle des autres. A terme, l’usage de plus en plus répandu de l’anglais dans les laboratoires de recherche, qu’il soit librement choisi ou imposé, aboutit à une véritable stérilisation du processus créatif, à un réalignement automatique sur les thèmes de recherche anglo-américains et à des contributions presque exclusivement techniques. La pensée scientifique est probablement condamnée à stagner tant que les langues autres que l’anglais n’auront pas reconquis leur statut d’outil d’investigation et de communication à part entière dans tous les secteurs de recherche."
« La mise en place des monopoles du savoir », Charles Durand
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