« L’humain d’abord, c’est pas les français d’abord, nuance, et dans le monde tel qu’il est, de nos jours, ça semble bien plus en phase. »
C’est bien la raison pour laquelle les vôtres achopperont irrémédiablement : vous méprisez le réel. Pire, voyant qu’il ne concorde pas avec vos phantasmes, vous essayez malgré tout de le contraindre et de le tordre selon les préceptes de votre idéologie dogmatique. Cette propension est exactement l’inverse que ce que commanderait d’adopter comme rigueur intellectuelle un esprit libre qui, et d’abord pour cette raison, se revendiquerait de la scientificité.
Sachez bien une chose que vous découvrirez sans doute tôt ou tard, en mûrissant : tout le monde n’a pas vocation à se soumettre à vos extrapolations conceptuelles, qui plus est follement erronées. En effet, l’homme se définit identitairement par des cercles concentriques. Parmi ces cercles il est indéniable que l’attachement à la Nation ou à la patrie, en tant qu’elles sont en capacité d’incarner - et qu’elles en ont déjà fait la démonstration empirique - l’idée de sécurité (fondamentale), de prospérité (idem), et de cohésion sociale et culturelle nécessaire, est un puissant sentiment d’appartenance.
Ainsi donc le statut social et condition social, l’idée d’appartenir à une certaine classe socioproductives tel que définie lointainement par Marx (et qu’il convient de revisiter à l’orée des changements de paradigme, pour ne pas dire des bouleversements, que nous impose l’époque contemporaine), s’ils existent objectivement, n’en sont pas moins qu’une identité (ou une partie de cette identité) parmi une mosaïque d’autres. Et je rajouterai : sans doute pas ceux qui primeraient ou prédomineraient particulièrement plus que tous ceux-là. Entre autre : processus d’identification morphologique ; sentiments d’appartenance idéologiques (autres que marxisme), nationaux ou religieux, desquels découle certaines visions du monde souvent divergentes et parfois même antagonistes ; spécificités géopolitiques ; traditions culturelles ancestrales, us et coutumes ; penchants philosophiques etc...
Votre Universalisme, celui humaniste des lumières comme celui transcendantal des religions (nous touchons d’ailleurs ici, pour l’un et pour l’autre, à la notion d’Absolu qui s’est révélé le propre des courants métaphysiques, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes pour nos humanistes acquis à la notion d’immanence...), par définition dogmatique, vous condamne par avance à opérer une fuite en avant relativement pathétique dès lors que le réel vous démentirait.
Et comment ne pourrait-il vous démentir lorsque j’introduis mon propos par le postulat, que nul ne pourra contredire, qu’il y aurait de fait une multitude de courants de pensée qui se réfère à l’idée (ou à l’idéal) d’universalisme ! C’est auto-contradictoire, et dans la logique formelle et surtout dans les faits tel qu’ils se présentent à nous. Ainsi donc l’universalisme n’existe pas, c’est une certitude ontologique. Il convient donc d’en tirer toutes les conclusions qui s’imposent si d’avenir il vous venait à l’esprit d’entamer un rude rapport de force à l’encontre de vos adversaires. Ce qui suppose déjà de définir qui vous êtes intimement, et quels sont vos intérêts en tant que groupe sociale constitué, avant de définir qui ils sont.
« Le monde changera par la solidarité pas par l’ostracisme. »
Je salue bien volontiers votre incorrigible idéalisme, le problème étant qu’il est justement la source principale des cruelles désillusions, pour ne pas dire plus, qui ont émaillé le siècle précédent et qui ont sévèrement douché les espoirs de ses partisans. Tant il est vrai que nous n’avons pas d’exemples de révolutions socialistes en tête (car c’est bien de cela qu’il s’agit en dernière instance, du modèle marxiste-léniniste internationaliste) qui n’ont pas débouché sur des totalitarismes abjectes, des massacres voire des génocides innommables, et de privation systématique des droits et libertés les plus fondamentaux au sein des différents territoires sur lesquelles elles s’appliquaient.
Cette constante observée malgré la transposition dans des cultures relativement hétérogènes est d’autant plus inquiétante, et corrobore tout à fait ce qui vient d’être dit.
Il est d’ailleurs à tout le moins curieux, sinon suspect, que les « cocos », qui prétendent détenir les sources de la sainte rationalité, aient eu tellement de facilité à convaincre leurs semblables qu’ils aient dû s’employés par des méthodes pour le moins expéditives - et quelles méthodes - pour arriver à bien se faire comprendre. Enfin, plus sûrement pour se fourvoyer. Là encore, la contradiction est fameuse. Or il faut toujours juger moralement l’arbre à ses fruits. C’est du reste, ironie de l’histoire, ce que les courants matérialistes eux-mêmes n’ont cessé d’émettre comme critique épistémologique ô combien justifiée vis à vis des religions monothéistes (surtout la chrétienne il faut bien l’admettre), et du gouffre qui séparait les belles idées issues des textes du Livre, des tueries et des tragédies récurrentes que les hommes commettaient en son nom.