Wesson,
On ne peut plus rester dans l’europe austéritaire le temps d’atteindre cette masse critique, c’est à dire regrouper au moins la moitié des pays de l’ue cumulant 65% de la population totale pour peser dans les décisions de politique courante de l’ue (celles dont la commission a l’exclusivité de l’initiative), décisions qui doivent se conformer aux traités existants, qui eux ne peuvent être modifiés qu’à l’unanimité.
Or ces traités INTERDISENT de fait toute politique sociale, soit explicitement, soit en posant des conditions telles qu’une politique progressiste et sociale accentuerait le déclin économique vers lequel l’intégration européenne nous entraîne et donnerait l’occasion à l’ue et sa troïka de venir nous faire la leçon.
La décision unilatérale dont vous admettez nécessité en ce qui concerne l’euro doit être prise au sujet de l’union européenne.
Car contourner l’article 123 du traité de Lisbonne pour financer l’état à bon compte (ce qui se faisait déjà plus ou moins avec le programme STEP, je crois, dans la mesure qui était tolérée par les Teutons) revient à prendre la décision de reprendre le contrôle d’une monnaie commune.
Reste à savoir ensuite combien de temps ceux qui n’apprécient pas cette gestion de la monnaie commune (qu’ils prennent volontiers pour une façon de taper dans le pot commun sans demander) accepteront de continuer à la partager. Et dans ce cas la rupture pourrait être brutale : vous semblez faire la même erreur que Démosthène en appelant à une confrontation latino-germanique.
Pour les Allemands, le minimum qu’ils filent à leur pléthore de retraités dépend justement de la valeur de l’euro, qui pourrait être menacée si les Latins abusent de la planche à billets, quand bien même ils en auraient besoin. C’est justement tout le problème de la construction européenne, qui oppose ses pays membres sur leurs intérêts vitaux. C’est aussi en cela qu’elle est un piège.
Alors effectivement, comme vous le faites si bien remarquer, Wesson, les intérêts Français peuvent concorder ponctuellement avec les intérêts de certains pays de l’ue, mais ce n’est certainement pas le cas de tous. La conclusion naturelle de ce fait est donc qu’il serait plus approprié de SORTIR de l’union européenne pour inviter ceux qui partagent nos intérêts à venir nous rejoindre, et laisser ceux qui ont des intérêts divergents faire leur vie de leur côté.
Sinon l’Allemagne a déjà commencé à réorienter ses exportations hors zone euro, comme le montre cet article :
« Les exportations allemandes vers les pays non européens ont enregistré une forte hausse de 13,6% à 41,7 milliards d’euros. »
http://www.romandie.com/news/n/CORRAllemagne_baisse_de_l_excedent_commercia l_en_avril_sur_un_mois_dev13070620131044.asp
C’est vers la zone euro que la hausse de leurs exports est la plus faible. Donc pas sûr qu’ils acceptent de conserver l’euro pour continuer d’exporter vers des pays ruinés par les plans d’austérité, si ces derniers commencent à imprimer de la monnaie commune.
Le discours visant à vouloir changer l’europe pouvait encore être tenu en 2007, quand le NON de Mai 2005 pouvait appeler à une renégociation des traités.
Depuis, ce qui avait été rejeté en 2005, c’est à dire le néo-libéralisme gravé dans le marbre des traités, a été avalisé par la traîtrise de Lisbonne, et a continué d’être appliqué sans la moindre considération pour le vote des Français (mais aussi des Néerlandais et des Irlandais, qui ont dû revoter tant qu’ils disaient NON), et avec toutes les conséquences néfastes que l’a pu constater, et qui pour la plupart avaient été annoncées par les opposants à la construction européenne.
Depuis, un candidat nous a promis qu’il était socialiste, qu’il allait changer l’europe, renégocier les traités. On ne l’a pas cru sur parole, bien sûr, mais il fallait bien se débarrasser du nuisible qui était encore en place. Et depuis on a vu : le président normal socialiste ennemi de la finance nous annonce qu’il va appliquer toutes les saloperies austéritaires demandées par l’union européenne, toujours selon le fallacieux prétexte « il faut que l’europe avance ».
Depuis le cauchemar Bolkestein rejeté en 2005 est devenu réalité :
http://www.leparisien.fr/economie/emploi/des-interimaires-polonais-a-prix-casse-28-11-2012-2362547.php
Tout ce qu’on peut déduire de tout ceci, c’est que l’europe est comme elle est, un outil au service du capitalisme financier, ne risque pas de changer, et que pour ceux qui ne seraient pas contents c’est pareil.
Maintenant c’est définitivement trop tard, un discours proposant de changer l’europe n’est plus crédible. La seule solution c’est désormais la sortie : la solution de rester en cherchant l’affrontement avec ceux dont les intérêts divergent des nôtres ne peut rien amener de bon.
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