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heliogabale 18 août 2014 22:57
heliogabale

L’immobilier est une problématique majeure de la compétitivité française comme cela est rappelé dans un article publié aujourd’hui.

Si l’on regarde les chiffres du PIB des années 2000, on observe que la France entre 2000 et 2008 a une croissance plus élevée que l’Allemagne d’environ 0,5 point. Le différentiel est explicable par le boom de l’immobilier. Ce furent des années fastes en France (en construction, en volume de vente, et en augmentation des prix) alors que l’Allemagne faisait preuve de modération.

Ce boom a été profitables aux collectivités locales via les droits de mutation : pour Paris ce fut une manne sans précédent qui lui a permis de mettre en œuvre d’importants travaux.

Il y a plusieurs facteurs à ce boom : un immobilier (très) relativement sous-évalué à la fin des années 1990, des taux d’intérêt en baisse constante, des aides de l’Etat ou des collectivités locales, l’impression que les prix ne peuvent que monter. Le prêt à taux zéro est un détournement d’une des missions de l’État, à savoir la politique de redistribution. Le PTZ et autres dispositifs comme la défiscalisation des intérêts sont des dispositifs qui ont incité à la formation de la bulle : cela a enrichi les vendeurs bien plus que cela a aidé les acheteurs. 

Aujourd’hui la situation de l’immobilier est très dégradée : dans la publication de l’Insee, l’investissement dans la construction a un acquis de croissance de -4,3% et explique principalement le recul de l’investissement ces derniers trimestres.

Vous avez deux solutions dans ce cas : vous relancez les travaux publics, cette tâche étant dévolue principalement aux collectivités locales. Sauf que celles-ci doivent se serrer la ceinture puisque on leur coupe des dotations et qu’elles sont déjà déficitaires (-9 milliards en 2013, au moins autant cette année). Soit vous relancez la construction de logements. Sauf que la demande est en berne à cause de prix trop élevés. Pour rendre à nouveau solvable des ménages modestes (ou primo-accédant), alors que les taux d’intérêt sont déjà) historiquement bas, il faudrait que l’état fournisse à grande échelle des prêts à taux zéro. Si Hollande cherche à se faire réélire, qu’il y aille à fond dans le clientélisme, mais cela ne fera que reporter puis amplifier le marasme dans lequel on se trouve : si les salaires ne suivent pas, les ménages feront faillite. Et à la prochaine crise, la France sera une nouvelle Espagne. Il peut faire le choix de la purge brutale : supprimer toutes les aides inutiles de l’immobilier (on garde en gros juste les APL), cela créerait un choc récessif, une chute rapide de l’immobilier et une amélioration à moyen terme du déficit. Troisième choix : l’entre-deux où l’on accompagne une baisse lente et durable de l’immobilier. C’est ce qu’il choisit apparemment.

L’immobilier est le nœud central du problème économique français : quand le logement représente 25 ou 30% du budget des ménages, la modération salariale est impossible. C’est devenu un problème politique : le FN est massivement plébiscité dans les zones périurbaines où se sont installés de nombreuses familles appartenant à la classe moyenne en quête d’espace après avoir contracté des prêts de longue durée. Ces zones sont éloignées des centres-villes (essence chère), manque d’activités (manque de lien social), exposés au cambriolage (insécurité), pas de perspective de montée dans l’échelon sociale (revente du bien difficile, donc absence de mobilité).
 
Au sujet de la compétitivité : certes elle résulte autant du prix que de la qualité du produit. Mais il est plus aisé d’agir sur le prix que sur la qualité (qui demande de l’investissement, au préalable dans la recherche). La diminution des coûts de production aura un effet sur le carnet de commande dans la mesure où cette baisse est financée sur le dos des ménages (hausse de la TVA et gel des prestations pour commencer). Certes pour les entreprises tournées vers l’export, ce sera bénéfique (mais certaines qui ont essentiellement des gros salaires supérieurs à 2,5 fois le SMIC ne toucheront presque rien sinon rien) mais pour les autres ce sera au mieux un effet d’aubaine (grande distribution) ou un moyen de reconstituer une trésorerie, au pire une perte de chiffre d’affaires. Mais sur l’emploi, ça n’aura aucun effet.

Dire que la politique fiscale de l’État est confiscatoire est un non-sens : les dépenses de fonctionnement en France sont dans la moyenne européenne voire en dessous. Ce qui coût c’est la politique sociale. Dans le domaine de l’assurance-maladie, 60% des dépenses ont trait aux maladies chroniques. C’est généralement un événement de fin de vie et donc plutôt rare mais ça coûte cher. Le problème est de savoir si untel est prêt à payer seul le traitement contre son cancer (30 000 euros minimum). L’autre question que l’on peut se poser est de savoir si l’on préfère être mieux soigné pour les petits pépins de la vie (lunettes, dentiste) au détriment des graves maladies...
Sur les mesures que vous préconisez : en France il y a plus de fonctionnaires mais le périmètre peut varier d’un pays à l’autre (donc cela se traduirait en France par des externalisations ou privatisations)et moins bien payés (exemple des profs). Ainsi, la charge salariale de la fonction publique d’état est stable depuis 2006 malgré les suppressions de postes, puisque celles-ci doivent être compensées en partie par des hausses de salaire ou qu’en pratique on supprime deux emplois de catégorie C au profit d’un emploi de catégorie A.
Pour les agences d’Etat, je suis pas un grand spécialiste, il peut y avoir des efforts de rationalisation à faire (unifier les agences) mais certaines font des profits ou ne sont pas considérer comme des administrations publiques à strictement parler. Là aussi ce sont des choix : le CNRS peut être poussé progressivement vers le privé tout comme les musées mais est-ce que les Français le souhaitent ?

Bref, on peut multiplier les exemples... je dis tout cela parce que ces problématiques ne sont pas solubles dans un modèle mathématique fiable mais dans des choix issus d’un vrai débat démocratique au sein de la société. Est-ce que le système politique actuel permet d’avoir un tel débat ? C’est tout l’enjeu... La question démocratique est bien plus importante que le débat sur le déficit et la croissance dont je traite dans l’article ou du débat sur l’euro puisqu’elle est antérieure... pour résoudre ces questions économiques, il faudra s’entendre sur le principe du gouvernement du pays... d’où la question qui conclut l’article...



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