Mercredi 4 mars 2015 :
Subprimes, Saison 2.
Aux Etats-Unis, l’argent coule à nouveau à flots. Tout se passe comme si les leçons de 2007-2008 étaient oubliées. Sous couvert de l’euphorie retrouvée se prépare le prochain choc systémique mondial. Pire que le précédent.
Préparez-vous pour la « saison 2 » des « subprimes » quelque part entre 2016 et 2018 : il y a quinze jours, l’institut américain Equifax, mesurant les crédits à la consommation américains, révélait que 40 % de ces crédits (près de 200 milliards de dollars sur 800) étaient souscrits par des emprunteurs « subprime », c’est-à-dire dont le profil de risque est très en dessous de la moyenne. Aux Etats-Unis, l’argent ruisselle effectivement pour les pauvres. Mais sous forme d’emprunt.
« Same player, shoot again. » Pour avoir vécu de très près cet effondrement du système financier mondial et pour constater aujourd’hui le retour à grande vitesse des pires pratiques du monde financier, avec la passive complicité des gouvernements, il y a quelque chose de désespérant à voir les mêmes causes produire les mêmes effets.
Après l’euphorie du moment, nous allons donc connaître un nouveau choc systémique mondial. Par rapport à celui de 2008, il aura deux différences majeures : il sera beaucoup plus soudain et plus profond, notamment du fait de l’automatisation massive des flux de marchés ; et cette fois-ci, nous serons à court de munitions monétaires et budgétaires pour l’absorber.
Je me risque à une seule prédiction pour cette après-crise-là. Elle amènera au pouvoir, des deux côtés de l’Atlantique, des personnalités et mouvements politiques très éloignés de ceux qui se sont couchés face à ce que Franklin Delano Roosevelt appelait dans son discours à Madison Square Garden le 31 octobre 1936 : « les vieux ennemis de la paix - le monopole industriel et financier, la spéculation, la banque véreuse… ceux qui… avaient commencé à considérer le gouvernement des Etats-Unis comme un simple appendice à leurs affaires privées ».
Après cette crise-là, exacerbée par la remontée des tribalismes et nationalismes partout dans le monde, nous aurons donc, pour le pire, Podémos et/ou les Colonels en Espagne, Syriza ou les colonels en Grèce, la Ligue du Nord et/ou les fascistes de CasaPound en Italie. Le Ukip en Grande-Bretagne. Le Front national en France.
Ou pour le meilleur, les futurs Franklin Roosevelt, américains ou européens, qui ne sont pas encore identifiés. Mais en attendant, il faut hélas composer avec les héritiers de Herbert Hoover ! Celui qui croyait tant au laisser-faire qu’il a laissé faire la grande dépression de 1929, et ses conséquences pour la paix dans le monde.
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