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Pie 3,14 12 septembre 2015 21:03

@amiaplacidus
Un témoignage intéressant qui confirme ce que l’on sait de la Russie et ce qu’un ami qui en revient m’a raconté.

A savoir : un niveau de vie qui n’a plus rien à voir avec celui des années communistes et celui de l’effondrement dramatique des années 90. Aujourd’hui les russes mangent bien et varié, roulent en automobile, ont des logements aux loyers accessibles, consomment.
Les grandes villes se sont modernisées, elles sont propres et ressemblent aux capitales occidentales.
Les retraites sont versées, le chômage peu élevé, les inégalités sociales sont fortes mais pas plus qu’aux USA, la protection sociale est assez faible mais pas moins que dans de nombreux pays occidentaux.
Cette amélioration rapide de la condition des russes depuis 15/20 ans explique la popularité réelle de Poutine.

Mais il y a un envers du décor. 

La bonne santé économique doit tout aux exportations de matières premières et en premier lieu des hydrocarbures dont le prix était élevé jusqu’à peu. La Russie importe presque tout ce qu’elle consomme.
L’industrie est atone en dehors du spatial et de l’armement, l’agriculture très peu efficace. La Russie fonctionne comme un gigantesque pays du tiers monde qui aurait touché un pactole redistribué en partie à une population en diminution constante. L’effondrement du prix des matières premières peut remettre en cause le modèle aussi vite que la prospérité est arrivée.

Politiquement c’est une démocratie autoritaire où l’opposition est brimée, les médias contrôlés, le pouvoir verrouillé au profit du clan Poutine, la corruption très présente. Ce n’est pas très reluisant mais on trouve cela ailleurs à de nombreux exemplaires.

Passée de puissance mondiale pendant la guerre froide à rien du tout dans les années 90, puis simple puissance régionale, la Russie de Poutine est revenue sur la scène diplomatique à la faveur de sa bonne fortune. Contrôle des marges (Géorgie), soutien aux pays fâchés avec les occidentaux (Syrie) ou alliés traditionnels (Serbie, Grèce). En somme rien de nouveau sous le soleil, c’est la politique des tsars (impériale et anti-occidentale) et de la Russie communiste.

Pourtant je pense que la Russie actuelle est dangereuse. Son miracle économique est fragile et va souffrir dans les prochaines années, sa démocratie n’est pas installée (historiquement pas de tradition démocratique). Le risque est celui d’un populisme autoritaire qui, à force d’agiter le nationalisme (qui plait tant aux commentateurs d’extrême-droite de ce site) embarquera le pays dans une dérive funeste pour la Russie et l’Europe.

L’Ukraine confirme ce danger. Une marge de l’ex empire qui se tourne vers l’Europe et tente d’échapper au contrôle politique et économique russe. Le résultat aboutit à une annexion, une guerre, une déstabilisation larvée, une propagande éhontée (l’Ukraine fasciste), une fuite en avant devant la réprobation internationale.

Il est logique que ceux qui aiment le nationalisme, vomissent les USA et la démocratie libérale ( au sens philosophique du terme) aiment la Russie de Poutine. Ceux qui comme moi se sentent européens démocrates ont des raisons de s’inquiéter.













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