sur les relations etats Unis - Russie, une analyse de Robert Parry, l’un des journalistes Américains les plus indépendants :
"Ce que les néoconservateurs attendent de la crise ukrainienne (Consortium News)
[NdT] La crise ukrainienne a d’impressionnants relents de guerre froide, susceptible à tout moment de basculer dans une confrontation militaire, scénario dont personne ne semble vouloir mais on sait que les confits majeurs ont rarement été le résultat d’une volonté délibérée mais plutôt celui d’enchaînements imprévus.
Selon Robert Parry, les néo-conservateurs qui se heurtent à Washington aux velléités du président Obama de développer une autre politique internationale se sont emparés du dossier ukrainien pour nuire à la relation entre le président des Etats Unis et son homologue russe, voire même déstabiliser le pouvoir d’un Poutine qu’ils perçoivent comme un obstacle majeur au déploiement de leur stratégie de domination mondiale.
Robert Parry est un journaliste chevronné qui avait notamment couvert l’affaire des Contras (Irangate) pour Newsweek et Associated Press.
Ce que les néoconservateurs attendent de la crise ukrainienne
La crise ukrainienne, fomentée en partie par les néoconservateurs américains, y compris leurs avatars au Département d’Etat, ont envenimé les relations russo-américaines et perturbé la coopération secrète du président Obama avec son homologue russe Vladimir Poutine dans la résolution des crises au Moyen Orient., écrit Robert Parry.
par Robert Parry, Consortium News (USA) 2 mars 2014 traduit de l’anglais par Djazaïri
Le président Barack Obama a tenté, essentiellement en secret, d’élaborer une nouvelle politique étrangère qui s’appuie fortement sur la coopération avec le président russe Vladimir Poutine pour réduire les confrontations dans des points chauds tels que l’Iran et la Syrie. Mais la réticence d’Obama à expliquer publiquement cette stratégie l’a rendue vulnérable aux attaques venues d’éléments puissants dans les milieux officiels de Washington, y compris des néo-conservateurs bien placés et des gens à l’intérieur de sa propre administration.
Poutine aurait également tancé verbalement vers le s Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et le chef des renseignements saoudien, le prince Bandar bin Sultan eu égard à ce que Poutine considérait comme leurs actions provocatrices dans la guerre civile syrienne. Donc, en perturbant les plans néo-conservateurs et en offensant Netanyahou et Bandar, le président russe s’est carrément retrouvé dans le collimateur de certaines personnes très puissantes.
En 1998, le projet néo-conservateur pour le Nouveau Siècle Américain [New American Century] appelait à une invasion américaine de l’Irak, mais le président Bill Clinton avait refusé. La situation changea, cependant, lorsque le président George W. Bush prit ses fonctions et après les attentats du 11 septembre. Soudain, les néo-conservateurs eurent un commandant en chef qui était d’accord avec la nécessité d’éliminer Saddam Hussein de l’Irak - et une opinion publique américaine abasourdie et en colère qu’on pouvait facilement convaincre. [Voir l ’Consortiumnews.com « La raison mystérieuse de la guerre en Irak . »]
L’ascension d’Obama
Les
néo-conservateurs connurent un nouveau revers en 2008, lorsque Barack
Obama a battu un favori des néo-conservateurs, le sénateur John McCain.
Mais Obama a ensuite pris une des décisions fatidiques de sa présidence,
en décidant de doter les postes clés de la politique étrangère avec
"une équipe de rivaux », c’est-à-dire en gardant le Républicain Robert
Gates au Département de la Défense et en plaçant Hillary Clinton, une
néoconservatrice « light », à la tête du Département d’Etat.
Obama avait également maintenu le haut commandement militaire de Bush
dont la personnalité la plus significative étant le chouchou des médias,
le général David Petraeus. Ce qui signifie qu’Obama n’avait pas pris le
contrôle de sa propre politique étrangère.
De même, Obama et Poutine ont défini le cadre pour un accord intérimaire avec l’Iran sur la façon de limiter son programme nucléaire. Mais quand Kerry a été envoyé pour sceller cet accord à Genève, il a au contraire ajouté les nouvelles exigences nouvelles des Français (qui étaient de corvée pour le compte des Saoudiens) et avait ainsi été près de tout faire capoter. Après s’être fait remonter les bretelles par la Maison Blanche, Kerry est retourné à Genève et a finalisé les arrangements. [Voir l ’Consortiumnews.com « Une défaite Arabie-Israël avec l’accord sur l’Iran . »]
Politique étrangère hétérodoxe
Le politique étrangère hétérodoxe d’Obama — généralement un travail en tandem avec le président russe et parfois en porte-à-faux avec sa propre bureaucratie – a obligé Obama à feindre l’indignation devant ce qui peut être perçu comme un affront infligé par la Russie, comme son accord pour donner temporairement asile au lanceur d’alerte de la National Security Agency (NSA), Edward Snowden.
’« Encourager un « Coup démocratique » en Ukraine . "]
Éloigner Obama de Poutine
La crise ukrainienne a donné l’opportunité aux néo-conservateurs de Washington d’enfoncer un nouveau coin entre Obama et Poutine. Par exemple, le vaisseau amiral des néo-conservateurs, le Washington Post, a écrit dans son éditorial de samedi qu’Obama réagissait par des « appels téléphoniques » là où quelque chose de bien plus menaçant qu’une « condamnation » était nécessaire.
Mais les chefs de rédaction du Washington Post n’ont jamais reculé devant leur propre hypocrisie . Ils ont écrit, « L’objectif probable de M. Poutine n’était pas difficile à imaginer. Il semble réagir à la déposition la semaine dernière du gouvernement pro-Kremlin en Ukraine avec un ancien et ignoble procédé russe : provoquer une rébellion séparatiste dans un Etat voisin, en se servant de ses propres troupes si nécessaire. »
Dimanche, la rédaction néo-conservatrice du Post a « énoncé les conséquences » pour Poutine et la Russie qui consistent pour l’essentiel en la proposition d’une nouvelle Guerre Froide. Le Post a moqué Obama pour sa présumée mollesse à l’égard de la Russie et a laissé entendre que le prochain « changement de régime » devait intervenir à Moscou.
Robert Parry
http://consortiumnews.com/2014/03/02/what-neocons-want-from-ukraine-crisis/
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