dans le métier par des escroqueriers aux trousseaux et au vin, puis font tapiner quelques filles pour le compte des frères Atlan, chefs de file de la communauté pieds-noirs de Paris. Une fois dans le bain, les « Z » se détachent petit à petit de la houlette des Atlan et se mettent à leur compte, faisant toujours dans le tapin et organisant aussi un trafic de femmes en partance pour les Eros Center allemands.
Soudés, les Zemmour tirent leur force de leur complémentarité et de leur union fraternelle. William, l’aîné des trois, est le chef de la bande. Gilbert, lui, est organisé et dur en affaire. Quand à Edgard, c’est un fou furieux. Chaque jour, des rapatriés d’Algérie arrivent à Paris et grossissent la communauté pieds-noirs. Parmis eux, bon nombre de truands. Et ces nouveaux venus préfèrent se ranger du côté des Zemmour, la valeur montante du Faubourg Montmartre (haut-lieu de la prostitution), plutôt que chez les Atlan ou les Perret, dont le déclin est amorcé.
Mais bien que les « Z » soient désormais réputés à Paris, ils n’ont pas encore véritablement percés. Trop de fratries pieds-noirs dans le IXe. Et la plus génante, c’est celle des Atlan, suivit de près par les Perret.
Dès lors les Zemmour décident de se charger de ces personnes génantes. Le 2 octobre 1965, Sion Atlan est abattu dans un café-restaurant. Les regards se tournent vers les Perret, et les Zemmour font tout pour que la rumeur circule dans tous les coins de la capitale. Le plan marche : durant l’année 1966, les vengeurs de Sion Atlan mitraillent les deux frères Perret (sans concéquence) et tuent deux de leurs associers. Entre temps, le 2 décembre 1966, c’est le second Atlan, René, qui est tué. Appeurés et vieillissants, les Perret se retirent et vont s’installer dans l’ouest de la France. La voie est libre. Les Zemmour sont les nouveaux maîtres du Faubourg Montmartre.
Les Dalton parisiens
Les « Z » tranquilles, ils investissent dans le IXe, puis sortent des limites de leur arrondissement et deviennent les maîtres de toute la prostitution parisienne, contrôlants hôtels de passe, bars à putes et cabarets. Avec les bénéfices tirés du proxénétisme, ils investissent dans un Eros Center de Francfort et dans l ?immobilier à Paris.
William, marié, mène en apparence une vie rangée mais continue de diriger le clan, avec son frère Edgard. Celui-là aime à flamber, et le monde d’argent et de violence qu’est le milieu lui plaît. Gilbert fait, lui, bande à part. Marié et père de deux enfants, il est en quête d’honnorabilité et aimerait s’extraire de sa condition de voyou. Pour cela, il se met à acheter des affaires légales. Devenu un homme d’affaire avisé, il tient un restaurant et possède des parts dans trois night-club parisiens. Puis en 1970, il part vivre au Canada, se retirant ainsi complètement du milieu, et y monte une grosse compagnie immobilière. La fortune est au rendez-vous.
Avant cela, ne possédant qu ?un petit club de jeu à Montmartre (le Bridge Club), les Zemmour veulent se faire une place dans le jeu parisien. C ?est dans ce but qu ?ils se sont rapprochés de Marcel Francisci. En 1967, ils poussent ce dernier à relancer les hostilités contre son rival Jean-Baptiste Andréani. En plus d ?être lui aussi un roi du jeu parisien, il a eut l ?affront de refuser l ?aide que leur proposaient les frères pieds-noirs, préférant celle des deux frères Panzani. De la fin 1967 à l ?automne 1968, six corps tomberont. Et au final, les Zemmour se sépareront de Francisci.
Par ailleurs, les ?Z ? fournissent avec leurs associés Riwen Liwer et Roger Bacry des colleurs d ?affiches et des agents électoraux aux candidats gaullistes, ce qui leur permet d ?avoir des protections jusqu ?au début des années 70. Vers ce moment, William et Edgard tentent une implantation en Israël, en association avec les frères Abitbol. Ils veulent ouvrir des boîtes à Tel-Aviv, mais cette tentative est un échec. Ils abandonnent l’idée en 1972.
Pieds-Noirs contre Pseudo-Siciliens
En 1970, un membre du clan Zemmour, Roger Bacry, dit Petit Roger, propose aux « Z » de faire dans la came. Ces derniers refusent. Bacry, avec ses copains de la banlieue sud, dont entre autres Jean-Claude Vella, Marcel Gauthier et Daniel le Polonais, fait sécession et monte sa propre filière en association avec André Condemine. Le trafic tourne mal et la filière est démantelée. Bacry et compagnie reviennent penauds chercher du travail chez les Zemmour, qui rejettent leur réintégration. Dès lors, ils vont trouver du soutient chez des truands lyonnais, et se font appeler le « gang des siciliens ».
Les hostilités commencent en 1973. Le premier a tomber est Raphaël Dadoun, fidèle des « Z ». Pour cette seule année 73, on compte dix morts. En 1974, Bacry se suicide. Vella et Gauthier sont abattus respectivement en 1975 et en 1976. Le 2 février 1975, une fusillade au bar Laetitia visant les frères Panzani fait quatre blessés et un mort. Cette même année voit se dérouler un épisode des plus tragiques pour les Zemmour : le 28 février, William, Edgard et deux amis doivent s’expliquer avec des membres de la bande adverse au bar Thélème. La police, avertit, prévoit une fusillade et aperçoit les parrains parisiens. Dès lors, elle décide d’intervenir. Edgard les a vu et prévoit la riposte. Les policiers entrent dans le bar et tirent sans sommation. La fusillade fera deux morts : William et son garde du corps Joseph Elbaz. Edgard, lui, est grièvement blessé. Les combats s’étaleront jusqu’à la fin des années 70 et auront fait au total près de trente morts.
C’est le début de la fin pour les « Z ». Gilbert perd ses établissements parisiens ainsi qu’une partie de sa fortune du Canada. Les bien immobiliers de la prostitution qui étaient géré par William ferment, font faillites, sont rachetés... En 1976, une fois rétablit et après quelques mois de préventive, Edgard part se mettre au vert à Miami. Là-bas, il ouvre un restaurant et, acculé à la faillite, y met le feu.
En 1981 Edgard est de retour à Paris. Il veut récupérer un million de dollars que lui devrait Marcel Francisci. Ce dernier, menacé de mort, ne prend pas les menaces au sérieux. Pourtant, le 14 janvier 1981, il est abattu dans son parking. Edgard est innocenté mais préfère repartir vivre à Miami. Cela ne l’empêche pas, le 8 avril de la même année, d ?être tué dans sa villa de quatre coups de feu tirés par un tireur armé d ?un fusil à lunette caché à quatre cent mètres de là. Ce serait un ami de Francisci d ?un poids important au sein du Milieu, Paul Mondoloni, qui aurait envoyé l ?un de ses lieutenants, Gilbert le Libanais, abattre Edgard Zemmour. Le 28 juillet, c’est Gilbert qui s’écroule, abattu à Paris alors qu’il promène ses caniches.
À lire : « Les Derniers Seigneurs de la Pègre » de Le Taillanter.
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