Nous croyons que c’est précisément la Nouvelle Allemagne [nationale-socialiste] qui peut, par une résolution audacieuse dans le traitement de la question juive, faire un pas décisif en vue de la résolution d’un problème, qui en vérité, devra être traité avec la plupart des peuples européens ...
Notre reconnaissance de la nationalité juive réclame une relation claire et sincère avec le peuple allemand et ses réalités nationale et raciale. Précisément parce que nous ne souhaitons pas falsifier ces fondements, parce que nous aussi sommes contre les mariages mixtes et pour le maintien de la pureté du groupe juif, et rejetons tout empiétement dans le domaine culturel, nous pouvons — ayant été élevés dans la langue et la culture allemandes — trouver intérêt aux travaux et valeurs de la culture allemande, avec admiration et sympathie ...
Pour ses objectifs pratiques, le Sionisme espère être capable d’obtenir la collaboration même d’un gouvernement fondamentalement hostile aux Juifs, parce que pour résoudre la question juive les sentiments ne comptent pas, mais seul un réel problème dont la solution intéresse tous les peuples et actuellement, particulièrement le peuple allemand ...
La propagande pour le boycott — tel qu’il est actuellement pratiqué contre l’Allemagne sous de nombreuses formes — est par essence parce que le Sionisme ne désire pas l’affrontement mais [désire] convaincre et construire ...
Nous ne sommes pas aveugles au fait que la question juive existe et continuera à exister. De cette situation anormale, des désavantages sévères résultent pour les Juifs, mais aussi des conditions à peine tolérables pour d’autres peuples.
Le journal de la Fédération, la Jüdische Rundschau (« Revue Juive »), proclama le même message : « Le Sionisme reconnaît l’existence d’un problème juif et désire une solution constructive et à long terme. Dans ce but, le Sionisme souhaite obtenir l’assistance de tous les peuples, qu’ils soient pro- ou anti-juifs, parce que de son point de vue, nous avons affaire ici à un problème concret plutôt que sentimental, dont la solution intéresse tous les peuples. » Un jeune rabbin de Berlin, Joachim Prinz, qui s’installa plus tard aux Etats-Unis et devint le leader du Congrès Juif Américain, écrivit en 1934 dans son livre, Wir Juden (« Nous, Juifs »), que la révolution nationale-socialiste en Allemagne signifiait « la Judaïté pour les Juifs ». Il expliqua : « Aucun subterfuge ne peut nous sauver à présent. A la place de l’assimilation, nous désirons un nouveau concept : reconnaissance de la nation juive et de la race juive. »
Collaboration active
Sur la base de leurs idéologies similaires pour l’ethnicité et la nationalité, les Nationaux-socialistes et les Sionistes travaillèrent ensemble pour ce que chaque partie pensait être son propre intérêt national. En conséquence, le gouvernement de Hitler appuya vigoureusement le Sionisme et l’émigration juive en Palestine de 1933 à 1940-41, lorsque la Deuxième Guerre Mondiale empêcha une collaboration poussée. Même lorsque le Troisième Reich se ferma davantage, de nombreux Juifs allemands, probablement une majorité, continuèrent à se considérer, souvent avec une grande fierté, comme des Allemands avant tout. Peu furent enthousiasmés par la perspective de se déraciner pour commencer une nouvelle vie dans la lointaine Palestine. Cependant, de plus en plus de Juifs allemands se convertirent au Sionisme pendant cette période. Jusqu’à la fin de 1938, le mouvement sioniste s’épanouit en Allemagne sous Hitler. La diffusion du bimensuel de la Fédération Sioniste Jüdische Rundschau augmenta énormément. De nombreux livres sionistes furent publiés. « L’activité sioniste était en plein essor » en Allemagne pendant ces années, note l’Encyclopaedia Judaïca. Une convention sioniste se tint à Berlin en 1936, reflétant « dans sa composition la vie vigoureuse du parti des Sionistes allemands ».
La SS fut particulièrement enthousiaste dans son appui au Sionisme. Une circulaire interne SS de juin 1934 recommandait un appui actif et de grande ampleur au Sionisme, de la part du gouvernement et du Parti, comme la meilleure manière d’encourager l’émigration des Juifs d’Allemagne en Palestine. Cela nécessitait une plus forte prise de conscience des Juifs. Les écoles juives, les associations sportives juives, les associations culturelles juives — bref, tout ce qui pourrait encourager cette nouvelle perception et prise de conscience — devaient être encouragées, recommandait la circulaire.
L’officier SS Leopold von Mildenstein et le représentant de la Fédération Sioniste Kurt Tuchler partirent ensemble en Palestine pour six mois, afin d’évaluer le développement du Sionisme dans ce territoire. Se basant sur ses observations de première main, Von Mildenstein écrivit une série de douze articles illustrés dans l’important quotidien berlinois Der Angriff [le journal lancé par Goebbels en 1927, NDT], qui furent publiés à la fin de 1934 sous le titre « Un Nazi voyage en Palestine ». Les articles exprimaient une grande admiration pour l’esprit pionnier et les réalisations des colons Juifs. Le développement du Sionisme, écrivait Von Mildenstein, avait produit une nouvelle sorte de Juif. Il faisait l’éloge du Sionisme comme étant un grand bienfait pour le peuple juif et pour le monde entier. Un foyer national juif en Palestine, écrivait-il dans son dernier article, « montre la voie pour guérir une blessure vieille de plusieurs siècles sur le corps du monde : la question juive ». Der Angriff fit frapper une médaille, avec une svastika sur une face et une étoile de David sur l’autre, pour commémorer la visite conjointe SS-Sioniste. Quelques mois après la parution des articles, Von Mildenstein fut promu à la tête de la Direction des Affaires Juives du Service de Sécurité SS (SD), avec l’objectif de soutenir plus efficacement l’émigration et le développement sionistes.
Le journal officiel SS, Das Schwarze Korps, proclama son appui au Sionisme dans une page éditoriale en mai 1935 : « Le temps pourrait ne plus être très éloigné, où la Palestine pourra à nouveau recevoir ses fils égarés pendant plus d’un millier d’années. Nos meilleurs voeux, joints la bienveillance officielle, les accompagnent. » Quatre mois plus tard, un article similaire parut dans le journal SS :
La reconnaissance du Judaïsme comme une communauté raciale basée sur le sang et non sur la religion conduit le gouvernement allemand à garantir sans réserves la séparation raciale de cette communauté. Le gouvernement se trouve en parfait accord avec le grand mouvement spirituel à l’intérieur du Judaïsme, nommé Sionisme, avec sa reconnaissance de la solidarité juive dans le monde et dans son rejet de toute notion assimilationniste. Sur cette base, l’Allemagne prend des mesures qui joueront sûrement un rôle significatif dans le futur, pour la prise en main du problème juif dans le monde.
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