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Christian Labrune 13 décembre 2017 18:35
Christian Labrune

@Homme libre
Ce qui m’amuse beaucoup, c’est qu’il est très probable, les progrès concernant l’intelligence artificielle étant de plus en plus rapides, qu’on arrive sinon dans la troisième décennie de ce siècle comme le prévoient beaucoup de spécialistes, du moins avant le milieu du siècle, à ce point très particulier déjà défini par Von Neumann dans les années 50, par le terme de « singularité » que les transhumanistes ont beaucoup utilisé ces dernières années.

La singularité, c’est le moment où l’intelligence de la machine est au même niveau de complexité que celle de son créateur. Elle peut à partir de ce moment-là décider toute seule des transformations qu’il faut qu’elle s’impose au plan du hard comme au plan du soft pour devenir encore plus intelligente. Comme on sait que la loi de Moore qui prévoit tous les dix-huit mois le doublement du nombre des portes logiques dans un circuit intégré continue encore à se vérifier, et qu’il est impossible de dire que nous soyons vraiment plus intelligents que les contemporains de Platon, cela veut dire qu’après quatre ou cinq ans d’évolution à partir de ce point, la distance qui séparera une IA forte de l’homme sera bien plus considérable que celle qui sépare actuellement homo sapiens des animaux les plus intelligents.

On pourra bien un peu « augmenter » l’homme, lui installer des puces dans la boîte crânienne, on travaille déjà très activement là-dessus, mais ces sortes de bricolages ne pourront jamais donner à un organe biologique la même rapidité et la même efficacité qu’à des systèes artificiels indéfiniment complexifiables. Autrement dit, l’intelligence et toute la culture du monde aura déjà migré sur un autre support, non-biologique. La fin très prochaine de l’espèce homo sapiens est donc à peu près certaine. En tout cas, on pourra bien la maintenir en réserve, pour mémoire, dans des sortes de zoos comme celui de Vincennes, mais elle aura perdu la mainmise sur la gestion de la planète.

« C’est déjà foutu », disait hier le pauvre Macron qui en est resté à la même vision du monde que Thatcer et qui se croit encore dans un XXe siècle éternel. Ben oui, c’est foutu, mais les systèmes artificiels qui vont probablement assez vite nous remplacer supporteront très bien un réchauffement de quelques dizaines de degrés et une montée de plus de cent mètres du niveau des océans.

Il y a déjà beaucoup de gens qui savent cela, il va bien falloir qu’à un moment ou à un autre ce soit clairement exposé, même si ça fait peur aux grands singes que nous sommes condamnés à demeurer.



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