@Paul Leleu
Ces tranchées de la fraternité
De nombreux soldats ont sympathisé sur le front à Noël 1914. Pour le cinéaste Christian Carion, cent ans plus tard, il est temps de leur faire honneur :
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En 1992, j’ai découvert les fraternisations de Noël 1914, dans le livre d’Yves Buffetaut, Batailles de Flandres et d’Artois (Tallandier, 1992). J’apprends que des soldats français ont applaudi un ténor bavarois le soir de Noël, que d’autres ont joué au football avec les Allemands le lendemain, qu’il y a eu des enterrements en commun dans le no man’s land, des messes en latin.
Je n’ai pas voulu le croire, pas pu. J’ai rencontré l’auteur et lui ai demandé des preuves. Il m’a emmené à Londres, au Musée de la guerre, et m’a présenté les lettres écrites par les soldats britanniques, leurs croquis et photos… J’en ai eu les larmes aux yeux. Quel choc ! Sans doute les tommys pouvaient-ils se permettre une telle récréation, car ils ne se battaient pas sur leurs terres pour reconquérir des provinces perdues.
Le doute achève de s’évanouir après ma visite au château de Vincennes, aux archives des armées françaises. Yves Buffetaut m’a permis d’accéder aux témoignages des soldats français qui ont pris part à ces fraternisations. Non sans difficultés à l’époque, il faut le dire. Clairement, sans la connaissance qu’avait l’historien des us et coutumes de ces lieux placés sous l’autorité de militaires, je n’aurais jamais pu lire les rapports et les comptes rendus.
J’ai complété ma documentation en me rendant à Nanterre, où se trouvent les archives de l’armée allemande de la première guerre mondiale, dans les murs de la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC). Les documents consultés exprimaient le même désir de se rencontrer, de chanter le soir de Noël, d’échanger des adresses pour se revoir après la guerre…
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