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Étienne Chouard 17 mai 2006 11:37
Étienne Chouard

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Je suis assez d’accord avec vous, Gil, mais reconnaissez que l’argument est réversible et vaut autant pour le risque sur l’emploi que pour le risque financier :

en liquidant une entreprise, les actionnaires ne risquent pas leur propre emploi et peuvent donc prendre des décisions inconsidérées, pour les mêmes justes raisons que vous soulignez fort bien.

Les actionnaires sont de plus en plus éloignés des entreprises qu’ils possèdent, le lien entrepreneurial devient souvent complètement théorique, et ils semblent inconscients du mal qu’ils font (à de vrais humains) en étant trop exigeants financièrement.

Leur exigence financière devient ainsi la source quasi directe de l’oppression (au sens strict du terme) des salariés de l’entreprise appauvrie par le prélèvement excessif. Ça tient, certes, l’entreprise survit, mais au prix d’innombrables sacrifices et souffrances de ceux qui n’ont pas pris la décision d’appauvrissement (distribution de gros dividendes). Ce n’est pas théorique, ça, c’est très concret.

Et ça ne vous gêne pas ?

Cette remarque est pourtant dans le droit fil, mais simplement inversé en miroir, de votre bonne idée.

Je trouve injuste que seul le risque financier donne du pouvoir, (je ne dis pas qu’il ne doit pas en donner du tout), alors que le fait de travailler devrait en donner aussi, parce que les souffrances subies par ceux qui bossent, au boulot et en perdant leur boulot, ne devrait pas compter pour rien.

Ce n’est pas marxiste, ça : je cherche un équilibre, un moyen de réguler l’appétit du lion... C’est modéré.

Mais c’est vrai que, du point de vue du lion, ça doit paraître extrême... Mais la société des hommes doit-elle s’organiser selon les seules vues du lion ?

Mais vous avez raison : avec ce droit qu’on donnerait aux travailleurs, il faudrait sans doute donner aussi une part de responsabilité supplémentaire à la perte de l’emploi, imposer une sorte de participation au naufrage en cas d’erreur de décision, pour que toute décision soit pleinement responsable.

Est-ce que nos points de vue peuvent se rapprocher ?

Ou bien est-ce que c’est TOUT pour la propriété et rien que pour la propriété... et tant pis pour ces salauds de pauvres ?

Amicalement.

Étienne.



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