A bas les experts ?
La démocratie participative doit nous enthousiasmer : elle valorise les expériences de chacun, souvent riches d’enseignements, elle remet le citoyen au centre et elle permet au politique de reprendre contact avec lui.
Il reste qu’il est nécessaire de la vivre intelligemment et pleinement. La participation ne peut être complète que dans un esprit d’ouverture à l’autre. Sans cela, elle risque de se résumer à l’expression juxtaposée d’ego surdimensionnés. Participer, c’est parler, c’est aussi écouter.
La réaction violente du premier article de Bernard Dugué au lancement de Terra Nova est symptomatique d’un mode de participation fermé. Ingénieur de l’Ecole nationale supérieure des Mines, titulaire de deux doctorats, il se présente comme « scientifique, philosophe », mais nie aux intellectuels le droit de s’exprimer, de lancer des initiatives.
Comment réinventer la gauche alors ? Uniquement avec les citoyens dénués d’expertise ? Mais y en a-t-il d’ailleurs ? Non, nous sommes d’accord. Il faut rassembler tous ceux pleins de bonne volonté, ceux qui ont l’expérience du quotidien, et ceux dont le travail est, précisément, d’analyser la société. Vraisemblablement, à y regarder d’un peu plus près, c’est l’ambition de Terra Nova.
Leur conseil d’orientation scientifique rassemble les personnalités les plus reconnues de l’espace intellectuel français, c’est un fait. Mais est-ce blâmable ? En toute bonne foi, on peut reconnaître que les idées de Philippe Askhenazy sur le Smic ou de Pascal Savidan sur l’égalité des chances sont plutôt novatrices, et que le travail collectif de tels chercheurs sur des propositions politiques ne serait pas dénué d’intérêt… Il n’empêche, c’est vrai, leur travail, s’il n’était pas confronté à l’expérience de la population dans son ensemble, pourrait trouver des limites. Dans ses inspirations comme dans ses conclusions. Aussi Terra Nova a-t-elle d’ores et déjà ouvert des forums, où chacun peut proposer des sujets de réflexion et réagir aux publications produites.
Ce « think tank », comme on dit, semble ouvert sur l’international. Est-ce un mal ? Parce qu’il y a des ratés à l’étranger, on ne devrait pas regarder ce qui a pu y marcher ? Drôle de raisonnement. Si l’on s’inspirait de la politique de Ken Livingstone pour soulager la grande pauvreté, serait-on obligé de répliquer les erreurs qu’a portées la Troisième Voie, et que ses inspirateurs mêmes ont reconnues ? A l’évidence non.
Un conseil donc : soyons ouverts ! Comme Terra Nova qui va jusqu’à faire de la pub sur son site pour ce que d’aucuns appelleraient ses concurrents... Travaillons sans esprit d’exclusivité, exprimons-nous et écoutons-nous, saisissons-nous des nouveaux outils qui nous sont offerts, et faisons de Terra Nova un lieu d’échanges citoyens. Parce que ça dépend de nous tous.
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