A intégrer !
Quand un mot me paraît compliqué, avec des conceptions et des interprétations qui vont dans tous les sens, mon premier réflexe est d’aller voir le dico.
Intégrer (v. trans.) : faire entrer dans un ensemble ; inclure.
Hum ! Very interesting.
Il y a donc un ensemble avec des gens dedans et des gens dehors.
Autant je comprends que les étrangers qui viennent du dehors peuvent être considérés comme à intégrer autant j’éprouve quelques difficultés avec les bébés qui naissant en France.
S’ils naissent en dehors de l’ensemble et qu’ils sont en attente d’intégration, la question qui se pose est évidemment : Où sont-ils maintenant ?
Avec ma sempiternelle méfiance vis-à-vis des sens des mots, je constate que les jolies phrases du genre « je veux t’aider à t’intégrer » ont pour premier effet de mettre l’heureux élu en dehors de l’ensemble.
Poussant l’enquête un peu plus loin, vu que l’ensemble en question semble être assez mal défini, il suffit de prendre le problème à l’envers et de se pencher sur les bébés dans les maternités qui ont été étiquetés « à intégrer » :
Un bébé catholique bien gaulois : A intégrer ? Non sens Total. Humour de mauvais goût.
Un bébé protestant ? C’est à nous ça. Rien à intégrer.
Un bébé d’athée ? Intégré d’office depuis la fin du moyen âge.
Un bébé juif : Pareil que pour les bébés d’athées.
Un bébé italien, espagnol, un allemand… : Intégrés d’office.
Un bébé de nazi, de facho : Intégré.
Un bébé de communiste stalinien pour la dictature du peuple et tout ça : Intégré.
Un fils de monarchiste : C’est totalement intégré à la république ça.
Un bébé de chinois : Euh… ! Ca s’intègre tout seul.
Un bébé noir : Ah oui, à intégrer ça.
Un bébé arabe : à intégrer d’office.
Voilà donc les choses devenues plus claires. El hamdou lillah.
C’était bien la peine tout ce ramdam sur l’identité Nationale !
Nul besoin, comme dirait Groucho Marx, d’un enfant de 5 ans. Les bébés suffisent.
Je connais la France pour y avoir passé quelques années. Je sais que les Français, côté valeurs, ne partagent presque rien. Il y a, comme partout ailleurs, du bon et du mauvais. Mais la France est un pays où, pour le moment, côté valeurs, ce sont les bons qui gagnent.
Les bébés « à intégrer », malgré ce petit handicap, devraient être conscients de leur chance de vivre dans un tel pays. Nul pays n’est parfait.
S’ils acceptent cette étiquette, ils acceptent d’être nulle part dans leur propre pays.
La sagesse n’impliquerait-elle pas aux bébés « à intégrer » de se définir et d’agir en fonction de ceux qui les voient dans l’ensemble plutôt que ceux qui les voient en dehors ?
Au fond, sur les plans des valeurs, qui y a-t-il de plus désintégré en France que ceux qui voient des Français non Français ? N’est-ce pas ceux là qui sont en dehors de la république ?
Le monde des mots et de l'esprit est vraiment bizarre. En quelques foulées, on peut désintégrer des intégrés et des intégrateurs tout en intégrant des désintégrés.
Je ne suis pas Français, je ne vis pas en France. Personnes ne cherches à m’intégrer et je ne demande pas à être intégré. Pourtant, côté valeurs, je me sens plus intégré à la France qu’à mon propre pays. Je n’arrive franchement pas à comprendre comment des Français réussissent à se sentir « à intégrer » dans leur propre pays. L'un deux peut-il m'expliquer ?
Et comme dirait Confucius :
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