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A quand la gauche décomplexée ?

Il me semble que « les temps sont difficiles » comme disait le poète et que nous devrions mesurer toute l’absurdité de nos intolérances réciproques. Ce sont nos divisions qui sont rendues responsables de la disparition programmée de la pensée de gauche, communiste ou pas, comme force influente de la vie politique dans notre pays. Mais ces divisions ont bien une origine qui est la diversité de nos approches politiques et de nos fondements idéologiques, qui pour certains sont le refus des idéologies.

Sombre bilan :

Il me semble que « les temps sont difficiles » comme disait le poète et que nous devrions mesurer toute l’absurdité de nos intolérances réciproques. Ce sont nos divisions qui sont rendues responsables de la disparition programmée de la pensée de gauche, communiste ou pas, comme force influente de la vie politique dans notre pays. Mais ces divisions ont bien une origine qui est la diversité de nos approches politiques et de nos fondements idéologiques, qui pour certains sont le refus des idéologies.

De la « bravitude » socialiste à la lamentitude « antilibérale » nous n’avons pas encore touché le fond. Nos misérables batailles en vue des législatives continuent à porter sur le choix des personnes et plus personne ne « fait de la politique » autrement que pour la recherche de 1,66 euros par électeur racolé !

Les militants zélés du vote blanc ou nul, nombreux issus de nos rangs, ont réussi à franchir la barre des quatre pour cent et ont fait la différence. En refusant de choisir leur adversaire demain et en imposant au peuple le choix du pire, ils seront demain peut-être les juges sévères de la gauche qui voudra se reconstruire.

UN ETERNEL DEBAT MAIS QUI SE DEGRADE :

Depuis les controverses de Marx et Bakounine nous savons la diversité, les oppositions parfois rudes, mais aussi la nécessaire union dans les luttes de tous les porteurs d’espoir et le débat qui les opposait est sans fin ; nous en vivons une nouvelle étape, avec cette différence que les héritiers des uns et des autres se sont singulièrement éloignés de la réflexion théorique qui fonde la cohérence de toute action et l’attractivité des courants qui les supportent.

Il est dans « l’air du temps » de dénigrer toute réflexion théorique, voire de « placardiser » ou censurer les textes dérangeants qui seraient des « obstacles à l’action »... Contribuer à la réflexion est immédiatement perçu comme « donner une leçon », décourageant même nombre de ceux qui, en privé, savent dire leur ressenti et leurs inquiétudes. Il est mieux vu d’adopter une sorte de zéro-attitude qui serait un avatar de la « politique autrement » réservée aux membres d’une chapelle. Mais la chapelle est restée singulièrement vide au soir du 6 mai 2007, autant dans sa nef centrale, n’atteignant pas les cinq pour cent d’occupation, que dans les cryptes des groupuscules finissant leur extinction pour cause d’anorexie idéologique...

A la vieille question « que faire ? », la réponse est pourtant invariable : de la politique, camarade, avec la double nécessité d’une présence dans toutes les luttes (y compris dans les urnes, ce qui invalide certaines postures) et d’une réflexion pour définir ce monde dans lequel nous souhaitons vivre demain.

- Il est vrai que les luttes « ça use », d’échec en échec, sans même la perspective d’une utopie à construire. La forme défensive s’impose face à un ordre antisocial et autoritaire, mais la seule défense n’a jamais fait gagner aucune bataille.
- Alors le projet politique camarade ? Sur quelle base ? Il est vrai que l’idéologie c’est fatigant, c’est polémique, ça use de l’encre, ça divise, ça rebute, mais ca consolide aussi notre détermination en même temps que ça rend visible, lisible, crédible, souhaitable, notre perspective pour un autre monde possible.

Souvenons-nous que si la fée de Vendée a tenté de nous vendre un parfum, « désir d’avenir », et un mythe creux, « la France Présidente », son adversaire, lui, a fait de la politique, avec le projet très structuré de la « Nouvelle Droite » inspiré aussi par l’Institut Montaigne représentant les intérêts du Medef. Il nous a vendu une « droite décomplexée ». Décomplexée jusqu’au rejet des héritages de deux siècles d’humanisme, souvent trahis déjà mais jamais si frontalement remis en cause... La barbarie est à nos portes et possède son programme, ses ambitions, ses hommes et ses transfuges parfois issus de nos propres rangs ou d’alliés d’hier. La « droite décomplexée » est arrivée même à vendre son programme à des millions d’hommes et des femmes qui en seront demain les premières victimes !

Ceux-là qui forment la droite décomplexée lisent, pensent, connaissent l’histoire et n’ignorent pas la nature réelle du rapport de classe et du rapport de force. Ils connaissent le moment nécessaire de l’intervention de la force répressive pour la défense de leurs intérêts éventuellement menacés. Ils ont essayé de nous vendre « le libéralisme autrement » en s’accaparant le « Tous ensemble, tout devient possible », mais c’est bien le capitalisme et l’ordre autoritaire qui sont aux commandes.

DEMAIN COMMENT ?

Parce que nous ne « faisons plus de politique » autrement que par la projection fantasmatique « d’un autre monde possible » dont l’utopie est privée même de ses racines, nous allons aussi perdre les législatives et voir se détourner de nous, plus encore, six millions de précaires et toutes les victimes des injustices sociales qui auront payé déjà le prix fort de nos trahisons successives, aussi coupables au fond que celles de la social-démocratie, à laquelle nous ressemblons tellement, par notre manque d’ambition programmatique. Le péril d’une droite extrême devenue populaire est bien présent, porteur de ses haines et de son autoritarisme.

- Ce n’est pas un hasard si le slogan le plus porteur de cette campagne à gauche a été : « Nos vies valent plus que leurs profits », car il touche à l’essentiel, à l’individuel autant qu’au collectif. Le rêve d’être respecté comme individu y rejoint le nécessaire bouleversement de l’ordre du monde.
- Ceux qui entendent ce slogan savent qu’il s’adresse au monde tout entier et que si « le monde doit changer de base », ce ne peut être qu’au Nord comme au Sud à la fois, ce ne peut être qu’avec une appropriation des moyens de production et de répartition des richesses, ce ne peut être que par la fin des exploitations et des prédations sur toute la planète.
- Ceux qui entendent ce slogan savent le nécessaire renversement de la gouvernance mondiale de l’ordre capitaliste et impérial, ils savent l’illégitimité des institutions nationales ou internationales et l’importance des solidarités internationalistes pour que change enfin l’ordre des choses.
- Ceux qui entendent ce slogan comme un juste écho de leur pensée propre savent la nécessaire structuration de nos forces, qui ne peuvent se réduire à une juxtaposition « d’ego » protégeant leur privilège individuel. C’est à eux que s’applique vraiment le slogan « Ensemble tout devient possible » perverti par notre adversaire principal du moment.
- Ce « Tous ensemble », c’est une autre « Internationale » qui reste à construire sur tous les continents et qui ne peut se résumer ni se reconnaître vraiment dans le minimum altermondialiste actuel sans rupture avec une pensée réformiste dont le bilan est déjà désastreux. Les vrais altermondialistes, sur tous les continents, savent qu’il faut répondre aux aspirations des « damnés de la terre » qui n’ont jamais été aussi nombreux, mais qui n’ont jamais aussi été autant informés des mécanismes de leur servitude intolérable.

L’heure est à la renaissance « de la politique », dans les luttes inévitablement, mais aussi dans une bataille idéologique perdue chez nous, mais qui anime d’autres régions de la planète, en Amérique du Sud ou en Orient, qui contestent l’ordre impérial du capitalisme mondialisé. Il n’y a pas d’autre issue, sauf à consentir à une servitude prolongée des peuples et à l’extension de la violence et de la misère.

Dans cette nécessaire reconstruction de la gauche nous serons nos pires adversaires, les uns envers les autres, si nous ne sortons pas d’une culture de la stigmatisation, de la recherche d’autojustification permanente, du refus du débat d’idée, des règlements de compte en relation avec le passé et les désenchantements de chacun.

Est-il encore possible de croire que ce qui nous rassemble peut être plus essentiel que ce qui nous différencie ? Est-il encore possible de croire que nous serons les plus nombreux à accepter l’idée de différences irréductibles entre nous qui ne sont pas sources d’incompatibilité mais d’enrichissement ?


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17 réactions à cet article    


  • LE CHAT LE CHAT 21 mai 2007 10:49

    la gauche décompléxée existe , c’est le petit facteur qui a fait je trouve la meilleur campagne à gauche sur ses idées et ses valeurs . Dommage pour lui que l’appel au vote utile l’ai mis en dessous des 5% , mais sans conséquences car il avait pas jeté l’argent par les fenêtres pour sa campagne .On reparlera de lui je pense une fois que le ps aura éclaté


    • arturh 21 mai 2007 13:00

      Bien sûr, il va nous amuser avec ses slogans sympas pour éviter de nous demander pourquoi son patron, Alain Krivine, se réjouissait de la victoire des Khmers Rouges au Cambobge d’où revient l’auteur de cet article.


    • LE CHAT LE CHAT 21 mai 2007 13:14

      même si je partage pas toutes ses idées loin de là , lui au moins il est sincère et lisible pour l’electeur . et en plus , c’est un des rares salariés dans ce microcosme envahi par les professionnel de la politique !


    • arturh 21 mai 2007 13:50

      Sincère Besancenot ? Il était pas né que le programme de son parti était déjà écrit : qu’Alain Krivine soit le chef. Les ficelles de la marionnette sont tellement grosses que je les vois dès que je le vois et en plus je connais le marionnettiste !

      Une marionnette sincère ? C’est quoi ?

      Au spectacle de marionnette, seuls les enfants sont sincères.


    • LE CHAT LE CHAT 21 mai 2007 14:01

      S’il était la seule marionette de ce triste théatre ! de l’ump au ps en passant par le centre , nombreux sont les marionettes du medef et des lobbies financiers mondialistes .


    • arturh 21 mai 2007 15:36

      Je comprends que vous regrettiez la chûte du Mur de Berlin....


    • iliaval iliaval 21 mai 2007 19:48

      Ca, c’est fin ! On peut être marxiste en haïssant Staline et sa clique et on peut revenir du Cambodge, sans être un fana des Khmers Rouges... Cette manie des sarkolâtres de tout amalgamer pour nous faire croire que les idées de gauche et d’extrême-gauche sont ringardes. Quand on voit les idées développées par le Nabot dans son « programme » politique : augmentation du temps de travail, cadeaux fiscaux aux plus riches, sanctions pénales très dures pour les mineurs et les premiers délits, homosexualité et pédophilie génétiques (et pourquoi pas la pauvreté, le chômage aussi ?), repérage des délinquants dès la maternelle, voire la crèche... Que du frais, du léger, du moderne ! On pourrait y ajouter une remise en service de l’ORTF et du ministère de l’information, du bagne (on a encore la Guyane), de la peine de mort (que des mesures de droite décomplexée). Qu’en pensez-vous ? Ca serait assez moderne et anti-communiste pour vous ?


    • Nicolas Nicolas 21 mai 2007 19:51

      « lui au moins il est sincère »

      Ouais, Hitler aussi...


    • Fred 21 mai 2007 11:01

      heureux de voir qu’il existe des gens de la classe supérieure (chirurgien) qui n’ont pas sombré dans l’horreur de la dictature de droite

      Bravo


      • Francis, agnotologue JL 21 mai 2007 11:24

        Excellent texte, qui pose très bien LE problème.

        La mondialisation libérale est devenue une machine folle qui détruit la planète et les hommes.

        Seuls quelques privilégiés (? !) en tirent profits. Mais ils tiennent aussi les commandes.

        « Machiavel postule que le déterminant principal des activités du Prince est la conquête et la conservation du pouvoir, de même l’homme d’affaire, pour rester tel, est condamné à faire de la rentabilité des capitaux placés sous son contrôle une priorité absolue, au détriment de toute autre considération et d’éventuelles autres préférences politiques, morales, techniques ou religieuses. »"(*)

        Et Baudrillard : « le contraire de la loi ce n’est pas l’absence de lois, c’est la règle. La règle, au contraire de la loi ne peut être transgressée ni par le prince, qui ne le serait plus, ni par l’homme d’affaire qui serait ruiné ».

        Mais nous les peuples, nous ne sommes tenus par aucune de ces règles, et « nos vies valent mieux que leurs profits ».

        (*)in « Portrait de l’homme d’affaire en prédateur » éd. La Découverte.


        • Francis, agnotologue JL 21 mai 2007 11:36

          Petite correction : quand l’homme d’affaire est ruiné, ce n’est que justice, mais comme « ensemble tout devient possible » (N. Sarkozy) les golden parachutes sont devenus la règle :

          «  »Après Daniel Bernard, ex PDG de Carrefour qui part en février 2007 avec 38 millions d’euros, en avril 2007 c’est au tour de Noël Forgeard, co-Président d’Airbus, de partir avec 8,5 millions d’euros, puis enfin Jean-Paul Gut, le directeur général délégué d’EADS qui s’en irait, quant à lui, avec 12 millions d’euros après 22 ans de bons et loyaux services... Pour comparaison, un salarié ayant la même ancienneté pour un salaire moyen de 1.500 € aurait touché 3.300 € d’indemnités légales (soit 3.500 fois moins)...«  »

          http://www.actuchomage.org/modules.php?op=modload&name=News&file=article&sid=2773


        • arturh 21 mai 2007 12:49

          " quand la gauche décomplexée ? par JL (IP:xxx.x9.73.200) le 21 mai 2007 à 11H24

          Excellent texte, qui pose très bien LE problème. La mondialisation libérale est devenue une machine folle qui détruit la planète et les hommes.

          Seuls quelques privilégiés ( ?!) en tirent profits. Mais ils tiennent aussi les commandes"

          On ne sait pas si c’est vraiment amusant de lire ça en réaction à un article marxiste garanti pure langue de bois écrit par un homme qui se vante d’avoir été chirurgien au Cambodge. Est ce que c’est vraiment le « libéralisme » qui a détruit de la pire manière criminelle qui soit le Cambodge ? A-t-on vraiment oublié qui en a « tiré profit » ?


        • arturh 21 mai 2007 12:54

          Il ne faut d’ailleurs pas hésiter à souligner l’extraordinaire cruauté de l’auteur qui n’hésite pas, de retour du Cambodge, à attribuer « la servitude » au seul « capitalisme »...


        • Nicolas Nicolas 21 mai 2007 17:29

          Hum, la lutte des classes alors que les entreprises du CAC40 ne pensent qu’a quiter le pays, je ne vois pas trop où ca peut mener. D’ailleur Colgate et HP on déja quiter la France, seul restant des filliales. Résultat ? 900.000.000 d’euros de manque à gagner pour l’Etat du fait de l’IS évaporés...

          Par ailleur, la « nouvelle droite » socialisante me semble assez peut en rapport avec l’UMP actuel.


          • masuyer masuyer 21 mai 2007 20:02

            Nicolas,

            « Hum, la lutte des classes alors que les entreprises du CAC40 ne pensent qu’a quiter le pays, je ne vois pas trop où ca peut mener. » La lutte des classes n’est pas, comment dire, une action politique (je n’ai pas trouvé mieux), mais une constatation.

            A l’auteur,

            merci pour cet article. Quand à la droite, est-elle si décomplexée que ça ? Quand elle s’appuie sur Jaurès, Blum ou Guy Moquet. Je ne me souviens pas avoir entendu Sarkozy s’appuyer sur un penseur de droite, sans parler de ceux plus polémiques comme un Maurras, mais au moins un de ces intellectuels du Club de l’Horloge.


          • Eric 26 mai 2007 10:28

            « La « droite décomplexée » est arrivée même à vendre son programme à des millions d’hommes et des femmes qui en seront demain les premières victimes ! » Que l’électeur est donc bête !


            • Bof 30 mai 2007 09:34

              AH...NON ! IL faut voir le bilan du passage de la gauche au pouvoir. Où sont nos emplois dans nos belles entreprises nationalisées ??? Ils ont disparus avec elles !!!Il y a eu un grand élan ,ça pouvait marcher ,mais des incompétents + ou - complices peut-être même et pffuuttt plus d’emplois possibles alors que les industriels privés sont restés eux . Je constate que les deux seules entreprises pharmaceutiques en France étaient trop petites pour être nationalisées en 1981. Ells ne valaient pas le peine de faire des papiers pour si peu !! mais,actuellement elles sont performantes ELLES !! et heureusement que leurs propriétaires n’ont pas suivis les conseils de nos gouvernants socialistes .De plus les conseils de retraite à 65 ans sont néfastes car il semble bien que l’expérience prime sur les ignorants sortants des grandes écoles de l’état Français . ALORS, LES incompétents doivent partir. Toutes possibilités de pouvoir revenir aux commandes doivent leur être interdites . Il faut apprendre à cueillir le meilleur dans les conseils donnés pour un vrai chef et surtout il faut apprendre à s’éloigner des incompétents + ou - truants d’ailleurs.

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