Affaire Kadhafi, la note risque d’être Saleh
Devant les ennuis qui s’invitent pour le candidat sortant, après le 6 mai, ce dernier porte plainte, plainte dont le résultat sera largement après les élections, mais, hélas pour lui, d’autres révélations surviennent.
Petit à petit, le voile se lève sur cette affaire scabreuse qui avait commencé avec l’arrestation d’Abdallah al Senoussi, lors de sa sortie d’avion, à l’aéroport de Nouakchott, en Mauritanie.
Or cet homme était porteur d’un document, celui que conteste Nicolas Sarközy, bien qu’il soit signé, et portant le sceau libyen, dans lequel il y avait la confirmation de 50 millions d’euros destinés à financer la campagne présidentielle de l’autocrate président en 2007.
Dans cette affaire, il y a plusieurs personnages essentiels.
Dans le camp libyen, on trouve, outre Kadhafi, 3 hommes, menacés tous les 3 par un mandat d’arrêt international, lancé par Interpol : Moussa Koussa, Al Senoussa, et Béchir Saleh.
On pourrait ajouter à ces « trois mousquetaires libyens » un 4ème, Choukri Ghanem, l’ex ministre libyen du pétrole, trouvé mort noyé dans le Danube. lien
La police affirme qu’il est possible qu’il ait été victime d’un malaise (lien) et l’autopsie n’aurait pas prouvé qu’il s’agisse d’un crime. lien
Les autorités libyennes ont d’ailleurs ouvert une enquête sur les relations de certaines compagnies pétrolières, et l’ancien dictateur. lien
Koussa, l’ancien chef de services secrets libyens, avait pris la précaution de prendre le large, 4 mois avant la guerre libyenne, et coule des jours tranquilles, protégé par l’émir du Qatar. lien
Al Senoussa est donc en prison, en Mauritanie, mais le dernier personnage, Béchir Saleh, mérite le détour.
Cet ancien directeur du cabinet de Kadhafi, ancien président du LAP (Libyan Africa Investment Portfolio), a apposé sa signature au bas du document publié par « médiapart ». et il vit à Prévessin-Moëns, petite bourgade proche de Bourg en Bresse, à l’abri des regards indiscrets, et bénéficierait d’une protection policière. lien
Saleh se trouve donc en France, protégé par le gouvernement, et vient de faire parler de lui pour une autre raison, son épouse ayant été condamnée récemment par la justice française pour esclavagisme. lien
Employant 8 personnes, embauchées en Libye, Kafa Kachour Bashir, leur réservait un traitement particulier : passeports saisis, salaires quasi nuls, horaires démesurés, finissant les restes des repas, ce qui lui a valu une amende de 50 000 € et 2 ans de prison avec sursis pour esclavage domestique, et même si elle a déclaré vouloir faire appel, ça ne change rien aux actes délictueux commis. lien
Mais revenons à son mari, Béchir.
Comme défense, rien ne vaut l’attaque, et le président sortant le sait depuis longtemps, comme le prouve la plainte qu’il a déposé contre « Médiapart », déclarant en vrac que le document proposé est un faux, (lien) accusant « Médiapart » d’être une officine du PS, (lien) oubliant au passage l’indépendance de ce site journaliste pour internaute exigeant, et qu’il est dirigé par Edwy Plenel, ancien directeur de la rédaction au journal « Le Monde ». lien
Or, c’est ce même Plenel qui avait plongé le PS dans l’embarras, étant l’un des premiers à dénoncer l’attentat contre le Rainbow Warrior, le célèbre bateau de Greenpeace.
Et puis « Médiapart » ne se gène pas pour dénoncer les affaires, qu’elles qu’en soit l’origine, qu’elles concernent la gauche ou la droite, comme elle le fait régulièrement pour Marseille, et Jean Noël Guérini, le président PS du conseil général des Bouches du Rhône. lien
Difficile donc, comme le fait l’autocrate président, de taxer Plenel de manquer d’objectivité.
Les déclarations du président candidat ne font d’ailleurs pas l’unanimité dans son propre camp, et nombreux sont ses ministres qui l’ont désavoué une fois ou l’autre. lien
En attendant lors du meeting sarköziste pour la fête du « vrai travail », meeting au cours duquel le président candidat à compté 200 000 personnes, alors que la place ne peut en contenir plus de 40 000 personnes, vu sa taille, et celle qui restait pour le rassemblement, un journaliste de « médiapart » à payé la colère présidentielle, puisqu’il s’est fait agresser par les militants UMP. lien
Un autre coin de voile est en train de se lever, puisqu’il semble bien que la centrale nucléaire ainsi que des armes, promises par la France, à Kadhafi, ferait partie d’un deal secret, dans l’affaire des infirmières bulgares, lesquelles n’auraient été libérées qu’en échange de ce contrat.
C’est ce que révèlent « lesinrocks », affirmant avoir eu accès à des documents montrant les détails de la négociation. lien
Mais revenons à Saleh.
François Fillon assurant d’abord qu’il « n’y avait aucune trace d’un mandat international », se ravisait par la suite, expliquant cette situation par une « mauvaise orthographe du nom ».
Saleh est bénéficiaire d’un titre de séjour « au nom du regroupement familial », ainsi que l’a confirmé Claude Guéant, le ministre de l’intérieur. lien
Pourtant, à ce jour, Saleh n’a pas été remis à la justice internationale, et on peut se demander ce qui retient le gouvernement français ?
Interrogée par l’AFP, Interpol a précisé que cette demande d’arrestation et d’extradition (lien) laissait à chaque état le soin d’interpeller ou non la personne recherchée, et précisant que le nom fourni par la Libye était « Bashir al Shrkawi », mais comme l’a confirmé l’avocat maître Marcel Ceccaldi, il s’agit bien d’un seul et même homme.
Et puis, le CNT est à la recherche de 7 milliards, pour lesquels Béchir « aurait des informations » et l’on comprend que les nouveaux dirigeants libyens seraient heureux de récupérer cette colossale somme. lien
Ce qui est certain, c’est que les images prouvent que Sarközy a bel et bien rencontré Béchir Saleh, ce qui est confirmé par Mahmoud Jibril, premier ministre du CNT Libyen. lien
Ça se passait le 2 juillet, 4 petits mois avant la mort de Kadhafi, sous le prétexte de négociations avec le dictateur.
C’est à la même date que Moussa Koussa quittait discrètement la Libye.
Faut-il faire un rapprochement ?
En tout cas, on comprend facilement que Saleh, sous protection française, tout comme Koussa sous protection qatari, ne puissent faire autrement qu’invalider le document publié par « Médiapart ».
En tout cas, Fabrice Arfi, le journaliste de « Médiapart » affirme qu’il n’a aucuns doutes sur l’authenticité du document.
Pour lui, cette note, datée du 10 décembre 2006, signée par Moussa Koussa, portant le sceau de l’état libyen, faisant état « d’un accord de principe » destiné à financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarközy de 2007 pour un montant de 50 millions d’euros, est évidemment un authentique document.
Il insiste en déclarant « que ça n’aurait aucun sens de publier un document, s’il y avait le moindre doute sur son authenticité » et qu’il y a 10 mois qu’ils enquêtent sur cette affaire. lien
Fabrice Arfi précise que Moussa Koussa n’a jamais déclaré que la signature qui figurait en fin du document n’était pas la sienne, mais que seulement « toutes ces histoires sont des histoires falsifiées », nuance intéressante.
En tout cas, Ziad Takieddinne n’a pas le moindre doute sur l’authenticité du document, et il pense que « le système Sarközy est en train de tomber ». lien
Il restera à la justice le soin d’enquêter, mais il est probable que le résultat ne sera pas connu avant la fin de la campagne présidentielle.
Car comme dit mon vieil ami africain : « un homme sans ami, c’est la main gauche sans la droite ».
On peut découvrir avec intérêt l’enquête passionnante menée par Bakchich info sur l’attentat de Lockerbie sur ce lien.
Sur ce lien, le journal Libération propose un historique passionnant sur les « liaisons dangereuses » de la « Sarközie ».
L’image illustrant l’article provient de « prc.cm »
Merci aux nombreux internautes pour leur aide efficace,
Olivier Cabanel
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