Au bout de l’impasse, les portes restent closes
En direct de ma Segpa

Les clefs du mépris
Je suis encore sous le coup de la colère, d'une exaspération sans limite devant un petit incident sans grande importance si ce n'est qu'il illustre à merveille les conséquences d'une cascade de mépris et d'indifférence, d'ignorance et de rejet dont notre pauvre établissement est l'objet depuis si longtemps. Quand trop c'est trop, je ne vois que les mots lancés à ceux qui ne devraient rien savoir de nos histoires internes, pour soulager ma colère, étancher les frustrations que je ne parviens plus à contenir.
Reprenons, calmement si cela est encore possible, le cours des évènements. Vous savez que notre pauvre Segpa : Section d'Enseignement Général et Professionnel Adapté ne mérite nullement son nom. De Section elle ne peut raisonnablement mériter ce vocable puisqu'installée, résolument et définitivement à plus de 1 kilomètre 300 de son collège de rattachement. Un lien distendu de la sorte n'est plus un lien, les spécialistes des nœuds marins ne vous diront pas le contraire …
Or donc, pour compenser cette distance qui complique tant de choses, un poste de secrétaire, portier, standardiste nous a été consenti une fois encore après un mouvement d'humeur. Hélas, mardi, le contrat précaire est arrivé à échéance sans qu'il ne soit proposé à celle qui l'avait si bien tenu de prolonger en ce lieu. Les promesses faites, les engagements de l'administration n'engagent que ceux qui y croient bien naïvement. Et nous voilà une nouvelle fois sans ce poste indispensable compte tenu d'un contexte si particulier …
Dès le lendemain matin, nous allions supporter les conséquences de cette cruelle absence ! Nos élèves ne comptent que fort peu dans l'esprit de tous nos décideurs, vous allez le comprendre sur le champ ! Consciencieux, nous étions trois adultes à être devant les grilles de notre espace de relégation à 7 H 40. Nous disposons d'une clef pour ouvrir le portail, ce que naturellement nous fîmes.
Hélas, nous trouvâmes les portes de l'établissement closes, les fenêtres fermées et aucun d'entre nous n'avait le fameux sésame pour franchir cet obstacle. Nous laissâmes les élèves dans la rue, qui fort heureusement est une impasse, ce qui ne mettait nullement leur sécurité en cause. Nous n'avions pas le droit me semble-t-il de les laisser pénétrer dans ce premier sas de décompression.
Après quinze minutes d'impatience, l'un de nous finit par appeler le collège. Hélas, les lignes en étaient toutes occupées comme semblait l'affirmer le message qui tournait en boucle. La sonnerie, imperturbable, sonna le signal du début des cours. Nous étions encore dehors et les élèves à la rue ! Trois fois, toutes les cinq minutes, le même appel, le même signal désespérant. Il ne faudrait pas qu'il arrive quelque chose d'urgent dans notre établissement …
Enfin à 8 Heures 20, le responsable arrive muni de son trousseau de clefs. Les portes sont ouvertes, les élèves rentrent et montent directement en classe. Ils sont accompagnés d'un signal d'alarme assourdissant. Petit détail qui a son importance, il ne s'entend pas du côté de l'administration et je dois descendre pour signaler ce désagréable accueil.
Croyez-vous que les élèves et nous, nous ayons eu droit à quelques excuses ? Non, bien au contraire, la situation se reproduira tant qu'il n'y aura pas de secrétaire. Les mesures de rétorsion, quand elles sont tournées vers les premiers utilisateurs sont d'une bêtise sans nom ! Je ne puis plus adhérer à cette gouvernance absurde et si méprisante.
Dés demain, le portail ne sera ouvert aux heures de sonnerie (87 décibels dans les classes mais rien ne sera fait pour modifier ce douloureux problème).Les élèves en retard, les parents en visite resteront à la porte. Où est le service public ? Quel est le sens de telles mesures discriminatoires une fois encore. Je n'en puis plus, j'ai la haine contre les responsables de ce cirque grotesque.
À partir de Lundi prochain, j'ai donné des rendez-vous aux parents des élèves de quatrième afin qu'ils viennent retirer le bulletin de leur enfant. J'ose espérer qu'aucun adulte ne restera à la porte. Je crois que j'en ferai alors une affaire personnelle à moins que ce ne soit déjà fait. J'ai une toute autre conception du service public, la rupture est désormais consommée avec ceux qui ne partagent manifestement pas mes valeurs.
J'assume naturellement ce texte et je suis tout disposé à être sanctionné pour non respect du droit de réserve. Ce billet est un geste politique, au sens noble de ce terme et je me moque d'agir seul puisque les circonstances l'imposent !
Ulcérationnement leur.
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