Budget 16.32 €…

Un peu de calcul mental, pour commencer la journée. Tout au long de mon existence, le calcul et moi auront été histoire de contrariété, un oubli de virgule, une envie trop insistante, un pépin survenu, bref des petites choses qui rendent la vie moi monotone et un brin aventureuse, parlez-en à mon banquier, il sera vous raconter cela, mieux que moi.
Mais depuis quelques temps, c’est certain, cette vie sans monotonie, s’est transformée en calvaire mathématique, faussant un peu l’humeur. Ce n’est pas par choix, non, ni malheureusement une envie d’épargner, juste une commodité éteinte par la tournure des choses qui me sont offertes, sans même les avoirs priées de venir à ma rencontre, comme quoi tout arrive, même les surprises étonnantes. Me lamenter ne servirait à rien, surement pas de toute manière à engraisser le « crapaud », mais l’effort à faire est bien de ne pas le laisser dépérir.
Pour étayer mes propos, sans vous dévoiler plus mon parcours, depuis un temps déjà trop long, m’accommoder de mes 16.32 € par jour est devenu, l’intrigue et le défi proposé à mon quotidien. Il me reste donc ce petit pécule, pour mener grande vie chez les indigents de notre belle France, quoiqu’elle devienne terne cette patrie, et le dire par expérience n’est pas mentir. Dans ce malheureux état, on m’a dit avoir de la chance, cela me laisse perplexe, et un peu enragé, comment donc de la chance ?
Le fait de ne pas pouvoir prétendre à un travail, vu mon jeune âge de presque retraité, ne pas avoir pu mettre dans mon bas de laine, un monceau d’écus ou le dépenser à petit bout de survie, ou encore passer pour un fainéant vivant au crochet de la société, c’est cela la chance, c’est un peu l’image toute faite des bien-pensants. Il me faut donc, là, maintenant, tout de suite, mettre le Holà… À quoi bon se justifier, il n’y a pas de délinquance avoué dans mes propos, ni même une once à regretter ou à m’excuser, ou pire invoquer la chance !
Mais quand la lecture d’un article, dit : « Pour mettre fin aux rassemblements de personnes alcoolisées qui se regroupent "tôt le matin jusque tard le soir" dans sa ville, le maire LR de Pont-Sainte-Maxence, dans l'Oise, fait en sorte qu'ils se voient privés de leur RSA. » ou « Dans le Nord, 15 000 personnes auraient vu leur Revenu de solidarité active raboté car ils n’étaient pas inscrits à Pôle Emploi » (*), il me faut l’avouer, même si l’alcool ne m’accompagne pas, ma colère reste entière, mes compagnons d’infortune, nous sommes quelques 7 millions en France, brave terre sociale, à pratiquer la disette à 16.32 € par jour, il me parait bien normal que quelques-uns arrivent à ne plus se supporter, et ne plus supporter le cadeau étatisé d’un minimum à ne pas mourir, et devenir parasite de la société, parias de la bonne bourgeoisie, en tentant d’éteindre leur peine et leurs peurs.
Les autres pas encore pointés, par ces maires policiers, vivent en silence, se cantonnant dans leur disgrâce, hochant la tête au grand bonheur de quelques euros offerts, filant et rasant murs et haies, comme des ombres, la peine au cœur, la haine en tête. Mais tout n’est pas honteux, ni malheureux, quand dans le désespoir, un regard s’arrête et prend le temps, d’entendre, d’écouter la litanie d’une histoire tragique, et toucher dans ses sentiments, donne le coup de pouce pour avancer, d’une parole, d’un sourire, d’un coup de fil, sachant bien que la solution n’est pas aussi simple à trouver, mais ne pas s’arrêter est devenu important, crucial et noble tâche à ne pas oublier.
Pas de lamentation, juste une rébellion, une constante colère, qui ont l’effet, de ne pas se laisser arrêter en cour de procession, car la punition à ne plus avancer est toujours douloureuse. Alors, s’il vous plait, ne jugez pas les têtes baissées, les sourires éteints, les regards fuyant, les désolés en caisse de magasin, ayez la bonté de n’être que passager d’un instant croisé, et méditez ce que cela peut être de navrant à porter.
De tous ces gens, communs à cet état, nous souhaitons du travail à vivre, pas de la survie en guise de mendicité, de la reconnaissance et un peu de bonheur, et bonne humeur à partager, car peu ont choisi d’être ainsi, la société, notre société a décidé pour eux !
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