Carburants : changer nos comportements, qu’ils disent !
C’est bien beau, tout ça, mais comment changer ces comportements quand la ville et la campagne ont été façonnées à l’ère du tout voiture, que les quatre voies construites à l’époque pour amener tout ce petit monde en ville s’avèrent aujourd’hui des pièges à véhicules et de grosses pourvoyeuses de pollution ? Comment faire alors que les financements des projets de transports en commun se sont taris au fil du temps ? Et pourquoi toujours taper sur le carburants alors que d’autres sources de productions de gaz à effets de serre (agriculture, industrie, transports de marchandises, les logements mal isolés) bénéficient d’une grande mansuétude ?
La réponse est avant tout fiscale ou financière
Pour nous faire changer de comportement, on taxe le plus grand nombre en espérant que ces amputations de pouvoir d’achat feront réfléchir « ceux qui clopent et qui roulent au diesel » comme le dit le si méprisant Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement. Pour les solutions alternatives à la voiture individuelle, démerdez-vous.
C’est un fait, lorsque vous faites un plein de 60 euros à la pompe, 40 vont dans la poche de l’Etat (TICPE et TVA). Cela fait réfléchir, effectivement, mais pas forcément comme nos « technocrates du vide » du gouvernement le souhaitaient.
Pour ces schizophrènes balançant entre équilibre budgétaire et les exigences de Bruxelles, le choix a été vite fait : faire marcher la pompe à finances en nous disant que si la planète se porte mal, c’est de notre faute, nous les automobilistes, et nous seuls.
Sur les 37.7 Milliards de recettes qui seront collectées en 2019 avec la fiscalité sur l’essence, le fuel, le gaz et l’électricité, seulement 7.2 sont affectés à la transition écologique, 6 aux Départements et Régions (pour compenser les dotations qui ne sont plus versées) et 1.2 aux transports collectifs. Les 17 milliards qui restent vont dans la grande lessiveuse au budget général, ce qui tend à prouver que les taxes « écologiques » pour « anticiper le changement climatique » ne sont en réalité qu’une grosse arnaque alors que « en même temps » les riches se voient exonérés de l’ISF et qu’on estime à 100 Milliards l’évasion fiscale. Sans compter les fraudes fiscales (TVA, Impôts sur les sociétés, URSAFF, ...)
Une politique de fainéants et/ou de classe.
Les lobbies ne sont pas étrangers à la situation
On peut noter l’importance des industriels de l’automobile et celle de la profession agricole qui influent directement sur nos modes de déplacements, les premiers en nous offrant des véhicules de plus en plus performants, avec au passage des études truquées sur les émanations de GES et de particules fines sans que le gouvernement y trouve à redire, les seconds en défendant bec et ongles la moindre parcelle agricole quand bien même celle-ci ne contient plus aucune vie en raison des traitements massifs au Glyphosate et autres saloperies qui tuent les abeilles.
Pour les industriels de l’automobile, on a trouvé la martingale avec le véhicule électrique sauf qu’on ne sait pas trop comment seront recyclées les batteries en fin de vie, mais ce n’est pas grave, on connait la même situation avec les déchets nucléaires dont on ne sait pas trop quoi faire, sauf les refiler aux générations futures.
Deux réserves toutefois pour le véhicule électrique, la première tient au coût et suppose que tout le monde ne pourra pas s’en acheter, et si c’était le cas, le problème des embouteillages n’en seraient pas résolus.
Pour l’agriculture, c’est simple, on nous promet sans cesse du bio qui est davantage présent médiatiquement que dans l’assiette, et là, comme pour la voiture électrique, c’est actuellement un luxe que tout le monde ne peut pas se payer. Le bio est devenu l’excuse qui permet de ne plus « confisquer » de terrain agricole pour créer de nouvelles infrastructures de transport en commun ou tout simplement des pistes cyclables alors que la culture bio ne représente qu’une partie infime sur des territoires périurbains (9.5 % sur le territoire de Rennes Métropole, par exemple et 10 % seulement des exploitations).
Donc, pendant que les intercommunalités signent des protocoles fumeux avec les Chambres d’Agriculture tendant à geler les terres agricoles totalement plombées à la chimie contre le développement de quelques actions médiatiques (la valorisation des circuits courts par exemple), ces mêmes intercommunalités sont totalement inertes en matière de développement des transports en commun.
On est partis pour vingt ans de ce discours lénifiant en disant que demain, c’est sûr, on se passera du glyphosate, en feignant d’oublier que cela fait vingt ans qu’on nous « amuse » avec les déjections porcines et les algues vertes qui polluent les plages de l’Ouest.
Changer de comportement, donc…
Une fois les choses posées, c’est-à-dire que les exigences des lobbies (et il n’y a pas que les deux cités ci-dessus) sont bien intégrées et ne sont plus négociables, il ne reste plus à nos gouvernants qu’à dire aux citoyens : « tout ce qui arrive, c’est de votre faute, avec votre manie de rouler en voiture », donc vous devrez supporter l’écologie punitive, celle qui taxe l’essence, le gasoil, (et le fuel et les autres énergies pour vous chauffer), qui vous interdira bientôt de circuler dans les villes si vous n’avez pas la bonne vignette crit’air, qui vous soumet à des contrôles techniques toujours plus coûteux et qui vous oblige à faire un emprunt pour acheter une voiture propre, parce que pour vous (et vous êtes nombreux), en l’absence de transports en commun performants, vous n’avez pas d’autres solutions pour aller bosser.
Vous devez être mobiles et faire preuve d’agilité comme nous le serinent nos gouvernants, mais cette mobilité se traduit surtout par toute une série de propositions qui sont plutôt des contraintes.
Comment faire ?
En lisant le document de préparation du futur PDU (Plan de Déplacements urbains) de Rennes Métropole, valable pour les dix ans à venir (ça doit être la même chose ailleurs), on s’interroge sur la quasi absence de projets en matière de transports collectifs afin de régler les flux de circulation et la pollution qu’ils engendrent.
On parle donc beaucoup de « déplacements doux », c’est-à-dire le vélo (électrique, ou pas), des bienfaits de la marche à pied, dispositions qui répondent bien aux problématiques des zones urbaines mais pas à celles des habitants des zones périurbaines ou rurales.
Pour ces derniers, compte tenu de l’impossibilité de consommer de nouvelles terres agricoles, on conseille le covoiturage « massif » en prévoyant même des voies réservées, c’est-à-dire prises sur les voies existantes, ce qui ne manquera pas de pourrir un peu plus la vie de ceux, nombreux qui ne peuvent pas envisager cette solution en raison de la flexibilité de leurs horaires de travail ou des obligations en matière de scolarité des enfants.
Il y a aussi le recours aux « applis » qui vous dirons de prendre un autre chemin et d’aller polluer plus loin ou vous permettront de trouver quelqu’un de sympa qui vous covoiturera en parlant de bio.
Dans l’agglomération de Rennes Métropole, il y a des choses qu’on ne partage pas, comme le métro par exemple, qui circule intra rocades sur lesquelles les habitants des autres communes viennent buter le matin et il y a des choses qu’on partage, comme le plan local d’urbanisme qui prévoit une densification des constructions dans ces communes périphériques, avec comme corollaire l’accroissement des problématiques de transports : allez comprendre !
La contrainte a-t-elle un avenir ?
Si l’on en juge par les réactions des automobilistes, il va falloir se pencher rapidement sur le problème des déplacements et ne plus les considérer comme simple vache à lait fiscale.
Un fléchage plus important de la fiscalité vers le subventionnement de transports collectifs performants en site propre, même dans des zones agricoles « sanctuarisées » serait la moindre des choses.
Pour calmer les esprits, on ne pourra pas se contenter de « chèques transports », financés par ailleurs par les collectivités territoriales pour éviter de taper dans la cagnotte fiscale destinée à subventionner les riches (ISF) ou à déverser des milliards sur les entreprises qui ne créent pas d’emplois (CICE).
Depuis sa prise de fonction, le Président Macron, s’est employé à faire le vide autour de lui en mettant de côté les corps intermédiaires (Syndicats, élus locaux, associatifs,…). Il en fait les frais aujourd’hui avec cet exercice de démocratie directe avec les citoyens mécontents de la hausse des carburants et la diminution des pensions de retraite.
Il « assume » son offensive fiscale : les gilets jaunes ne passeront pas !
Son « itinérance mémorielle » qui a tous les attributs d’un plan com est en train de se transformer en parcours du combattant. La célébration du centenaire de la fin de la guerre 14/18 méritait mieux.
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