Combattre la misère et le mépris
Smina Kernoua
Les Colibris solidaires
Un parcours chaotique, des coups qui ponctuent les étapes d'une existence qui a connu un grand déracinement. Une langue et un mode de vie avec lesquels il faut composer pour s'intégrer dans une société si différente de ses racines. La galère et la souffrance pour avancer sur un chemin semé d'embûches, serrer les dents, ne rien dire, assumer sa condition de femme et victime, puisque telle est sa destinée…
Smina Kernoua aurait pu courber longtemps l'échine sous un joug imposé à toutes celles qui ont connu le même parcours. Se taire, pleurer en silence, ne rien montrer aux enfants, ne pas faire de vague, elle a tout appris de cette soumission qui engendre depuis toujours les drames du quotidien.
Un jour pourtant un récit a croisé sa vie. Une fable venue des amérindiens qui a fait écho en elle. Elle n'est pas la première ni ne sera la dernière à être touchée par ce petit oiseau qui dans la tourmente, fait sa part, aussi modeste soit-elle, pour tenter d'inverser le cours du destin. De cet instant, elle a cessé de subir, elle a refusé d'accepter l'inacceptable, elle a appris à lutter.
La femme battue a appris à se battre, non pas avec les armes de ces lâches, de ces faibles qui profitent d'une supériorité physique pour taper toujours plus fort, non, elle a découvert la puissance des mots, la force du refus, le pouvoir de la solidarité. Elle a fondé une association : « Les colibris solidaires » pour que d'autres, comme elles, se relèvent les manches et se serrent les coudes.
Elle s'est surtout appropriée une arme redoutable, une arme terrifiante pour les bourreaux et les tyrans, une arme à la portée de tous ceux qui laissent parler leur cœur : l'écriture. Elle a couché sur le papier des mots pour oser rester debout, pour relever la tête, pour repousser le tourmenteur, pour s'affirmer dans sa dignité d'être humain.
Des mots simples qui lui ont ouvert les portes de ce monde souterrain de ceux qui tendent la main, refusent les injustices, se dressent contre une société qui a besoin de briser les humbles pour que perdurent les inégalités les plus honteuses. Elle ne pouvait que croiser la route de Jean-François Chalot dont j'ai maintes fois évoqué l'infatigable combat.
De cette rencontre, celui qui sème des petits ouvrages sur son parcours, l'a invité à oser ce marqueur d'un monde où elle n'était pas invitée : « Le livre ». Elle s'y livre, se raconte, se dévoile, s'efface devant un combat qui n'est pas que le sien. Cinq parties nous font passer du factuel, du témoignage poignant à l'expression la plus intime.
DE LA KABYLIE À FONTAINEBLEAU
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Combattre la misère et le mépris
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Les enfants d’abord…
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MON COMBAT
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Secrets de pains
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POÈMES
Ne désirant rien dévoiler pour vous inciter à découvrir par vous même ce témoignage poignant, je me retire sur la pointe du clavier pour laisser les derniers mots à Smina, puisqu'elle a su si merveilleusement se les approprier.
Ma vie…
Ma vie est un chemin de petits cailloux
que j’ai semés par et pour vous
pour ne jamais me perdre ou le risquer
Et malgré ses virages, continuer toujours d’avancer.
Certains cailloux ont gêné mes chaussures
me faisant cloquetiquer ou m’ont blessée.
Mais au lieu de vite les enlever
ils ont servis à ne jamais renoncer.
L’important est chaussures à trouver.
Et sur les braises de la vie, prouver
que plutôt que sur les marchés
on trouve moyen à plutôt les aimer.
Peu de personnes m’ont accompagnée
Certains m’ont soit ignorée
soit non comprise ou même se sont risqués à me draguer.
On ne construit pas que sur le physique
La beauté rend jaloux ou même amnésique.
Moi je préfère une relation au fantasmagorique.
C’est ma seule façon d’être catégorique.
J’ai appris sur moi grâce à vous
J’ai repris de moi comme un goût
qui fait qu’un bon repas sans loup
est un partage que sert de Nous.
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