Dans le cœur des Iraniens, Danielle Mitterrand est la première dame des droits de l’homme
Dès son engagement dans la résistance à l’âge de 17 ans, Danielle Mitterrand s’était fixée pour objectif de briser les murs de l’oppression. Au fil des ans, cette révolte en défense des droits a gardé toute sa fraicheur et gagné en enthousiasme. C’est ainsi qu’elle est devenue la compagne des jours difficiles de la résistance iranienne.
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Première dame des causes oubliées à cause de leur complexité et du courage qu’elles exigeaient, elle a été l’amie fidèle et le soutien indéfectible du camp d’Achraf qui abrite en Irak 3400 réfugiés iraniens, opposants à la dictature religieuse en Iran.
A ces résistants sous blocus total, qui comptent en leur sein un millier de femmes, elle a apporté réconfort et tendresse. « Les murs les plus contraignants et les plus violents ne sont pas les murs de béton, de pierre ou de fer des prisons, mais ce qu’une dictature vous force à porter en vous-même, ces murs d’humiliation, de renoncement et d’épuisement ; ces murs qui vous privent jusqu’à votre identité », leur a-t-elle écrit dans un message le 21 septembre à l’occasion d’une conférence à Genève au siège de l’ONU, lu par le secrétaire général de sa Fondation France Libertés, Michel Joli..
Elle a été leur avocate infatigable auprès des instances internationales, celle vers qui ils se tournaient quand toutes portes se fermaient. « On a inventé pour Achraf toutes sortes de nouveaux murs immatériels. Tout d’abord le mur de l’oubli, puis celui du mensonge, puis celui du silence, puis celui du blocus alimentaire et sanitaire. Enfin, le mur de décibels et puis le mur de l’écoute et du brouillage électronique », dénonce-t-elle encore, en passant en revue toutes les épreuves auxquelles les Achrafiens ont été soumis.
Vigile attentive, généreuse et humble comme seules savent l’être les âmes nobles, elle s’est faite leur voix quand les média ont construit ce fameux mur du silence autour de leur souffrance : « De l’autre côté de ces murs invisibles, la mort rôde en permanence autour du camp et parfois elle y pénètre avec une violence incroyable. Celle d’une chasse à l’homme où tous les coups sont permis ; tuer et laisser mourir ; abandonner des blessés et prélever les otages innocents et impuissants. » Elle faisait allusion à deux attaques des forces irakiennes, en juillet 2009 et avril 2011, à l’instigation de Téhéran, pour anéantir ces opposants à la dictature religieuse en Iran.
Résistante de toujours elle sait que le dynamisme de ceux qui luttent reste l’espoir et les grandes figures qui l’incarnent : « on croit pouvoir venir à bout de la résistance d’un peuple. Mais à Achraf, l’espoir revient vite car malgré les murs, chacun sait que cet espoir est partagé par des milliers de frères et de soeurs réfugiées à travers le monde : vous en êtes ici, chère Myriam Radjavi, la représentante ». Elle entretenait avec la présidente élue de la résistance iranienne, une amitié profonde et fidèle.
Parce qu’elle a elle-même choisi de payer le prix de la liberté, elle a su le lire dans la détermination des Achrafiens ce qui anime leur lutte ; or ils sont aujourd’hui sont menacés d’un terrible massacre, annoncé pour le 31 décembre par un gouvernement irakien décidé à fermer le camp et à les disperser de force pour les massacrer loin des yeux du monde ou selon les termes officiels « les renvoyer en Iran » : « Dans un camp, rappelle Danielle Mitterrand, il ne s’agit pas de survivre pour soi, mais pour les autres. Et voilà ce qui distingue le bourreau de la victime, le geôlier de son prisonnier : les uns préparent l’avenir tandis que les autres détruisent le présent. Préparer l’avenir, chers et tendres amis d’Achraf, c’est le prix de votre sacrifice mais ce n’est pas le seul : il faut compter aussi avec l’exemple que vous donnez à tous les opprimés, et le message d’espoir écrit avec votre sang que vous adressez à l’humanité.”
Danielle Mitterrand aura combattu jusqu’au bout, pour détruire les murs de la haine. Elle a semé dans le cœur des Iraniens une amitié et un respect indéfectibles pour les valeurs républicaines et et universelles qu’elle incarnait.
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