Des conséquences d’un accident maritime
En parallèle du procès fleuve du naufrage survenu près de nos côtes du pétrolier Erika et de la marée noire qui s’en est suivie, je suis tombé sur un article des Echos (version papier) qui permet de « recentrer le débat » sur le transport maritime.
En parallèle du procès fleuve du naufrage survenu près de nos côtes au pétrolier Erika et de la marée noire qui s’en est suivie, je suis tombé sur un article des Echos (version papier) qui permet de "recentrer le débat" sur le transport maritime.
Les faits
Le constructeur automobile japonais Mazda vient de lancer un "avertissement" sur ses objectifs annuels revus à la baisse. Une des causes ? La fortune de mer survenue au Cougar Ace entre le Japon et l’Amérique du Nord. Ce bateau transportait 4 703 Mazda toutes neuves, mais suite, semble-t-il à une erreur humaine de gestion des ballasts, le navire s’est couché sur le flanc (un inspecteur venu contrôler le bateau en sécurité en mouillage a même trouvé la mort ... après avoir glissé par-dessus bord !).
Les voitures ayant souffert d’une gite excessive, Mazda n’a pas souhaité prendre le risque de les commercialiser et les véhicules ont dus être retirés du réseau de vente habituel du constructeur. Pertes sèches de cette fortune de mer : 2 milliards de yens (soit un peu plus de 12,5 millions d’euros).
La réaction de Liens de Mer
L’économie possède ses propres règles et, sans sombrer dans le dogmatisme (qui croit en l’auto-régulation du marché ?), on voit bien que le transport maritime est, par nature, toujours risqué et ce ne sont pas les marins qui vous soutiendront le contraire.
Le transport par la voie des mers représente 80% du transport des biens de consommation à l’échelle mondiale. Il ne faut pas diaboliser toutes les entreprises et leurs dirigeants qui font naviguer leurs produits d’un continent à l’autre. Chacun, chacune intègre la dimension risque dans son activité et Total, société responsable au moins aux yeux de ses actionnaires, ne fait pas exception.
Si la tentation est grande de faire appel à des navires poubelles et à leur cohorte d’intermédiaires opaques, on voit bien que le coup (coût ?) porté par un accident maritime à la rentabilité d’une entreprise est bien réel. Et les propriétaires des cargaisons, qui ont tendance à affirmer que les problèmes de sécurité et d’environnement posés par le transport maritime ne les concernent pas, se font rappeler à l’ordre par des mésaventures comme celle survenue au Cougar Ace.
L’activité économique est régie par une équation, équation à laquelle doit forcément être intégré le risque maritime. Pas d’amalgame : tous les acteurs du transport maritime (armateur, affréteur, propriétaire de la cargaison, pays du pavillon ...) ne sont pas des "voyous" ; certains tiennent compte de cette équation et ont des attitudes responsables aussi bien vis à vis de leurs équipages que de leurs clients ou encore de leurs actionnaires ; les risques environnementaux sont eux plus rarement pris en compte. Inutile de crier "au loup" tout azimuts, c’est l’augmentation délibérée des facteurs de risques sans contrepartie et par certains acteurs peu scrupuleux qui doit être condamnée aujourd’hui et encadrée par des lois internationales demain.
D’ailleurs dans le quasi-naufrage du Cougar Ace on mesure bien que, même lorsque les meilleures conditions sont réunies, personne n’est à l’abri d’une fortune de mer, cet épouvantail qui peut sérieusement grever les résultats financiers.
Pour aller plus loin
Au sujet du procès Erika, souhaitons, car l’enjeu est là en dehors des polémiques stériles, que le procès permette de clarifier les responsabilités de chacun des acteurs du transport maritime mais surtout qu’aux risques maritimes et de leurs coûts financiers directs évoqués plus haut, s’ajoute la menace de devoir dédommager raisonnablement, à hauteur des dégâts causés et de la "contribution" de chaque acteur, les "tiers" ; parce qu’en mer, on a tendance à l’ignorer, tiers il y a !
Eh oui, la mer était jusqu’à présent l’un des derniers espaces de liberté. Mais ce régime spécial où l’irresponsabilité régnait en maître, avec les conséquences désastreuses qu’on connaît sur le milieu naturel comme sur les autres activités humaines (encore un abordage au large de nos côtes cette semaine), est condamné à court terme. Un changement radical dont le transport maritime, compte tenu de certains de ses agissements et des risques qu’ils représentent, sera le pionnier emblématique.
Une responsabilisation de la marine marchande permettra par effet de ricochet une prise de conscience valable, de gré ou de force (soyons responsables ou la législation nous contraindra à le devenir), pour tous les usagers de la mer ... suivez mon regard vers les plaisanciers de tous poils grands pollueurs du littoral depuis leurs moteurs à explosion jusqu’à leurs excréments rejetés "tels quels" au mouillage, sans parler des matériaux et autres produits utilisés pour la construction ou l’entretien de leurs bateaux ; ou encore de la course au large qui est loin d’être exemplaire en laissant dériver des voiliers retournés d’un bout à l’autre de l’océan faute d’assurance et par économie de moyens ... Une belle preuve d’irresponsabilité collective et un drôle de paradoxe pour un sport qui se veut "propre" et a refusé par principe la manne financière d’un sponsor nommé Total.
Alors tous "voyous ?"
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