Changer les méthodes de fonctionnement des démocraties.
De l’élection, des désignés par le sort, de la représentation, du mandat…
ETAT DES LIEUX
Les diverses phases électorales que vivent les démocraties nous ont habitués à une forme de présentation, sorte d’emballage médiatique, qui, à défaut de nous convenir totalement, semble être acceptée de tous.
Quelques temps avant de grandes échéances (comme on dit dans la presse) électorales nous sommes invités à contempler la parade des, nous sentons bien que c’est bien de cela qu’il s’agit, des, disais-je, candidat potentiels. Ceux ci, apparaissent un peu plus, se rendent plus visibles, dés qu’un micro se tend, une caméra s’approche. Ils dénoncent ce qui ne va pas, ou, soutiennent ce qu’ils prétendent aller pour le mieux en nous assurant, croix de bois croix de fer, qu’ils feront mieux encore s’ils sont choisis. Ils ont des phrases de circonstances qui résonnent comme des débuts de promesses sur ce qu’ils entreprendront pour faire chanter les lendemains. La véritable campagne viendra plus tard.
Qu’ils soutiennent ou condamnent c’est toujours en fonction de l’actualité. Cette actualité qui est en général inventée, créée de toute presse, construite sur le sable des micros-trottoirs, des événements du moment, sur les marigots où barbote l’éphémère permanent mais croustillant. Ce même « croustillant » des biscuits d’apéritif qui réduisent l’appétence et font patienter l’estomac sans lui donner la choucroute garnie qu’il espère. Cette actualité sans cesse renouvelée où le journaliste grimpe sur les épaules de son confrère pour commenter, de plus haut, la même petitesse (les vacances de, le retour de, l’ascension de, la chute de, les Francs Machins, le salaire des, la phrase de, etc). Information généralement choisie parmi des centaines d’autres comme pouvant faire vendre le support en fonction de son impact émotionnel sur les foules que le porteur d’objectif Canon ou de stylo Mont-Blanc considère comme ne pouvant s’intéresser à rien d’autre. Les sottes.
Le « politique » devra donc condamner la pédophilie, la petitesse du pouvoir d’achat, la grève et ses otages, le parachutisme dorée sur tranche…sujets qui lui sont remis par les questions des journalistes qui ont tant de pouvoirs ma chère dame. Journalistes, en fait, qui sont sous la coupe des commerciaux de leur canard qui savent bien, eux, ce qui fait vendre de la pub 4 colonnes 80. Ainsi une enquête scientifiquement menée sur les raisons qui mettent la Suisse au centre de l’Europe géographique mais hors la Communauté Européenne, enquête qui pourrait finir par expliquer quelques circuits de blanchiment d’argent très sale, ça fait tout de même moins bander que l’enlèvement de la petite Emilie devant un MacDo par des Islamistes Judéo Communistes, et jeunes. Les salauds. Le politique à venir fera donc tout pour sécuriser, le pays, l’Europe ou sa commune en Lozère. Promis.
L’électeur lui, et bien l’électeur, toi, moi, eux, il a fini aussi par préférer qu’on enlève les petites filles sous les yeux de leur grand-mère alcoolique aux silences financiers Helvètes. Il va donc mettre au fond de sa poche, et le mouchoir dessus, ses besoins fondamentaux, ses désirs profondément humains, sa quête du bonheur, sa recherche des plaisirs quotidiens, pour aller voter pour les programmes des postulants à la soit disant représentativité. Son candidat favori ne saurait trahir ses propres aspirations. D’ailleurs n’en a t il pas trouvé une ou deux dans le programme d’icelui. Bon, il sait aussi, confusément, qu’il va se faire couillonner de toute façon. Il sait, au fond de lui même, que la démocratie aujourd’hui c’est « cause toujours ». Il le sait. Mais il y va. Il va voter comme on prend le billet pour PSG/OM afin de passer un moment devant les rétrospectives le soir à la TV. C’est ça ou le film du dimanche soir déjà diffusé sur Canal il ya deux ans.
ET SI ON ESSAYAIT ?
Pourtant des idées, du vécu, des besoins immédiats il en a. Il en parle souvent avec ses potes. Sont pas toujours d’accord sur tout mais il y a quelques sujets qui font le consensus.
L’école va fermer et l’hôpital du bourg centre aussi. Pareil le bureau de poste. Ça c’est son quotidien local. Celui que les voitures qui crament dans le neuf trois lui font régulièrement oublier.
Le chômage de sa fille surdiplômée, son F3 balcon à 950€ comme ailleurs, son boulot de merde qui le maintient dans l’impossibilité de divorcer puisque, sa femme, il ne la voit jamais, la bouffe qui coûte chaque année trois jours de vacances en moins…ça c’est le quotidien général. Celui que la défaite du XV et la grande manif du 29 (qu’il fut gréviste ou otage) font glisser tels les lubrifiants compatibles avec le caoutchouc…
Non, quand il y pense parfois, il se dit que cela pourrait être autrement plus simple. Ces potes du boulot, du café, le disent aussi parfois. Il suffirait à peine qu’ils se retrouvent une heure ou deux pour mettre à plat l’essentiel revendiqué et commun à tous. Localement et généralement.
Un peu comme la liste des courses en somme. De quoi avons-nous besoin vraiment pour le repas de dimanche, pour la semaine ?
Imagine, une liste simple des besoins immédiatement nécessaires et communs au plus grand nombre qui en a décidé ainsi. Aussi bien le nouveau stade de foot que propose le maire sortant et l’agrandissement du parking St André annoncé par le concurrent ne seraient pas parmi les besoins et désirs du peuple ? Pourtant ils sont sur les programmes de l’un ou de l’autre des candidats.
Et bien là, on se prend à imaginer la liste des courses sociales soumises aux candidats. Mûrie à la lumière des débats des gens du peuple. Puis, mais je plaisante, c’est de l’utopie (vous savez ce truc qui est tellement beau qu’il faut être vraiment con pour y penser), puis, donc, on dit : « qui veut être tiré au sort pour appliquer ce programme ? ». Et on ajoute par exemple : « vous avez un an sinon on vous roule dans le goudron et les plumes, on vend vos biens et on fait trois jours de fête avec la recette ». Ils sont taquins le peuple des fois. C’est la méthode des pirates du XVIIème pour désigner les chefs. Ça n’a pas trop mal marché. Ils avaient même inventé la Sécu. Il y a un ou deux bons livres là dessus. Les anars Espagnols aussi avaient peaufiné la méthode en 36/39.
Tu vas me dire (vous avez remarquez avec quelle finesse je suis passé du « vous » au « tu », ou pas ?) il y a des sujets où le peuple n’a pas forcément les connaissances, les compétences. Ça, c’est sûr, tu vas me le jeter avec ton air de celui qui sait ce que l’on a mais qui ne voit pas ce que l’on risque de gagner. Et bien moi, je te donne mon billet que, comme pour les grands procès aux assises, l’on peut, avec un avocat pour et un contre, former rapidement l’opinion, la connaissance des gens sur des sujets qui, de l’avis de ceux qui veulent rester habillés du costume des spécialistes, sont inaccessibles à la vulgate. A priori. L’est pas si con que ça, le peuple.
Donc demain on se réunit, on cherche ce qui vaut le coup de mettre en place vite, moins vite, et plus tard. On se forme sur les sujets pointus. On écrit la liste et les délais. Et on demande qui veut être tiré au sort (pour le tirage au sort, une petite fille blonde déguisée en Alsacienne peut faire l’affaire, manière) ? On rappelle, pour l’ambiance, le goudron et la fête. Et là, tu as tous les politicards qui regardent ailleurs en sifflotant. Sont filous un peu, non ?
Forcément, accepter d’être le représentant désigné par le sort d’un programme à mettre en application dans des délais imposés par le peuple de ses voisins suppose :
- Que l’on est contraint de ne pas décider, une fois choisi, de faire autre chose que ce que l’on nous demande de faire. Rien de plus, mais surtout, rien de moins.
- Que le « mandat » est provisoire, voire révocable à tout moment. Qu’on ne pourra donc « entrer dans la carrière quand nos ainés n’y seront plus ». On n’entre pas en profession ici. Le prochain tirage au sort en désignera probablement d’autres.
- On rend des comptes d’étape.
Tu crois franchement qu’on fera plus de conneries comme ça que de répandre des OGM partout, de l’amiante, des 4X4 urbains, des fortunes colossales et 1 milliard de personnes qui meurent de faim quand on sait que les responsabilités de ces catastrophes humaines sont induites 9 fois sur 10 par l’actuel mode de fonctionnement de nos démocraties ? Tu crois vraiment ?
Tu penses vraiment que nos maires, députés (européens ou nationaux), nos sénateurs rendent des comptes et appliquent, surtout, ce dont les peuples auraient vraiment besoin pour vivre, simplement ?
Tu ne crois pas qu’eu égard au temps que la majorité de ceux qui ont encore un emploi passe à fabriquer des objets et services inutiles au bien être mais qui finissent par paraître indispensables, que ce temps pourrait être consacré à parler un peu et être réparti vers des actes créatifs répondant aux besoins de l’Humanité ? A quoi je pense ? Là, comme ça là, tout de suite : l’agriculture saine, la santé, l’éducation, l’amour.
Je finis sur « l’amour ». Ce n’est vraiment pas sérieux. Vous avez raison. Vos députés, eux, parlent de croissance, de rentabilité, de sécurité, de paix…depuis toujours. C’est pour ça qu’il ne faut probablement rien changer.
Jacques ROUX.