En France, le gendarme n’est pas un citoyen
Certaines des libertés fondamentales proclamées dans la déclaration universelle des Droits de l'Homme, notamment la liberté d'expression et la liberté d'association, droits réputés inaliénables, sont refusées aux gendarmes.
C'est à ses dépens que Bernard Cordoba, major de gendarmerie en poste à Libourne (Gironde) a appris les jours derniers qu'il n'était pas un homme libre en dehors de ses activités de service et que le sa hiérarchie était la seule à décider s'il pouvait ou non administrer une association type loi de1901.
En effet, dans un article paru le 15 avril dernier, armee-media.com relayait l'élection de ce gendarme au sein du conseil d'administration de l'association Gendarmes et Citoyens (AGC). Par un chantage fomenté par sa hiérarchie, il vient de se voir poussé à démissionner de cette fonction.
Trois jours après son élection, Bernard Cordoba est convoqué par ses supérieurs qui lui notifient aussitôt sa suspension. En clair, il n’a plus le droit d’exercer son métier et se voit privé de la moitié de son salaire mensuel, simplement parce qu'il est élu vice-président de l'association gendarmes et citoyens.
Après lui avoir notifié cette sanction, c'est sans vergogne que ses chefs lui proposent un « deal » : ils acceptent de lever cette décision à la seule condition qu'il démissionne sur le champ du CA de l’association.
Le couteau sous la gorge, le gendarme remet sa démission du conseil d'administration de l'AGC et nous apprenons qu'il est réintégré dans son activité.
Le major Bernard Cordoba est bien connu pour être un fervent défenseur des conditions de vie et de travail des gendarmes. Il a été de tous les combats, notamment lors des manifestations en 2001. Il est également l'un des leaders du forum de libre expression "Gendarmes et Citoyens". Le 15 juin 2011, il avait été auditionné par la commission de la défense à l'Assemblée Nationale sur le thème du dialogue social dans les armées. Il y a quelques semaines, avec le vice président de l'association de défense des droits des militaires (ADEFDROMIL) et l'animateur du blog LA GROGNE DANS LA GENDARMERIE, il s'était rendu au Sénat pour y rencontrer Virginie Klès (Sénateur PS, Ille-et-Vilaine), en charge du pôle gendarmerie dans le groupe sécurité du candidat François Hollande.
Dans cette affaire, ce qui parait incongru, c'est que le major Cordoba a subi les foudres de ses chefs sur la base d'un vague communiqué de l'AGC qui annonçait son élection, information reprise par armee-media et le forum Gendarmes et Citoyens. A ce jour, il semble qu''il n'y a aucun document officiel ( PV de l'assemblée générale ou de modification de la composition du bureau) le reconnaissant légalement comme vice-président de cette association.
La gendarmerie peut-elle suspendre un de ses serviteurs sur de simples communiqués ou articles parus sur le net, alors même que les démarches administratives légales, preuves de sa fonction effective, ne sont pas encore parues et peut-être même pas entreprises ? , il semble que oui.
Michel Munier pour Agoravox
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