Escroquerie d’État

Bloctel
Notre si bienveillant État paternaliste se soucie depuis peu de notre santé, imposant, décrétant, sanctionnant à tour de bras et démontrant que parfois, il est capable de rouler les épaules afin de paralyser tout un pays (et de favoriser quelques labos amis). On peut ainsi considérer que tout est possible pour peu que des intérêts convergent entre un problème de société et l'idéologie au pouvoir. C'est donc l'occasion d'effectuer une petite piqûre de rappel pour évoquer une situation totalement dans l'impasse salivaire.
Outre notre santé physique, notre bon gouvernement soucieux de prendre désormais en considération tous les aspects de notre bien-être commence à se préoccuper de notre santé mentale, un domaine hélas qui ne rapporte pas assez d'argent pour qu'il soit pris à bras le corps. Mais enfin, des efforts sont faits, surtout au travers d'illusoires campagnes d'informations, de slogans et surtout en confiant le bébé à la société civile. Le Harcèlement est en ligne de mire, dans la rue, les transports, les espaces communs.
Un autre harcèlement, plus sournois, trop privé également pour toucher le législateur continue sournoisement de faire des ravages dans les chaumières, celles justement où des personnes hors du tourbillon infernal de la modernité continuent de disposer d'un téléphone fixe. Celles-là ne disposeront pas d'un hashtag ou un mot dièse pour qu'un grand mouvement d'opinion se déclenche. Elles seront toujours dérangées à l'heure du repas ou de la sieste, au plus mauvais moment de la vie domestique, par des marchands de soupe et de tromperie qui bénéficient de la bienveillante complicité des gens de pouvoir.
Les Ponce Pilate du droit se sont lavé les mains en proposant une délégation de service publique à une société privée – la seule garantie d'efficacité dans leur mode de pensée archaïque- qui engrange les bénéfices sans remplir efficacement une mission que personne en haut lieu ne souhaite voir aboutir réellement. Le pragmatisme ambiant : la plaie du libéralisme, leur soufflant à l'oreille et au porte-monnaie que ces plateformes après tout, créent ces emplois qui ont leur préférence : misérables - instables - honteux et sous-payés.
Tandis que le malheureux, ulcéré par des appels quotidiens, croit encore en la probité du système et place dans la société Bloctel tous ses espoirs. Bien mal lui en prend, car son inscription doit le faire rentrer dans une nouvelle spirale d'appels impromptus, inopportuns et détestables. Comme s'il existait une connexion mafieuse entre cette société et les plateformes scélérates.
Bien-sûr, il y a bien quelques chevaliers blancs qui pourfendent l'odieuse machination. Je pense à notre Don Quichotte du Camembert, le député Modem Richard Ramos qui part, juché sur sa Rosinante pour couper les connections de la honte. Mais on lui rit au nez en commission parlementaire car voyez-vous, chez ces gens-là, le téléphone ne sonne guère quand ils sont présents.
Rien ne bougera et nous n'aurons même pas, nous les ulcérés de la ligne fixe, le bonheur de pouvoir attaquer collectivement en justice ces officines de la honte qui nous agressent chez nous. Même, nous devrions faire condamner les opérateurs téléphoniques qui leur fournissent des numéros fictifs afin de venir nous déranger sans possibilité de riposte. « Ce numéro n'est pas attribué… » mais il peut vous forcer à vous lever en plein repas, un miracle de la technologie !
Il est grand temps que le citoyen soit vraiment défendu par ceux qui sont censés le défendre en le représentant. Hélas, les parlementaires sont surtout des représentants du système, des petits employés du grand commerce mondial, des sous-fifres sans courage ni pouvoir. Nous n'avons d'autres choix que de subir. Nous pourrions au moins réclamer le remboursement de cette délégation de sévice public qui se moque si outrageusement de nous. Devant la dette abyssale de la nation, voilà une économie nécessaire.
Outrageusement leur.
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