Etrangers : le droit de voter ou d’être élus ?
Ce serpent de mer ressort régulièrement souvent fort à propos et il est légitime de se demander si l’objectif de ce sujet particulièrement sensible n’est pas seulement de faire du buzz. Il participe à une agitation démagogique et politique, alors que les véritables problèmes auxquels sont soumis la majorité de la population sont les inégalités sociales, le chômage, la précarité et les discriminations racistes, sexistes ou homophobes.
L’on nous parle souvent de droit et de devoirs, mais le droit de délocaliser, de casser la sécurité sociale et les retraites, le droit de détruire le code du travail, d’exploiter les salariés, de s’octroyer les biens public, ou de vider les caisses de l’état, reste-t-il aussi attaché à la nationalité française ?
Il faut quand même rappeler que le vote des étrangers aux élections locales existe déjà depuis un bon moment en France : tous les citoyens étrangers européens installés en France peuvent déjà voter aux élections locales sans qu’il leur soit demandé de changer de nationalité ! La citoyenneté c’est vivre dans un pays, y payer ses impôts, exercer ses devoirs, respecter ses lois et bénéficier des droits correspondants. Cela n’a strictement rien à voir avec la nationalité.
La constitution du 24 avril 1793 déclarait : « Tout homme né et domicilié en France, âgé de vingt et un ans accomplis, tout étranger de vingt et un ans, qui, domicilié en France depuis une année, y vit de son travail, ou acquiert une propriété, ou épouse une Française, ou adopte un enfant, ou nourrit un vieillard, tout étranger enfin qui sera jugé par le Corps législatif avoir bien mérité de l’Humanité est admis à l’exercice des Droits de citoyen français. » En 1793, ils avaient déjà compris que la citoyenneté, et le droit de vote qui lui est attaché, est complètement déconnecté de la nationalité.
En 1871 la Commune de Paris ouvre la citoyenneté aux étrangers, et fait unique dans l’histoire mondiale, plusieurs étrangers occupent des postes importants, du général polonais au ministre hongrois.
En 1958, l’Algérie était française. Avec 3 départements, elle faisait partie intégrante de la France, disait-on. Il y avait une assemblée Algérienne. Seulement, pour cette assemblée, 8 millions d’Algériens ne pouvaient pas élire un député de plus que les 800 000 Français … de souche ! Il ne faut pas tout confondre, la classe dirigeante n’avait aucune envie de voir arriver des autochtones, avec lesquels il aurait fallu partager le pouvoir et les privilèges. Voila en fait, la véritable inquiétude !
A droite l’on ne manque pas d’air lorsque l’on prétend que cette loi risque de diviser les Français ! La droite a la mémoire courte, parce qu’il n’y a pas si longtemps, sous la houlette de son super président, elle n’a eu de cesse de diviser les français et, cela dans tous les domaines ! En quelques années, elle a réussi à dresser les pauvres contre les plus pauvres, les précaires contre les chômeurs, et de faire des fonctionnaires et des immigrés les responsables de la crise ! Elle a aussi réussi à faire de tous les français des fraudeurs en puissance, qui mettraient en danger les comptes de l’état.
Le droit de vote des étrangers pourrait inciter les Français d’origine étrangère à voter, et avoir un effet positif sur l’intégration. De toute façon, la réforme inclut une présence minimale de cinq ans dans l’hexagone. Cinq ans c’est déjà le temps qu’il faut avoir passé sur le territoire pour pouvoir demander la nationalité française, et obtenir le droit de vote qui va avec, donc cela n’a rien d’une réforme révolutionnaire. De plus, un immigré ne pourrait participer qu’aux élections locales. Mais en filigrane ce qui inquiète de nombreuses personnes c’est l’éligibilité des étrangers et la peur de les voir siéger dans les conseils municipaux. Donc au final, pour la majorité de nos concitoyens, le vrai problème, ce n’est peut-être pas de donner aux étrangers le droit de voter, mais plutôt le droit d’être élus.
http://2ccr.unblog.fr/2012/09/21/le-droit-de-voter-ou-detre-elus/
A lire également : PATRIOTISME ET NATIONALISME
Cette nouvelle version modifiée remplace l’article : « Faut-il laisser voter les étrangers ? » publié le 27 novembre 2011 sur Conscience Citoyenne Responsable
16 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON