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Feu sur l’Education populaire

Malgré les éloges présidentiels, l’Educ pop est dans le collimateur : réduction très importante des subventions publiques en 2009 menant à une crise existentielle des associations d’Education populaire. Encore un contre-pouvoir en voie de disparition ?

En juillet 2008, le président de la République tenait un discours élogieux à l’encontre des acteurs de l’Education populaire : « la France a besoin de l’Education populaire » ; « le travail que vous faites est remarquable, il a fait ses preuves, il faut le soutenir » ; « l’Education populaire permet aux jeunes de se découvrir eux-mêmes, de découvrir et de comprendre les autres, d’aller vers l’autonomie, de comprendre que l’autre n’est pas un adversaire » (extrait de sa déclaration à Batz, le 24 juillet 2008).

Trois mois plus tard, ce même président préside à une réduction sans précédent de la subvention publique auprès des associations qu’il fallait pourtant "soutenir", pour un "gain" budgétaire de l’Etat de l’ordre de 7,5 millions d’euros, via notamment la suppression de la ligne budgétaire « animation rurale » du ministère de l’Agriculture, et la disparition du financement du Fonds pour la jeunesse et l’Education populaire (FONJEP).

Alors que, dans le même temps, ce même président trouve pour les banques plus de 300 milliards d’euros de garanties et 10 milliards d’argent frais.

La vie associative en milieu rural est touchée de plein fouet par ces décisions et ne pourra plus, dans ces conditions, assurer ses missions pour le développement du lien social et l’attractivité des territoires ruraux. Territoires dont dépendent 25 millions de personnes.

L’impact pour la Fédération d’Education populaire à laquelle je participe à un niveau local, la Fédération nationale des Foyers ruraux (FNFR), et ses 3 000 associations adhérentes, est une perte sèche pour 2009 d’un demi-million d’euros, autrement dit la mise à mort de la tête de réseau qui coordonne et anime l’ensemble du réseau des Foyers ruraux. 

Quel est le message ? L’Education populaire a pour but premier l’aptitude à la citoyenneté, c’est-à-dire proposer les outils et les connaissances qui permettent au citoyen de comprendre, critiquer et agir sur la société dans laquelle il vit, au lieu de la subir. C’est, à la base, un contre-pouvoir, chose qui déplaît fortement au régime actuel (voir la prise de contrôle de l’audiovisuel public, ou la mainmise présidentielle sur les Etats généraux de la presse qui se tiennent en ce moment). Les Universités rurales sont l’exemple type de centres de réflexion et d’ouverture enracinés dans des territoires ruraux. C’est également, et pour beaucoup, surtout, un vecteur de diffusion culturelle et d’aide à la création.

Casser les réseaux associatifs d’"Educ pop" ne peut avoir pour but que de forcer les associations à se positionner sur des marchés, ne pouvant espérer survivre qu’en remportant ici et là des appels d’offres, en concurrence avec d’autres associations ou sociétés privées. L’"Educ pop" ne pouvant en tant que telle être rentable (tout comme l’Education nationale n’est pas "rentable"), les associations devront soit se convertir à des fonctions marchandables (formation professionnelle, animation payante à taux plein donc inaccessible à une partie de la population), soit disparaître.

Autrement dit, la fin de l’"Educ pop" pourtant si élogieusement décrite par le président quelques mois auparavant...

L’hypocrisie présidentielle ne vise pas seulement les associations, les activités d’"Educ pop" du ministère de la Jeunesse et des Sports étant sur le point d’être en grande partie démantelées par la fameuse RGPP, le but étant de transformer cet outil en un énième organe de flicage des activités associatives. 

Pour ceux et celles que ce sujet interpelle, je vous invite à vous renseigner sur les sites associatifs, par exemple celui de la FNFR http://www.mouvement-rural.org/article2319.html

=Vincent Verschoore=


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3 réactions à cet article    


  • Maximilien alias Démocrite Maximilien alias Démocrite 25 octobre 2008 17:20

    INCULTURE(S)

    Une fois n’est pas coutume, je vous invite à vous procurer un livre et un DVD.

    Un livre avec un texte époustouflant, ébouriffant qui donne du sens au monde que nous vivons et qui ouvre une petite porte d’espoir...

    Un DVD, qui est la mise en spectacle du texte cité plus haut et qui permet de saisir en 2 heures et quelques toute la puissance évocatrice des mots pour comprendre cette société que l’on nous impose.

    à l’adresse suivante : http://www.scoplepave.org/docus/bdc... ou à l’adresse suivante : http://www.scoplepave.org/

    merci pour ce collectif et le travail qu’ils font....

    http://moissacaucoeur.elunet.fr et/ou http://democrite.over-blog.org/


    • Blé 4 novembre 2008 07:38

      Ce que vous écrivez est d’autant plus facile à démanteler par le gouvernement qu’à la tête de ces associations d’éducation populaire on trouve plus de responsables avec le statut "de petit chef" qui font travailler les salarié-e-s que de militants qui se battent réellement pour "émanciper" les citoyens.( je ne parle pas des foyers ruraux)

      Dans la ville où je suis, pratiquement tous les responsables de ces associations dites d’éducation populaire ont gardé leur emploi tandis que les salariés vont pointer au chomdu. Comme ces responsables ne veulent pas payer des indemnités de licenciement, les salariés se retrouvent avec des fautes professionnelles graves qui légitiment le renvoi.

      Ne me dites surout pas que ce sont des cas isolés, les prud’hommes sont pleins de ces salariés de ce type d’association remercier de cette façon. Le libéralisme fonctionne à plein régime, l’argent public (le peu qui est donné par l’état) va directement dans les poches de ces gens qui trahissent une fois de plus le peuple. (ils sont de la gauche bobo)

      Cela a commencé bien avant que la droite arrive au pouvoir, Sarko n’a fait qu’accélérer un phénomène qui avait déjà commencé au début des années 90.


      • Vincent Verschoore Vincent Verschoore 4 novembre 2008 10:27

        Votre commentaire pose la question de la profesionnalisation des associations d’educpop, c’est-à-dire de la place des salariés dans ce type d’assocs. l’importance croissante de la masse salariale dans une association va de pair avec la dépendance de ladite assoc des subsides publics, ou une démarche plus commerciale par exemple sur le marché de la formation. Mais par nature une assoc d’educpop n’est pas là pour faire vivre des salariés, à la base elle est le fruit d’une équipe de bénévoles, plus ou moins militants, qui veulent faire quelque chose pour un public local. Dans le système actuel, il est devenu quasi impossible de se passer de salariés car le travail est devenu trop complexe pour être fait en "amateur", mais comme vous dites, quand il n’y a plus de sous ce sont les salariés qui trinquent.

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