Handicap : que recouvre la notion d’accessibilité ?
Il ne s’agit pas d’un mot nouveau, un néologisme comme il en fleurit actuellement, mais pourtant...
Le dictionnaire nous dit : caractère de ce qui peut être accessible. Et pour "accessible" :"ce qui peut être atteint, abordé, dont on peut s’approcher".
Depuis les travaux préparatoires à la loi dite de compensation du handicap, ce mot est devenu à la mode, mais sait-on vraiment ce qu’il représente ?
Dans un premier temps, le ministère de l’équipement et des transports s’est emparé de cette notion, la réservant uniquement aux transports et à ses moyens, au cadre bâti, public puis privé, et à la voirie. Une déléguée ministérielle à l’accessibilité a été nommée, Madame Catherine BACHELIER. La ‘’lettre de l’accessibilité’’ est distribuée par ses services. C’est une initiative louable.
Mais cette initiative est réductrice. Ne considérer l’accessibilité que sur le plan du déplacement des personnes handicapées est une erreur. Certes, les problèmes qui se présentent à une personne en fauteuil, aveugle ou sourde, sont considérables. Mais il y a beaucoup d’autre forme de "l’inaccessibilité’’ qu’il convient de combattre. La culture est-elle accessible à tous ? Les loisirs, le travail, les sports, l’instruction, la citoyenneté en général ne représentent-ils pas un monde de difficultés, sans doute naturelles pour certaines, mais organisées par la société pour un grand nombre d’entre elles. Alors que cette société, par ses lois ou règlements, a la possibilité de remédier à ces situations.
Mais les textes suffisent-ils à éradiquer les embûches quotidiennes ? Presque, dirais-je, s’ils sont convenablement appliqués. Hélas, la confusion règne dans le domaine de l’élaboration, de la diffusion et de l’application de ces réglementations.
Les différents ministères qui se sont attelés à la tâche n’ont pas compris que les personnes concernées étaient les seules à pouvoir exprimer leurs attentes, et que les technocrates, même avec le meilleure volonté, n’ont pas la qualification voulue pour apprécier les difficultés et trouver les solutions simples mais efficaces.
Il faut reconnaître qu’ils n’ont pas eu le travail simplifié par les associations dites représentatives, qui ne tiennent pas à voir grandir l’autonomie des personnes handicapées. Cette autonomie les inquiète, car elle présuppose une perte d’influence des grosses associations. Et ces dernières n’ont pas été correctes dans les travaux de préparation de la loi 2005-102, elles ne se sont préoccupées que des compensations pécuniaires, et pratiquement pas de l’accessibilité.
Et pourtant, la première des préoccupations des personnes qui sont confrontées chaque jour aux difficultés de la vie est bien cette accessibilité, cette possibilité d’atteindre ou d’approcher tout ce qui leur est refusé actuellement. Des moyens existent, mais veut-on vraiment les employer ? Depuis peu, les aveugles pourront, en France, retirer de l’argent aux distributeurs automatiques des banques. Il a fallu deux ans de tractations pour faire appliquer ce qui existe déjà au Québec. Il nous a fallu vaincre l’inertie et l’indifférence, et même l’opposition sournoise de certaine association considérée comme représentative.
Lors des états généraux du handicap, il est apparu que personne ne savait exactement ce qu’était l’accessibilité du cadre bâti, confondant le cahier des charges avec la commission de contrôle, et bien d’autres confusions encore. Une nécessité se fait jour : définir précisément ce qu’est la notion d’accessibilité. Mais sans la réduire aux seuls déplacements, en prenant la peine de diversifier les définitions en fonction du but à atteindre. Les problèmes d’un aveugle pour traverser une rue n’ont pas les mêmes définitions que ceux d’un handicapé moteur pour aller à la plage ou d’un sourd pour suivre une émission de télévision. Il faut donc une analyse fine, avec les solutions adaptées à chaque cas, et surtout faire faire ces analyses par les intéressés qui sont tout à fait capables de s’exprimer. Il faut bien penser que ce sont des citoyens, au même titre que tous les autres.
Peut-être verra-t-on un jour une option d’accessibilité dans certains diplômes de l’enseignement technique ? Mais il faut encore changer les mentalités pour que tous les citoyens se sentent concernés.
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