Et c’est reparti avec la confusion entre identité nationale et immigration...
Eric Besson relance - à quelques mois des régionales - le débat sur l’identité nationale. Il le rattache de facto avec celui de l’immigration bien qu’à mon goût, ce soit deux sujets pas tout à fait distincts mais suffisamment complexes pour ne pas les traiter simultanément.
Cependant, ce qui me choque, c’est que ce soit un gouvernement qui veut faire table rase de la tradition pluraliste de notre pays (élection au tour unique des conseillers territoriaux, hégémonie de l’UMP à droite), qui se distingue dans l’utilisation outrancière de la communication, renonçant ainsi à la sacrosainte protection de la vie privée chère à notre peuple (cela vaut aussi pour la gauche), qui fait de notre territoire une terre de rejet alors qu’elle fut toujours une terre d’accueil (un peu de dignité dans le traitement de l’immigration clandestine ne peut pas faire de mal à une société) et qui favorise les "fils de" au détriment des talents, qui soit à l’origine d’un tel débat.
Le fait de le placer sous l’angle - obtus - de l’immigration, risque de dévier le véritable sens de la question qui est posée car répondre à cette interrogation sur l’identité nationale devrait d’abord et avant tout revenir à savoir ce que les Français sont prêts ou pas à abandonner au modèle politique anglo-saxon.
Si l’on veut définir l’identité nationale française, il convient de revenir à des valeurs communes qui, personne ne pourra le contester sans mauvaise foi, ne correspondent pas à l’image véhiculée par les hommes politiques de gauche et de droite actuels.
Il est en France quelques mots qui ne sont pas que des chimères : l’égalité fait partie du triptyque de la nation et notre système éducatif ainsi que notre système de santé prouve que les Français dans leur grande majorité y sont attachés. Or ces deux piliers de la nation sont chancelant, la faute à des gouvernements qui ne cessent de les enfoncer dans les eaux bien troubles de la compétitivité.
Le respect des Droits de l’Homme dont les premiers pas ont été foulés en France sont aussi importants aux yeux de la population. Or, nous sommes entrés dans l’ère de la politique étrangère cynique. Nous faisons affaire avec Kadhafi, négocions avec les Farcs... Il est vrai que ces relations nébuleuses avec certains dictateurs ou groupes terroristes ne datent pas d’aujourd’hui mais peut-être serait-il temps de remettre de la morale dans nos relations avec l’étranger ???
Enfin, la vie privée et le goût de l’honnêteté et sur ce plan, la situation se dégrade à vue d’oeil. On critique souvent le P.S sur son manque de proposition mais si encore les hommes politiques mettaient en avant leur proposition plutôt que leur vie privée, cette critique aurait un sens. Nous nous sommes longtemps protégé des dérives de la presse people. Aujourd’hui, nous sommes assommés par les écrits sur les vacances de Ségolène, les amours de Nicolas, la fille de Rachida...
Pour résumer, avant de lancer les Etats Généraux de l’Identité Nationale, peut-être faudrait-il déjà en haut lieu respecter certains principes républicains qui sont chers au peuple français, de souche ou d’ailleurs.