Identité nationale : l’ennui s’installe
Hier encore, les « Parisiens » ont pris délibérément le TGV pour aller casser la gueule aux « Marseillais » (qui le leur rendront le temps venu), et on apprend que à Lille on organise des virées similaires à Valenciennes, les Lillois s’en vont à Vénissieux, bref le nationalisme du carré de maisons semble plus magnifié et caressé que celui du pays.
La sublime ministre des sports, pense associer les supporteurs à une réflexion sur les violences, elle devrait avant toute chose leur dire que leur stupidité himalayenne égale à leur recherche désespérée d’adrénaline, les empêche de voir qu’ils s’entretuent pour des gladiateurs version « soft », apatrides et millionnaires, qui viennent du monde entier et qui repartiront, comme nos banquiers, à la première meilleure offre. Ce qui n’est pas le cas de tas de « travailleurs » et « travailleuses » venus, eux aussi d’ailleurs, et que l’on garde parcimonieusement en dehors de toute légalité républicaine et administrative pour ronger les quelques centaines d’euros qu’ils gagnent par mois. Eux, voudraient bien être français à part entière, mais de l’Etat Nation ils ne connaissent que l’administration des impôts et de la sécurité sociale.
A tous les joueurs forcenés de Nintendo, à tous les consommateurs de Nike ou de Lacoste (ce n’est qu’une question de classe supposée et phantasmatique), j’aimerais bien poser la question qui et où ils sont, eux qui sont perdus dans les marques et les chemins tortueux et artificiellement exotiques et dangereux de leurs consoles (quoi que le danger de devenir autistes est bien réel) avant même de m’essayer à la lecture de la lettre d’adieux de Guy Môquet.
Reste les étrangers, qui ont connu la guerre comme Manoukian et Môquet, qui fuient une situation invivable, qui, pour venir chez nous ont connu des paysages, des cultures, des pays et des situations qu’aucune imagination de nos adolescents attardés n’est plus capable d’imaginer et qui, eux, pourraient nous parler - comme nos soldats - du monde réel, terrible et magnifique à la fois. Mais eux on les chasse pour bien montrer que l’espace Schengen a des règles et des lois à respecter. Eux, qui viennent de fictions d’Etats pourraient cependant nous enseigner bien mieux qu’une patrie, pour l’aimer, pour lui pardonner, pour la mythifier, pour la respecter, il faut qu’on se respecte soi même. Tant que Jaurès ou Clémenceau seront revisités avec des arrières pensées et ne seront que des citations pour discours académiques et pompeux, l’ennui s’installera et la confusion entre l’extrêmement grand (l’Europe) et l’extrêmement petit (le quartier ou l’équipe de foot) rendront veine toute entreprise d’identification de soi.
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