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Accueil du site > Actualités > Citoyenneté > Inflation et transparence

Inflation et transparence

Il y a quelques mois, je postais une question innocente sur le billet de Bernard Salanié (économiste) intitulé « Préservons l’indice des prix » : je n’ai pas trouvé les relevés périodiques de prix et autres informations qui servent à l’Insee pour calculer les indices, sont-ils disponibles ?

Sa réponse :

"Les statisticiens de l’Insee gardent confidentiels non seulement les relevés, mais également les mille variétés de leurs deux cents groupes. Tous les statisticiens européens font de même, les américains aussi. [...] Il y a d’excellentes raisons a cela ; qu’arrivera-t-il au prix des pains au chocolat (et notamment du pain au chocolat de M. Schmurgl à Redon) le jour où l’Insee révélera qu’il suit ce prix - pure hypothèse ? Il perdra toute crédibilité et vous serez les premiers à vous plaindre que l’Insee fait n’importe quoi ! La transparence n’est pas toujours la meilleure stratégie, lisez Tom Schelling :-)"

Décidé à en savoir plus, je contacte par courriel la personne référencée sur le site officiel de la mesure de l’inflation aux USA (le Bureau of Labor Statistics - BLS) en précisant que je suis un Français vivant à Paris et pas économiste (courriel en anglais tout de même). Réponse le lendemain matin (heure USA) par un économiste du BLS, suivi de quelques échanges supplémentaires dans la journée (sept courriels au total).

En pratique :

1. Les enquêteurs du BLS montrent leur badge officiel au responsable du magasin avant de relever les prix. La raison étant que la loi aux USA permet aux responsables du magasin de mettre tout client dehors, et quelqu’un en train de relever les prix est une cible évidente.

2. Ils reviennent toujours prendre les prix dans les mêmes magasins périodiquement : le magasin est donc parfaitement au courant, et coopère d’ailleurs sérieusement, d’après le BLS.

3. Les données ne sont pas publiées car l’accord avec les responsables des magasins le prévoit, sinon pas de relevé de prix possible aux USA en l’état de la législation.

Je vous laisse comparer avec les raisons affichées par Bernard Salanié.

Encouragé, je tente l’expérience avec l’Insee en demandant si par hasard ils n’ont pas les prix détaillés sur leur site, et si ce n’est pas le cas pourquoi. Première réponse : non, les prix détaillés ne sont pas publiés, j’insiste sur le pourquoi, la personne transmet à la division compétente qui me répond une semaine plus tard que les prix relevés sont couverts par le secret statistique validé par le CNIS. Après quelques recherches personnelles, je pense avoir trouvé le visa CNIS de l’enquête prix, je demande si une décision du CNIS a été publiée, et si les données de plus de trente ans sont rendues publiques (rendu possible par la loi).

Après un mois, pas de réponse à ma requête.

À ma connaissance, en France, on peut publier des prix relevés sans se présenter au responsable du magasin, donc les raisons USA ne sont pas valables, pas plus que les réserves méthodologiques, comme on l’a vu.

D’ailleurs, Michel-Édouard Leclerc ne s’en prive pas : la semaine dernière il décide de publier les prix détaillés de 1536 produits relevés dans 355 magasins répartis dans 86 départements, au total 414 469 prix relevés entre le 2 et le 18 octobre 2006, et donc disponibles pour le public sur son site : quiestlemoinscher.com

L’inflation et le niveau des prix ne sont pas les mêmes suivant les départements, c’est une information utile. La situation du ménage influe aussi : jeune, couple avec ou sans enfants, retraités. Chaque catégorie va subir sa propre inflation. On parle souvent du coût des retraites, qu’en est-il de l’inflation subie par la population âgée ? Sans doute très différente de celle "officielle" agrégée, avec des implications évidentes sur les politiques à mettre en place.

Pour être utiles et accessibles au citoyen, les prix détaillés doivent être publiés : en France il n’y a aucune raison de ne pas le faire. Il y aura bien sûr toujours des polémiques, mais elles ne seront plus stériles par construction et chacun pourra choisir en connaissance de cause et en discuter avec nos représentants.

Références :


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23 réactions à cet article    


  • LE CHAT (---.---.75.49) 24 novembre 2006 14:18

    celui qui arriverait actuellement à mettre dans son caddie pour 20 euros ce qu’il avait il y a 4 ans pour 100 francs serait déjà consideré comme un coastskiller !

    on nous prend vraiment pour des imbéciles et les indices de l’INSEE sont de la poudre au yeux qui nous est jetée par les marchands de sable du pouvoir ! REVEILLEZ VOUS !


    • vigie (---.---.24.200) 24 novembre 2006 17:18

      L’INSEE est loin d’être un modèle de clarté, c’est plutôt un instrument du pouvoir et ses résultats sont à prendre avec la plus grande précaution.

      Quand on voit les différences de prix du panier de la ménagère qui ont été faite par « que choisir » et les résultats de l’insee, il y a de quoi se bidonner, l’inflation est bien sur minoré est le résultat a été qu’avec l’arrivée de l’euro l’inflation était inexistante, a mourir de rire, oui ! , Les trois premiers mois peut être par ce que les entreprises avaient reçus des conseils du gouvernement de modérations des prix, mais après on a vu ce que ca a donné. Comme nous n’avons pas en notre possession la fameuse règle miracle de l’insee qui permet de calculer l’indice des prix a la consommation,ou tout au plus sait t’on que tel secteur en fait parti,ce désir de transparence est plus que naturel quand on ne veut pas subir de risque de contestation quand a la méthode.

      Il en est de même pour les chiffres de l’immigration ou la encore le manque de clarté est absolu avec des chiffres loin de la réalité. Bref a méthode a « neuneu » a encore de beaux jours devant elle tant le désir de transparence du pouvoir politique toutes tendances confondues est grand.

      C’est un instrument politique dangereux est il est raisonnable de penser que les vrais chiffres se trouvent à Matignon, en données corrigé des variations saisonnières comme l’on disait à l’époque pour les stats du chômage.


      • Laurent GUERBY 24 novembre 2006 19:18

        vigie, à mon avis l’inflation en un seul chiffre est condamnée à ne représenter la situation de personne. C’est pourquoi je pense qu’il est préferable de publier les données de base, qui sont après tout collectées au frais du contribuable pour laisser chacun choisir décider.

        Par example si vous avez à choisir entre deux emplois dans deux villes différentes, un coups d’oeil rapide à ces données et un minimum de connaissance de ses habitudes de consommation permettrait un choix plus efficace pour le citoyen.

        Quitte à laisser l’INSEE ne pas publier la formule effective finale utilisée.


        • Mamicha (---.---.195.136) 25 novembre 2006 10:47

          Je ne suis qu’un « pioupiou de base »travaillant dans un service social.

          Les stats sont affaire de pros, la réalité bêtement une affaire de tous les jours.

          Sans prétention aucune, juste un constat « amusé ?! » : LE CHAT, il y a belle lurette que nous sommes réveillés...mais en décalage horaire avec quelques hallucinations ...

          D’une part : bataille de chiffres et de pourcentages en tous genres. D’autre part sur le terrain : incompréhension, sentiment d’impuissance, colère rentrée...

          Question : situation passagèrement inconfortable ou/et désastreuse pour l’avenir ?


          • loga (---.---.130.71) 25 novembre 2006 18:55

            Il y a des stats qui sont faites par les « défenses du consommateurs »des syndicats ou INC Les chiffres ne sont pas les même à croire que les sondeurs de l INSEE ont des remises ou ne vont que dans les hards discounters . De plus il y a les frais fixes EDF, cotisations sociales,impots locaux qui ne baissent pas ,enfin il faut faire croire aux gens qu ils peuvent encore plus consommer .

            Plus sérieux il était question que le prix de l essence et autres carburants aient en plus des taxes nationales une taxe régionale. On pourrait acheté moins cher ou plus cher d un département à l autre.

            On aurait encore un écart entre les régions riches la taxes serait moins fortes et celles qui ne peuvent survivre que par les revenus de cette taxe , comme généralement les habitants de ces régions ou la taxes sera la plus forte ne sont pas forcement les plus aisés cela ne fera qu accentuer la précarité dans certaines régions de France.

            Pour l iniative d E LECLERC je crois qu il y a eu des problémes au départ pour cette enseigne car dire les prix des concurrents cela ne se fait pas comme la publicité comparative : J avais applaudi (moralement) à cette initaitaive d E LECLERC Le plus triste :on est loin de toutes transparences mais surtout de franchise politique (droite gauche et autres =idem)


            • Laurent GUERBY 25 novembre 2006 19:23

              Il me semble que la taxe régionale sur les carburants existe déja mais elle est mise au maximum par toutes les régions ou presque.

              Pour ce qui est des indices non INSEE, la plupart restent des indices « à formule et données secretes » et donc n’éclairent pas beaucoup plus le citoyen.


            • T.B. T.B. 26 novembre 2006 18:25

              loga, juste parce que tu as associé EDF et cotisations. Hasard de la tournure de la phrase. Voici d’autres chiffres dont EDF (et les « régimes spéciaux » de leurs agents) ne fait pas la pub. C’est sûr qu’ils nous doivent plus que la lumière.

              Le total des engagements EDF/GDF sur les retraites se montait à 80 milliards d’euros (en mai 2004). Depuis plus de cinquante ans, ni EDF ni Gaz de France n’ont cotisé au régime général des retraites, ni provisionné dans leur compte les sommes nécessaires à leurs engagements. Si cette dette devait être intégrée au bilan, l’entreprise devrait être déclarée immédiatement en faillite.

              La moitié de ce montant, soit 40 milliards d’euros, correspondant au régime général devrait être adossée à la Caisse nationale d’assurance vieillesse, à l’Agirc et à l’Arrco, contre le versement d’une soulte estimée à 14 milliards d’euros (novembre 2004), dont 9 milliards pour la CNAV. L’autre moitié de ce montant correspondant aux droits acquis à la date de la réforme . La majeure partie de cette charge (30 milliards d’euros) a été transférée sur les clients (c’est à dire vous et moi !!!), à travers le nouvel impôt dénommé « contribution tarifaire sur le transport d’électricité et de gaz ». Ceci avec l’accord du gouvernement français et de la Commission européenne.

              De son côté, le nouveau président, Pierre Gadonneix, a promis d’économiser 2,5 milliards d’euros supplémentaires d’ici à 2007, ce qui permettra de stabiliser les dépenses au niveau de 2003. Ce plan a été, en interne, baptisé « Altitude 7500 », et porte sur un réduction des coûts, aussi bien dans le domaine de la gestion (achats), des ressources humaines (non renouvellement de départs en retraite) et dans la production (centrales nucléaires, barrages hydrauliques).

              Seuls les 15 ou 16 milliards résiduels seraient donc provisionnés dans les comptes de la nouvelle entité. Anciennement (mais toujours !) une épic : établissement public à caractère industriel et commercial ... comme l’ADEME et IFREMER.


            • Laurent GUERBY 26 novembre 2006 19:18

              C’est en effet un exemple de transfert purement comptable de « dettes » du public vers le privé.

              J’ai écrit un article sur mon blog sur le sujet :

              http://guerby.org/blog/index.php/2006/11/02/123-les-dettes

              Je ferai une version Agoravox dans les semaines qui viennent.


            • T.B. T.B. 26 novembre 2006 18:02

              Enfin un article qui traite de la rétention d’information des données économiques en France. Merci l’auteur qui peut étendre cette opacité à tous les domaines économiques, comme le budget de la nation. En Finlande, et dans d’autres pays européens, n’importe quel citoyen peut consulter l’évolution - à jour !!! - de tous les budgets y compris les dépenses en café de tous les ministres. Cela a pour effet de pouvoir naviguer à vue et de réduire - voire d’éradiquer totalement - la moindre corruption. En dehors du fait que connaître les prix du même produit dans les principaux points de vente stimule la concurrence et permet à chaque citoyen de « s’y retrouver », une telle opacité chez les français (dont je suis) autorise toutes les dérives et tous les détournements d’argent public au sein de la caste d’énarques, principalement, qui nous dirigent. Contre notre volonté cela va s’en dire.

              Le système de corruption de l’oligarchie au pouvoir, qui laisse le citoyen sans repère dans d’autres effets, est verrouillé. La et les Cours des Comptes sont complices et parties prenantes (Voir ceux et celles, de droite à gauche, qui y sévissent, ayant les deux pieds dans les Conseils d‘Administration des grands groupes). La seule et unique façon de casser ce système mafieux protégé par une Justice corporatiste, reste les référendums d’initiatives citoyennes qui obligent les petits et moyens contribuables (95 % des français) à se responsabiliser, participer à la gestion nationale car il s‘agit de l‘argent de leurs impôts directs et indirects et des décisions prises sans qu‘on leur demande leurs avis, en exigeant la totale transparence.

              L’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) est une direction générale du ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie (MINEFI) français. Il est chargé de la production et de l’analyse des statistiques officielles en France. Son directeur est Jean-Michel Charpin.

              Jean-Michel Charpin, né le 23 février 1949, à Marseille, est un économiste français. Ancien élève de l’École Polytechnique (Promotion X1968) et de l’ENSAE, il commence sa carrière en 1973 à l’INSEE en tant qu’économiste chargé des travaux techniques de projection à moyen terme, avant d’intégrer la Commission des Communautés européennes. Il a été au début des années 80 directeur de cabinet du ministre Jean Le Garrec (PS) qui a occupé divers postes au sein des gouvernements Mauroy. Directeur du CEPII (1985-1990), professeur à l’École Centrale (1977-1982) et à l’ENA (1988-1991), il rejoint la BNP en 1990, avant de devenir commissaire général du Plan, puis directeur général de l’INSEE (2003). Il est aussi membre du Conseil d’analyse économique auprès du Premier Ministre, et membre du Cercle des économistes.

              http://fr.wikipedia.org/wiki/Cercle_des_%C3%A9conomistes

              Que du «  beau monde » si vous fouillez bien.

              Pour ma part, j’ai envoyé un mail , il y a dix jours, au brillant sociologue Louis Chauvel, prof entre autres à l’IEP Paris, lui demandant d’où il tirait ses données (qu’il m’est impossible de trouver sur le net, on trouve tout sur le net sauf les chiffres de l’économie française et comparatifs avec d’autres pays). Aucune réponse ce jour.


              • Laurent GUERBY 26 novembre 2006 18:20

                Merci pour ces informations !

                Je pense que plus de transparence s’impose, comme mon expérience le montre il y a une différence incroyable entre la France et les autres pays au niveau de l’information des citoyens au niveau de leur gouvernement, et une solide habitude de mépris pour les questions des citoyens.


              • grignette (---.---.221.13) 27 novembre 2006 12:10

                Disons que l’INSEE serait plus crédible si on avait la liste des produits sur les quels ils se basent pour dire qu’il n’y a pas d’inflation ex : l’esssence est-elle comprise dans cette liste ? il ne me semble pas... et pourtant... Mais personnellement, je n’ai pas vraiment besoin d’un rapport de l’Insee pour constater que les prix on nettement augmenté depuis le passage à l’euro .... et même après...

                J’ai vraiment le sentiment qu’on veut nous faire avaler n’importe quoi dans ce pays, quitte à nous balancer des contre-vérités à tout bout de champ en pensant qu’on va gober ça sans sourciller... c’est le genre de truc qui me met réellement en colère.


                • Laurent GUERBY 27 novembre 2006 12:39

                  Je pense que la présence ou l’absence de l’essence doit être déja documenté sur le site de l’INSEE (je n’ai pas vérifié).

                  Par contre, le détail des relevés aiderai le citoyen à faire les bon choix :

                  1/ je suis intra-muros a Paris et je vais a pieds au travail => impact relativement faible du prix de l’essence pour moi, mais le cout du Paris-Toulouse en train ou avion

                  2/ pour ceux qui prennent le RER banlieue, les tarifs RATP par zone sont sans doute plus pertinents pour le poste transport.

                  3/ En province, le prix de l’essence (avec peut-être le prix et la disponibilité des transports en commun) sont importants (avec la fiscalité, déduction frais réel, ...)

                  4/ Pour un retraité la carte transport commun est souvent moins chère ou gratuite et certains ne conduisent plus.

                  Des situations bien différentes, il faut le détail des prix pour comprendre sa situation, et l’INSEE fait déja ce travail, reste à faire comprendre aux politiques de rendre au public ses informations dont la collecte est payée par nos impots.


                • Albator (---.---.229.236) 1er décembre 2006 09:40

                  En fait, votre sentiment semble assez partagé. Les économistes l’explique par le fait que nombre de ménage ont maintenant un tas d’abonnements, qui coutent plusieurs milliers d’euros par ans, prélevé automatiquement chaques mois, faisant croire à une baisse de salaire. Mais de fait l’inflation est assez faible.

                  Bien sur, plus que l’euro, ce sont les 35 heures qui ont fait à un moment monté les prix (il n’y a pas de mystére, 35h payés 39, ca ne pouvait pas marcher longtemps).


                • Laurent GUERBY 1er décembre 2006 22:27

                  Pas mal d’abonnements sont des choix. Par exemple j’ai réduit grandement mon abonnement téléphone portable (a 14 euros/mois pour 30 minutes chez Tele2 avec telephone « offert » paye en 2 ans) car mon abonnement internet a le fixe gratuit illimité (chez Free) donc mon portable me sert uniquement en « bip ».

                  En pratique coté budget Telecom mon inflation est grandement négative sur ces quelques dernieres années, et encore plus si on prends en compte la « qualité » ce que fait l’INSEE je crois.

                  Encore une fois, les relevés permettraient de ce fabriquer utilement son inflation subie et donner des idées pour en sortir.


                • leneant 30 novembre 2006 17:33

                  Le mesure de l’inflation est une chimère...

                  Déjà qu’est-ce que l’inflation ? Quelle en est la définition ?

                  Si nous retenons la définition monétariste, nous définissons l’inflation comme une perte de valeur de la monnaie. Ce qui entraine une augmentation GENERALISEE du prix des produits et des services. Seulement comment la mesurer ?

                  Les statistique se base sur des échantillons représentatifs. Ainsi plusieurs échantillons peuvent être conçus avec différents types de produits et de services.

                  Si les échantillons évoluent tous de concert vers une augmentation équivalente de leur prix alors il y a peut y avoir une inflation. Sinon, il n’y a pas d’inflation, mais un réequillibrage des différents marchés -équilibre de l’offre et de la demande par le prix-.

                  Ainsi le contenu des échantillons est extrèmement important. Il ne faut pas qu’un produit sur un marché tendu intègre l’ensemble des échantillons car il risque de fausser les résultats.

                  Le pétrole, par exemple, n’est pas un bon élément de mesure de l’inflation car il évolue sur un marché tendu.

                  Donc l’inflation est extrèmement complexe à mesurer. Par contre les fameux échantillons dont j’ai parlé s’ils sont correctement conçus, selon des habitudes de consommations types et réalistes, alors ils peuvent montrer l’évolution du pouvoir d’achat de manière réaliste (pas juste, réaliste car nous avons tous des habitudes de consommations différentes).

                  Ce que je veux dire, c’est qu’il ne faut pas confondre pouvoir d’achat et inflation.

                  En période d’inflation, si les salaires suivent, le pouvoir d’achat peut ne pas varier. Si les salaires ne suivent pas, tous les départements, tous les consommateurs (quelque soit leur situation et quelque soient les produits et services qu’ils consomment) verront leur pouvoir d’achat diminuer de la même manière du fait de la perte de la valeur d’échange de la monnaie. Bien sur des différences ponctuelles apparaitront du fait de l’équilabrage de l’offre et de la demande sur les marchés.

                  Donc je ne sais pas si l’inflation est faible, mais je sais que mon pouvoir d’achat diminue.


                  • Laurent GUERBY (---.---.162.148) 30 novembre 2006 22:29

                    C’est pour cela qu’il faut parler deS inflationS et publier les relevés détaillés pour que chacun juge et adapte éventuellement sa consommation.


                  • leneant 1er décembre 2006 09:03

                    Bonjour,

                    C’est surtout pour çà, qu’à mon sens il ne s’agit pas d’inflation, mais d’augmentation des coûts de budgets.

                    Un exemple, à titre personnel, dans mon budget, le poste essence varie d’un mois à l’autre. Le budget remboursement des emprunts reste fixe, le budget approvisionnement reste fixe (même si des produits augmentent, d’autres stagnent ou diminuent du fait de prommotions ou de baisse de prix -les télé par exemple-), le budget électricité augmente, le budget impôts diminu (sur l’année), le budget taxe locale augmente fortement, le budget téléphone, internet etc ne bougent pas...

                    Donc il n’y a pas inflation, mais diminution du pouvoir d’achat du fait essentiellement de l’augmentation du prix de l’essence et des taxes locales. Mais ce n’est pas pour çà, que j’ai constaté une inflation.

                    Par contre, un pari qu’il est presque certain de gagner, c’est de dire qu’avec l’augmentation du prix du pétrole il risque bien d’y avoir une inflation. Pourquoi, la quasie totalité de nos productions se base sur la consommation du pétrole. Le transport des marchandises, des produits intermédiares et des produits finis sont dépendant de cette énergie. Donc les coûts de productions et de transports vont augmenter. Les marges des sociétés vont diminuer à moins qu’elles ne répercutent ces coûts dans leur prix. Ainsi une augmentation généralisée des prix est à prévoir. Ce qui, du point de vue monétaire, constitue une perte de la valeur d’échange de la monnaie. Sauf qu’avec l’Euro fort et comme les règlements sont libellés en dollars, le coût d’importation du pétrole va diminuer et peut être compenser l’augmentation de son prix. Sauf si les producteurs de pétrole sont tentés d’abandonner le dollar comme devise d’échange au profit de l’Euro. Là on est mal et tout le monde est mal surtout ceux qui ont indexé leur devise sur le dollar. Mais c’est un autre sujet.


                  • Laurent GUERBY 1er décembre 2006 22:30

                    Les phénomènes mentionnés sont normalement pris en compte dans l’indice actuel.

                    Par contre pour le pétrole, le sentiment que j’ai perçu chez les prévisionnistes est que l’augmentation du prix du pétrole aurait plus de conséquence que ce qu’il c’est finalement passé. Au final, la part du pétrole dans l’économie est plus faible que ce que l’on pensait au moins en France et en Europe.


                  • René Job (---.---.131.172) 2 décembre 2006 00:49

                    @ Laurent,

                    Votre article est vraiment intéressant.

                    Savez-vous que Nicolas sarkozy a laissé entendre, habilement, dans l’émission « A vous de juger » (jeudi soir/France 2) que l’indice était faux. En réalité l’inflation est supérieure à ce qui est dit. Le ressenti en la matière n’est pas que « subjectif ».

                    D’un autre côté, en terme d’outil de politique économique, cette manoeuvre est intéressante en soi car elle permet de modérer les hausses salariales globalement. On minore les charges salariales des entreprises en espérant un gain de compétitivité, même minime. Le défaut étant que le pouvoir d’achat s’affaiblit. Par conséquent la demande domestique avec. Mais dans une économie dont les seules industries encore existantes sont pour l’essentiel tournées vers la production de consommations intermédiaires et de produits finis high tech destinés à l’exportation : le pouvoir d’achat dans cette perspective est une donnée « secondaire ». L’emploi aussi.

                    En bricolant les instruments de mesures, on peut arriver à faire des choses formidables, surtout quand on ne maitrise plus sa monnaie et qu’on doit respecter un niveau de déficit. Et puis l’effet immédiat sur l’État, c’est qu’on modère la hausse des salaires des fonctionnaires et des contractuels sans recourir au périlleux blocage des salaires. Bref, une formule pratique dans les faits.


                    • René Job (---.---.131.172) 2 décembre 2006 01:02

                      Un petit complément.

                      j’ai regardé des paniers de mesure proposés par certains journaux.

                      Il est amusant de voir qu’ils mettent dedans des objets ou services issues des nouvelles technologies. Toute personne ayant quelques connaissances en économie ou commerciales sait très bien que les produits nouveaux tels que « les écrans plats », « l’internet », « les mobiles » sont d’abord très chers puis au fur et à mesure que les ventes augmentent et que les produits se démocratisent les prix s’effondrent grâce aux économies d’échelle. Et bien, regardez, vous trouverez ces postes dans les paniers. Ce qui n’est pas normal puisqu’il s’agit de produits nouveaux non encore amortis. Si on veut être juste, il vaudrait mieux choisir une télévision couleur dernier cri mais ancienne technologie. L’invraisemblable passe très bien.

                      La question des énergies : électricité, gaz et pétrole. Pour l’essentiel ces recettes vont dans l’escarcelle de l’Etat. Les hausses améliorent ses recettes et donc diminuent son déficit. Seul Fabius avait proposé une TIPP flottante (les autres n’ont pas renoncé à la manne).


                    • Laurent GUERBY 2 décembre 2006 01:09

                      Merci ces lauriers :)

                      Comme l’a dit un autre commentateur l’inflation en un seul chiffre est une « chimère ». C’est démagogique de dire que l’inflation est trop haute ou trop basse par rapport a « la réalité ». Mécaniquement a un chiffre d’inflation donnée, seule une petite partie de la population va subir cette infation, le reste de la population en subira en partie plus et en partie moins.

                      Il faut lancer le débat sur la mise a disposition au public des données détaillées de prix, c’est la seule manière d’avancer sur le sujet à mon avis.

                      Sur le déficit et « la dette » j’ai fait un billet sur mon blog intitulé « Les Dettes » pour essayer de faire évoluler le débat :

                      http://guerby.org/blog/index.php/2006/11/02/123-les-dettes

                      J’en ferai une version Agoravox, mais j’ai un peu peur que cela polémique beaucoup :).


                    • René Job (---.---.131.172) 2 décembre 2006 02:01

                      Je crois que la réalité : c’est la non transparence de l’information.

                      Le saucissonnage des données permet des jeux qui autrement ne seraient pas possibles.

                      Personnellement, je n’ai pas d’opinion tranchée sur la question de la dette (J’ai parcouru votre lien). Votre démarche paraît sensée. Ce qui manque en précision, il me semble, ce sont les durées d’amortissements des investissements. De toute manière le pacte de stabilité monétaire européen contraint et biaise tout débat.

                      Les données publiées sont très certainement arrangées à quelques millimètres près. Certaines choses sont comptées, d’autres non. Comme nous ne maitrisons pas la donnée monétaire, il nous est plus difficile aujourd’hui de savoir où nous en sommes. La valeur de l’Euro dépend aussi de l’état de l’économie de nos partenaires et des décisions de la BCE. J’ai tendance à penser qu’en fait, la question de l’inflation correspond à « un vide sanitaire » insondable.

                      Il faudrait ajouter les hausses immobiières qui ont aussi un impact sur le pouvoir d’achat. L’électricité : mi-aout, hausse de 1,7%. Les augmentations ont lieu mais ne sont pas comptabilisées sérieusement. Nous aurions une inflation à deux chiffres, c’est sûr.


                    • René Job (---.---.131.172) 2 décembre 2006 02:05

                      « Le mesure de l’inflation est une chimère... »

                      et non pas

                      « en un seul chiffre est une »chimère« . »

                      Par contre, vous avez très certainement raisons tous les deux.

                      La mesure est difficile et si on y arrive en étant sérieux, ça sera au-dessus des 10 points.

                      Le sujet étant trop sensible politiquement, on se contente de données « légéres ».

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