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Intégrer des handicapés à l’école oui, mais les socialiser bof !

A l’heure du ballon ovale, des contre-performances sportives des bleus dont toutes les chaînes nationales nous rapportent les malheurs, il y a une école modeste, dans un quartier à fort brassage culturel et social qui se bat pour conserver sa qualité d’enseignement et l’intégration des enfants handicapés.

Depuis l’annonce d’une fermeture de classe le 4 septembre, la quasi totalité des parents s’est mobilisée afin d’obtenir la réouverture de cette classe. Jules Simon est une école centenaire, dont la superficie des classes était alors prévue pour accueillir des effectifs d’enfants de l’ordre de 24 voire 26 enfants en se serrant ; en plus de la mixité sociale et culturelle, qui est un certes un atout, mais qui nécessite des moyens conséquents, nous avons la chance d’accueillir en ces murs une CLIS, Classe d’intégration scolaire. Depuis maintenant quatre ans, toute l’équipe pédagogique a formaté un projet d’école où l’intégration de ces enfants handicapés occupait une grande part. Jusqu’à présent, une telle politique d’intégration via un système de décloisonnement avec les classes dites classiques donnaient des résultats très encourageants ; un tel décloisonnement rendu possible par des classes à faibles effectifs. Or la suppression de classe que nous avons subie, entraîne une augmentation des effectifs, ne permettant plus ce type de décloisonnement. Une délégation de parents vient d’être reçue ce jeudi 13 après midi à l’Inspection pour la seconde fois de la semaine. Devant le secrétaire général et deux autres fonctionnaires, les délégués des parents, accompagnés de l’enseignant de la CLIS et de deux délégués syndicaux de l’enseignement, ont réitéré leurs revendications légitimes. Nous nous sommes heurtés à un mur ; on nous écoute pour la forme, mais on ne nous entend pas. On nous reproche d’être des perturbateurs, accusés d’empêcher les enfants d’apprendre normalement, accusés de faire fuir les enfants vers le privé.

Nous sommes face à un mur muni d’une calculette. C’est un NON catégorique. Nos arguments, allant au-delà d’une logique simplement comptable et prenant en compte la spécificité des enfants et des locaux, n’émeuvent en rien ces bureaucrates. Bien pire, on nous reproche de nous être habitués à une situation confortable ; car avoir des classes à visage humain est un luxe ; pourtant nous ne demandons ni caviar pour la cantine ni papier triple épaisseur pour les toilettes. On nous rappelle qu’on n’exige pas tant des enseignants vis-à-vis des enfants de la CLIS, qui sont déjà intégrés dans les murs de l’école ; tisser des liens sociaux avec les autres enfants, travailler en groupe avec les autres enfants, apprendre à vivre ensemble le plus naturellement possible, s’intégrer dans le sens le plus noble de ce mot, ne fait pas partie des objectifs de notre Inspection d’académie. A l’heure du "travailler plus, pour gagner plus", nos instituteurs veulent "travailler plus, pour éduquer plus". De plus Jules Simon devient aujourd’hui la seule école de Montpellier qui n’a pas obtenu satisfaction ; nous ressentons un profond sentiment d’inégalité. Quels sont réellement les éléments qui ont fait peser la balance pour telle école plutôt que Jules Simon ? Désormais les parents de l’école Jules Simon se posent réellement la question.

Face à cette obstination les parents unis et nombreux sont plus que jamais déterminés à se faire entendre ; chaque jour des actions sont menées : blocage de tramway, occupation des locaux de l’école, manifestation sous les murs de l’Inspection... Tous les matins, un groupe d’une quinzaine de parents se relaie à l’école et bloque le travail de la directrice durant une heure. On nous menace de relever les noms des parents mobilisés afin de porter plainte. Voici le message lancé à des citoyens engagés par une bureaucratie calculatrice : vous avez le droit d’accompagner les sorties de classe pour pallier au manque de personnel, vous avez le droit d’animer des ateliers et des forums pédagogiques au sein de l’école pour pallier au manque d’animateurs, vous avez le droit de vous constituer en association de parents d’élèves et de pourvoir à l’achat de matériel supplémentaire par manque de moyens ; mais vous avez surtout le devoir de vous taire et de ne pas revendiquer pour une école républicaine sociale, intégratrice et de qualité.

Voici la réponse adressée à cette bureaucratie par des parents d’élèves engagés pour une école digne de notre pays : nous avons le droit de montrer du doigt les déficits de moyens alloués à l’école, nous avons le droit de mener des actions en vue d’alerter l’opinion publique, nous avons le droit de dénoncer une politique sans cesse restrictive vis-à-vis de l’éducation de nos enfants ; vous avez le devoir de nous entendre et de mettre en œuvre tout ce qui permettrait un accès légitime à la connaissance.


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2 réactions à cet article    


  • socribe 20 septembre 2007 09:45

    Je trouve ça incompréhensible, cette réduction des postes dans l’enseignement. D’abord parce qu’un enseignement humain ne peut être aussi systématisé pour être vraiment efficace, que pour les enseignants ce doit être de plus en plus difficile de maintenir un semblant de respect dans des classes surchargées, avec des enfants de plus en plus excitables par les diverses stimulations auxquels ils sont soumis et des contextes familiaux delicats. La différence est un enrichissement pour chacun, elle nous permet d’avoir accès à une conception du monde différente, et évite ainsi l’enfermement dans un système de pensée qui mène tout droit à l’entropie de ce même système. Seulement, pour que la communication entre des personnes différentes soit possible, qu’on dépasse les à priori et les peurs, il faut du temps, de la patience et des médiateurs, qui en l’occurence à l’école, sont des adultes. Et c’est d’eux, à mon sens, dont les enfants ont besoin avant tout. En supprimant des postes, en fermant des classes, ce système fait peser une responsabilité excessive sur les enseignants, niant les mutations du monde et l’impact qu’elles ont sur les enfants, et revendique que ceux-ci se prennent en charge beaucoup trop prématurément.


    • Gil 20 septembre 2007 10:53

      Votre exemple est finalement assez typique des limites du système : l’éducation nationale est prise dans une double injonction : intégrer les élèves porteurs d’un handicap (ce qui nécéssite souplesse, décloisonnement, disponibilité des personnels) d’une part, et réduction drastique du coût de la scolarisation en général, l’état étant hyper surrendetté d’autre part.

      Le décloisonnement est évidemment une nécessité si l’on veut que le mot « intégration » ait un sens. En effet, si la CLIS n’est qu’une « classe à coté des classes », elle n’a d’intégrative que le nom, et l’on reproduit ici un système discriminant au sein même de l’école.

      La véritable intégration, c’est quand le jeune porteur de handicap se retrouve au milieu des autres jeunes dans la même classe, et non pas avec d’autres enfants handicapés dans une classe séparée. sinon, on ne fait que nourrir une « illusion intégrative » de par l’unité de lieu, mais parler effectivement d’intégration est un abus de langage, voire une tromperie.

      Le problème réel est donc de savoir si l’état a aujourd’hui les moyens financiers de sa politique de scolarisation des enfants porteurs de handicap...

      Je rappellerai aussi la diversité du champ des handicaps : physiques ou moteurs, sensoriels, psychiques, mentaux, et sociaux, et parfois même combinés (polyhandicaps). La diversité de ces formes nécessitant, on s’en doute, une diversité dans les adaptations de la scolarisation.

      Enfin, à l’heure où l’on ne jure plus que par l’intégration scolaire « en milieu ordinaire de vie », il n’est pas inutile de rappeler que les conséquences du handicap peuvent être aussi telles que l’intégration peut ne pas être la solution la plus adaptée pour le jeune. Mais là, c’est encore un autre débat dont les tenants et aboutissants économiques ne sont pas absents non plus...

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cherifa


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