L’assemblée Nationale « s’attaque » aux territoires…
Quel beau titre relevé dans la presse, et qui ne correspond à rien puisque précisément les élus et les partis politiques ne veulent rien changer, pour ne pas perdre leur joujou.
Un projet calamiteux depuis le début
Rappelez-vous, le PS à peine arrivé au pouvoir s’est empressé de tirer un trait sur la réforme du précédent gouvernement : exit le conseiller départemental (qui ne cassait pas non plus 4 pattes à un canard !) et rétablissement de la clause générale de compétences des départements et des régions pour ensuite reproposer sa suppression (comprenne qui pourra).
Un projet calamiteux mené tambour battant par la Ministre Le Branchu, spécialiste de l’avalage de couleuvres et son secrétaire d’Etat Vallini qui nous a promis 10 Milliards d’économies induits par cette réforme : on attend avec impatience !
Rappelez-vous : la fin des conseils généraux nous était promise, l’intercommunalité rationalisée, les compétences redistribuées, la Région et les Métropoles comme fers de lance de la nouvelle organisation territoriales…
Où en sommes-nous ?
On ne sait plus où on habite : après un redécoupage incompréhensible des Régions, l’émergence d’une douzaine de Métropoles, l’intervention des radicaux de gauche pour conserver les conseils généraux pour des considérations uniquement électorales, voici que l’Assemblée Nationale s’apprête à perdre son temps autour d’un projet de loi devenu inutile, plutôt que de s’occuper de la situation économique du pays.
La seule chose qui restait dans ce projet était la rationalisation des compétences au travers du transfert aux régions de compétences départementales actuelles : collèges, voiries, transports scolaires et interurbains. Cela pouvait avoir du sens, mais c’était encore trop pour les élus départementaux qui auraient été privés d’inaugurations de ronds-points et de collèges et auraient été cantonnés à la compétence sociale qui ne les passionne pas.
Donc, on s’achemine vers la conservation par les conseils généraux des compétences collèges et voirie, au détriment de la cohérence, de la maîtrise des dépenses locales et donc de vos impôts.
Ce n’est pas grave, puisque le joujou des élus restera quasi intact et qu’ils pourront continuer à faire carrière dans la politique locale dans des collectivités devenues inutiles, à cumuler les mandats locaux (voire nationaux) et les partis politiques conserveront leurs incubateurs à élus.
Bref, nous sommes en présence d’une caste politique qui vote elle-même les lois qui la préserve.
Cerise sur le gâteau…
Au moment où vous êtes conviés à voter pour le renouvellement des conseils départementaux, vous ne savez toujours pas quelles seront les compétences qui seront dévolues à cette docte assemblée de rentiers de la politique. En effet, le projet de loi auquel « s’attaque » aujourd’hui l’Assemblée Nationale ne sera pas voté avant les élections, si bien que vous êtes priés d’aller voter les yeux fermés (et surtout ne pas venir dire après qu’on vous a roulé dans la farine).
Selon un des « penseurs » de l’Ump, B. Hortefeux, « pour la première fois dans l’histoire de la république, les électeurs français vont participer à un scrutin pour une collectivité dont nous ne connaîtrons les compétences (provisoires, en attendant la seconde lecture du projet au Sénat et le vote définitif) que 11 jours avant le vote ».
Il n’a pas tort, sur le fond, mais rien ne vous oblige à participer à cette mascarade, à ce déni de démocratie, en n’allant pas voter, comme je m’apprête à le faire, à moins que pour vous le vote se résume à un choix politique avant même de savoir pourquoi on élit un conseiller départemental et à quoi il sert.
Les nostalgiques des anciens cantons, dont le nombre a été divisé par deux pour de simples considérations électoralistes et un pseudo argument de parité homme/femme et qui iront voter dans les conditions énoncées ci-dessus devront se torturer l’esprit pout trouver encore une raison d’aller voter.
Voilà !
Nos chers (très chers élus) viennent d’inventer le scrutin qui ne sert à rien, sauf à conserver des mandats, à continuer leur petit train-train, à figurer dans la presse locale en train de remettre une médaille ou embrasser la centenaire.
Ils sont tellement convaincus que rien ne sortira du texte qu’ils s’apprêtent à voter en matière d’intercommunalité et de diminution du nombre de communes qu’ils viennent de voter une loi sur les « communes nouvelles » destinée à favoriser les fusions de communes. Mais, comme le rappelle le rapporteur du projet de loi, malgré les tentatives pour réaliser les fusions à grande échelle, le nombre de communes n’a diminué que de 5% en soixante ans : bel aveu d’impuissance (et de connivence entre élus) !
D’ailleurs, pour ceux qui ne seraient pas encore convaincus des forces conservatrices en présence, les Maires ruraux, représentés par leurs lobbies, brandissent le spectre apocalyptique de « l’anéantissement des échelons de proximité » et dénoncent « l’acharnement injustifié à l’endroit des communes rurales » alors même que rien dans les projets de lois actuels ne vient confirmer ces envolées guerrières uniquement justifiées par la crainte de perdre leurs écharpes.
Tout est en place pour que rien ne bouge…
…et qu’au final, cela coûte plus cher au contribuable local. Il suffit pour se convaincre que rien ne bougera de regarder la répartition de la réserve parlementaire : l’arrosage continue entre les petits projets des communes qui n’ont pas les moyens des promesses électorales de leurs élus et le saupoudrage auprès des associations locales, meilleure assurance de la réélection de nos parlementaires.
Nos parlementaires, à défaut d’être efficaces sur la baisse de la courbe du chômage ou sur l’environnement, inventent et réinventent chaque jour les débats à la con destinés uniquement à préserver leur statut et leurs privilèges.
Et ils voudraient que l’on continue à voter !
Pour moi, c’est non aux prochaines élections départementales.
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