L’importance des premières années de retraite
Les premières années de retraite sont aussi déterminantes pour un retraité que les années d’adolescence pour un homme (ou une femme bien entendu). Mal orientées, mal ordonnées, mal acceptées, elles peuvent devenir le poison du temps de vie en situation de retraite, et qui plus est, en diminuer la durée.
J’ai mené mes travaux sur la place et le rôle possibles du retraité dans la société, en ôtant (en essayant d’ôter) les aspects financiers.
Je veux dire que le côté « intérêt au sens de projet de vie » me semble essentiel.
Cependant, pour éviter que l’on m’en fasse reproche, et pour demeurer dans mon éthique de vie, je déclare tout de suite que les riches, comme ceux qui savent tout, ne m’intéressent pas. Entendons que je suppose qu’ils n’ont aucune envie, aucun besoin d’entrer dans une recherche « d’occupation de leur temps de vie ». Du moins, là aussi, je le croyais, car maintenant j’ai des exemples contraires. Bien évidemment, aussi, trop « enfermés » dans leurs certitudes, ils n’ont pas besoin de mes réflexions... Jusqu’au jour où...
J’ai construit mes recherches sur ceux qui quittent leur vie de travail, fatigués, déprimés, désabusés d’avoir été mis au placard les dix dernières années ; ceux qui ont été jetés à 55 ans ; ceux qui ont galéré toute ou partie de leur vie afin de pouvoir vivre dignement et qui, souvent, avec la meilleure volonté, n’y sont pas parvenus ; ceux que la maladie ou l’accident ont condamnés à une vie différente...
La concrétisation de mes réflexions est un lieu, Le préau : Comptoir d’ExpressionS, à Saint Gildas des Bois, au nord-ouest du département de Loire-Atlantique. Là, je crois l’environnement, l’espace disponible (c’est matériel- mais ce n’est pas sans importance), pour la convivialité, l’ouverture à tous, favorable à l’ouverture, à la motivation, à l’intérêt, à l’envie... à la curiosité de chacun envers la confiance, l’échange en réciprocité.
C’est un lieu où l’on doit comprendre, ensemble, que nous sommes riches de temps, d’expériences de vie, plus ou moins bonnes. Un temps où nous n’avons plus rien à prouver à personne qu’à nous-mêmes. Où nous n’avons plus de compte à rendre à un employeur... Et même si nos revenus sont minimaux, et justement parce qu’ils le sont de plus en plus, il devient indispensable d’apprendre à compenser les manques, par la qualité de la vie que l’on décide de mener, par exemple.
J’ai conscience du nombre toujours plus grand de ceux qui manquent du minimum pour vivre décemment. Plus tard, s’il m’est permis, je vous proposerai d’échanger sur la manière dont nous pourrions, ensemble, sans doute, améliorer ces situations indignes d’un XXIe siècle.
Car, plus j’avance dans mes recherches, plus je me rends compte de combien il est difficile à certains, lorsqu’ils « arrivent » à cette situation de retraite, d’envisager réellement les 20, 30 ans et plus qui se présentent à eux. Peu ont conscience que c’est le quart ou le tiers de leur vie ; c’est plus long que le temps qui vient de s’écouler au travail obligatoire, pour certains.
Là aussi je fais le rapprochement avec l’adolescent de 18 ans qui pense avoir le temps. Je viens d’être l’heureux arrière-grand-père ... sans vraiment m’être rendu compte qu’un demi-siècle est passé depuis mes 18 ans.
Je crois, en revenant sur mon texte précédent, que c’est le fait de ne pas avoir d’histoire de cette société ainsi faite aujourd’hui.
C’est en se sens que m’est apparue la nécessite de consacrer un temps, tout pareil (normalement et toute proportion gardée) à celui qui nous a permis de fonder un foyer, d’envisager une formation pour une carrière professionnelle, d’entreprendre un projet de vie dans et avec la société.
Un temps où l’on apprend à gérer son temps, c’est essentiel. J’ai, aujourd’hui, tendance à dire que c’est souvent la même difficulté que celle éprouvée par les enfants qui quittent l’école primaire pour le collège ou le lycée.
Ensuite, un temps où l’on prend conscience d’une possibilité de vivre en tenant compte de ses revenus. C’est, là aussi, comparable, toute proportion gardée, au premier argent de poche, qui ne nécessite pas, plus pour le jeune retraité, un travail encore obligé.
Enfin un temps, et celui-là n’est pas le plus simple, où il est nécessaire, essentiel, de « revisiter » ses savoirs, ses connaissances, ses certitudes, ses contradictions, ses envies vraies. Un temps où doivent être pensés les bouleversements environnementaux des 20 ou 30 prochaines années.
Je lis, et je me permets de vous le conseiller, La révolte du pron@tariat, des mass média aux média des masses, Joël de Rosnay, Transversales Fayard. Il en est d’autres, bien entendu. Celui-là est un petit dernier-né.
Vous ne pourrez plus, je crois, penser que « à chaque jour suffit sa peine, demain il fera encore jour », je pense que ce ne sera sans doute plus le même jour (jour lumière).
Et c’est là qu’il me semble que nous avons le devoir de penser afin de mieux comprendre, d’apprendre à maîtriser... au moins afin de ne pas « transmettre » à nos petits-enfants une vie trop insupportable.
Ce qui serait une grave faute de notre conscience de citoyen.
J’ai rencontré - grossièrement - trois grands caractères de personnes entrant en retraite : celles qui savent ; celles qui ne veulent pas savoir ; celles qui disent ne pas savoir, n’osent plus, rejettent l’idée que « l’apprentissage c’est possible tout au long de la vie ».
Ce sont des états d’esprit dangereux.
Si hier, c’était un temps lointain, aujourd’hui, c’est presque la fin de la journée.
Le temps perdu en laisser-aller risque de coûter à tous.
J’ai constaté de nombreux cas où les plus heureux de « partir » en retraite, parce qu’ils avaient plein de projets, se retrouvaient à 70 ans déjà vieux (manquaient d’envie de vivre, commençaient à se renfermer dans des habitudes ... ) En les questionnant un peu, on se rend rapidement compte que leurs projets s’étaient limités à la remise en état de la maison, quelques voyages, l’apprentissage d’une langue, les amis, mais ne se situaient pas dans un projet de vie construit sur la durée, prenant en compte les possibles, les changements d’environnement. Ils ont fermé leur vie sur la vie qu’ils venaient de vivre, pas sur celle à vivre dans une autre étape de vie où les données sont bien différentes.
Sur ce point, ce qui m’a le plus « chagriné », c’est le nombre de séparations dans des couples qui n’ont pas « pensé » vivre ensemble.
Et nous savons tous que le bien-être dans sa tête, dans son corps, est essentiel pour prolonger la vie d’une façon la moins perturbée possible.
Ce n’est pas inné. Cela demande un travail. C’est une responsabilité face à sa famille, face à la société.
Merci de votre attention, de votre gentillesse à m’aider dans mes réflexions... pour un monde meilleur... demain.
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